Une gauche divisée après l’annonce de la suspension de la réforme des retraites. Lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, mardi, le Premier ministre Sébastien Lecornu a accédé à cette revendication du Parti socialiste, mettant en pause la loi Borne jusqu’à la prochaine élection présidentielle de 2027. En réaction à cette prise de parole, Boris Vallaud, à la tête des députés PS, a confirmé que ses troupes allaient faire le « pari risqué » du débat parlementaire.
« Dans le rapport de force pour exiger d’être nommé, ça a pesé »
À l’inverse, les autres groupes de gauche – les écologistes, les communistes et les insoumis – se sont positionnés en faveur d’une chute du gouvernement. La secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, explique que la position des socialistes, ouverts sous conditions, aux discussions au Parlement, a contribué à ce que la gauche n’accède pas à Matignon. « Je pense qu’ils étaient tellement prêts à faire ça – et tout le monde le savait tellement – que ça a empêché notre nomination. C’est ça la vérité », estime la responsable, invitée de la matinale de Public Sénat ce jeudi 16 octobre. « Dans le rapport de force pour exiger d’être nommé, ça a pesé. »
Pour elle, la suspension de la réforme des retraites ou l’abandon du recours à l’article 49-3 ne sont pas des concessions suffisantes pour éviter une chute du gouvernement. « Moi, je ne suis pas contente », ajoute Marine Tondelier. « Parce que quand les Français vont voir tout ce qui les attend dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ça va faire extrêmement mal. Et les premières victimes de ce PLFSS, ce seront les plus précaires. »
Les tensions entre le PS et LFI sont « irresponsables », lance Marine Tondelier
Face à ces divisions, l’union de la gauche peut-elle encore avoir un avenir ? La rupture semble consommée entre le Parti socialiste et La France insoumise, un temps alliés sous la bannière du Nouveau Front populaire. Partisane de ce rassemblement transpartisan, la cheffe de file écologiste déplore leurs régulières passes d’armes. « Je suis écologiste, je ne suis pas en train d’animer un bras de fer entre le PS et LFI », assure Marine Tondelier.
La perspective des municipales, à la fin de l’hiver, devraient d’après elle pousser les deux formations à apaiser leurs tensions. « Je pense que ce qu’ils font est irresponsable, parce que ça contribue beaucoup à miner le moral de notre propre électorat, dont nous aurons besoin (…) qu’il se déplace aux prochaines élections », poursuit la responsable écologiste. « Si on leur dit toute la semaine que l’un est nul, que l’autre est horrible et qu’on réserve nos mots les plus durs à nos partenaires de gauche, alors on participe au problème de notre non-accession au pouvoir. »