La proposition d’accueil de l’Aquarius en Corse, un « geste humanitaire » selon les nationalistes
Certains y ont vu un "coup politique" mais pour les dirigeants nationalistes corses, leur récente proposition d'accueillir l...

La proposition d’accueil de l’Aquarius en Corse, un « geste humanitaire » selon les nationalistes

Certains y ont vu un "coup politique" mais pour les dirigeants nationalistes corses, leur récente proposition d'accueillir l...
Public Sénat

Par Maureen COFFLARD

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Certains y ont vu un "coup politique" mais pour les dirigeants nationalistes corses, leur récente proposition d'accueillir l'Aquarius chargé de migrants dans un port corse est "un geste humanitaire" illustrant une "position morale et politique", même s'ils n'en ont pas les prérogatives.

Les élus nationalistes de l'île n'ont pas compétence pour faire cette proposition, a aussitôt rappelé la préfète de Corse Josiane Chevalier. "C'est une décision qui appartient à l'Etat français", a-t-elle affirmé alors qu'Emmanuel Macron a été critiqué pour ne pas avoir fait un geste en direction de l'Aquarius.

Pour Jean-Martin Mondoloni, chef de file de la droite à l'Assemblée de Corse, l'offre nationaliste est un "coup politique" parce que "la Corse ne dispose ni des moyens ni des prérogatives pour accueillir sur son sol des centaines de migrants".

Une critique qualifiée de "grotesque" et d'"indécente" par Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse. "Moi, en mon âme et conscience, en tant qu'élu et en tant qu'être humain, je pensais ne pas avoir le droit de rester silencieux alors que pas très loin des rivages de la Corse, il pouvait y avoir un drame donc j'ai pris mes responsabilités", s'est défendu jeudi M. Talamoni.

"C'est un geste humanitaire", "le BA-ba", a fait valoir auprès de l'AFP Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, en expliquant que la proposition corse d'accueil tenait toujours.

L'Aquarius a changé de cap jeudi matin en raison de l'état de la mer et a longé la côte Est de la Sardaigne avant d'emprunter les gorges de Bonifacio pour rejoindre l'Espagne où il est attendu dimanche. Avec 630 exilés à son bord, il s'est vu refuser lundi l'accès aux ports italiens et maltais. Lundi après-midi, l'Espagne a proposé de l'accueillir à Valence puis lundi soir M. Talamoni et mardi matin Gilles Simeoni ont proposé, "face à l'urgence" et du fait de l'éloignement du port espagnol, de le recevoir dans un port corse.

- Quatre demandes d'asile depuis 2011 -

Saluée par la Ligue Internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), France Terre d'asile et nombre d'internautes et de politiques, l'offre des Corses a été écartée par le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne qui a assuré mardi que la Corse n'était "pas le port le plus sûr et le plus proche" du bateau.

"Quand on accueille des migrants, il y a un certain nombre d'obligations qui sont prévues (..) c'est-à-dire qu'on les amène dans un lieu, on s'en occupe, on n'accueille pas temporairement, on accueille et on héberge et on instruit les dossiers notamment la demande d'asile", une procédure qui peut prendre de 9 à 18 mois, a aussi argumenté la préfète de Corse.

La Corse est la seule région métropolitaine qui ne dispose pas de Centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) et n'a pas non plus de Centre d'accueil et d'orientation pour les migrants (CAO) du fait de "la situation totalement atypique" de l'île où il n'y a eu que "quatre demandes d'asile depuis 2011", a précisé à l'AFP la préfecture de Corse.

"Ce n'est pas parce qu'on n'a pas les moyens de les accueillir ici qu'on doit les laisser en pleine mer", a estimé Gilles Simeoni. Pour Sophie Rahal, porte-parole de SOS Méditerranée, l'ONG qui a affrété l'Aquarius, il y avait dans le geste des Corses "simplement une méconnaissance de la lourdeur logistique qu'il y a derrière une telle annonce", a-t-elle dit à France Culture.

Face à l'hypothèse de l'arrivée impromptue d'un bateau de migrants sur une plage de l'île, la préfecture de Corse assure disposer, "comme toutes les préfectures qui ont un littoral en Méditerranée", d'un plan de gestion de crise.

Le seul cas d'arrivée de migrants sur les côtes corses remonte à janvier 2010 à Bonifacio: 124 réfugiés affirmant pour la plupart être des Kurdes de Syrie avaient été débarqués d'un bateau par des passeurs. Ils avaient ensuite été transférés dans des centres de rétention sur le continent.

Dans la même thématique

La proposition d’accueil de l’Aquarius en Corse, un « geste humanitaire » selon les nationalistes
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

La proposition d’accueil de l’Aquarius en Corse, un « geste humanitaire » selon les nationalistes
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

La proposition d’accueil de l’Aquarius en Corse, un « geste humanitaire » selon les nationalistes
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le