Le député et porte-parole du Rassemblement national Sébastien Chenu a exprimé mercredi "l'hostilité" de son parti à la proposition de loi contre la haine sur internet qui, selon lui, "transfère des capacités de justice" à des plateformes privées et menace la liberté d'expression.
"Nous avons une position d'hostilité", a déclaré lors d'un point presse l'élu du Nord pour qui ce texte, qui doit être examiné par les députés mercredi et jeudi, "porte en germe une certaine dangerosité pour les libertés publiques, les libertés d'expression".
"On transfère à une sorte de justice privée la capacité de décider ce qui est en dehors des clous, ce qui doit être poursuivi, effacé et (cela) pose un vrai problème de fond", a-t-il ajouté.
"Un certain nombre d'opérateurs privés, pour éviter des sanctions financières prévues dans les textes, pourraient vouloir censurer, (ou) en tous les cas faire preuve de zèle, en ce qui concerne les libertés d'expression. Et ils pourraient instrumentaliser ou se faire instrumentaliser par des groupes d'influence, des lobbies", a prévenu le député.
"Tout est évalué comme une incitation à la haine" alors que "des prises de position, des remises en doute de discours publics etc... ça fait aussi partie de la tradition du débat", selon M. Chenu.
Le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O a reconnu lundi dans une interview au journal 20 Minutes qu'"il y a beaucoup de contenus très problématiques" à juger par les plateformes, citant des images du groupe Etat islamique tweetées par Marine Le Pen.
Le représentant du RN a en outre assuré que la proposition de loi était "complètement inefficace puisqu'elle est contredite" par une directive européenne sur les médias de l'audiovisuel.
Responsabiliser les plateformes internet, sans pour autant qu'elles s'érigent en juges et censurent à tour de bras: l'Assemblée nationale s'empare d'une proposition de loi LREM sensible qui durcit la lutte contre la haine sur internet.
Mesure phare de ce texte de la députée Laetitia Avia, sur le modèle d'une loi allemande de 2018: plateformes et moteurs de recherche auront l'obligation de retirer les contenus "manifestement" illicites sous 24 heures, sous peine d'être condamnés à des amendes jusqu'à 1,25 million d'euros.