Il y a des chiffres qui inquiètent. 30 % des Européens s’estiment précaires selon un récent sondage Ipsos pour la Fondation Abbé Pierre. 10 % d’entre eux sont obligés de faire appel à des associations d’aide alimentaire pour se nourrir.
Face à cette urgence, la politique sociale de l’Union européenne interroge alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen n’a pas évoqué le sujet de la pauvreté dans son discours de rentrée sur l’état de l’Union en septembre au Parlement européen à Strasbourg. Interrogé sur le plateau de l’émission Ici l’Europe (France 24/Public Sénat), l’eurodéputé français Emmanuel Maurel, membre du groupe de La Gauche, le regrette mais n’est pas étonné : « La pauvreté, ce n’est pas le sujet d’Ursula von der Leyen. Ce qui compte pour les dirigeants européens, c’est la concurrence, la libre circulation des marchandises et des personnes. »
Politique sociale européenne : Faut-il changer les traités ?
Pour l’eurodéputé roumain (Renew) Alin Mituta, l’Union européenne doit faire plus en matière de lutte contre la pauvreté mais n’en a pas forcément les moyens. « Les traités ne donnent pas cette compétence à l’Europe, c’est davantage une compétence nationale. Nous adoptons des recommandations sur certains sujets mais sans moyens pour les mettre en œuvre. Il faudrait changer les traités. »
Son homologue français veut aller plus loin. « C’est une question politique et il faut changer de politique économique. Cela veut dire rompre avec l’austérité budgétaire. La politique monétaire européenne, avec la hausse des intérêts, a également des conséquences concrètes sur la pauvreté. » La discussion budgétaire de l’automne au Parlement européen s’annonce, selon lui, cruciale alors que certains eurodéputés, de gauche comme de droite, demandent une hausse de l’aide européenne aux banques alimentaires.
Précarité énergétique : l’hiver de tous les dangers ?
Dans le domaine de l’énergie, la hausse des prix suscite des inquiétudes en Europe concernant l’hiver prochain alors que plusieurs pays membres estiment ne plus avoir les moyens d’aider leurs concitoyens à faire face à leur facture énergétique. Pour Emmanuel Maurel, il faut réformer en urgence le marché européen de l’électricité. « Ce marché est absurde. Le prix de l’électricité est calculé sur celui du gaz. Le prix du gaz explose donc de nombreux concitoyens se retrouvent en difficulté. Si la France sortait de ce marché, nous pourrions payer notre électricité 50 % moins cher. » Le prix de l’électricité en Europe fait l’objet d’âpres négociations entre la France et l’Allemagne et sera sans doute l’un des thèmes de la campagne des élections européennes.