“La réalité de l’Union européenne, ce n’est pas l’Europe sociale” regrette l’eurodéputé Emmanuel Maurel

Alors que l’inflation continue de frapper les pays européens, la question de la pauvreté en Europe est d’autant plus urgente. La politique sociale des dirigeants de l’Union européenne semble insuffisante selon certains eurodéputés.
Alexandre Poussart

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Il y a des chiffres qui inquiètent. 30 % des Européens s’estiment précaires selon un récent sondage Ipsos pour la Fondation Abbé Pierre. 10 % d’entre eux sont obligés de faire appel à des associations d’aide alimentaire pour se nourrir.

Face à cette urgence, la politique sociale de l’Union européenne interroge alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen n’a pas évoqué le sujet de la pauvreté dans son discours de rentrée sur l’état de l’Union en septembre au Parlement européen à Strasbourg. Interrogé sur le plateau de l’émission Ici l’Europe (France 24/Public Sénat), l’eurodéputé français Emmanuel Maurel, membre du groupe de La Gauche, le regrette mais n’est pas étonné : « La pauvreté, ce n’est pas le sujet d’Ursula von der Leyen. Ce qui compte pour les dirigeants européens, c’est la concurrence, la libre circulation des marchandises et des personnes. »

Politique sociale européenne : Faut-il changer les traités ?

Pour l’eurodéputé roumain (Renew) Alin Mituta, l’Union européenne doit faire plus en matière de lutte contre la pauvreté mais n’en a pas forcément les moyens. « Les traités ne donnent pas cette compétence à l’Europe, c’est davantage une compétence nationale. Nous adoptons des recommandations sur certains sujets mais sans moyens pour les mettre en œuvre. Il faudrait changer les traités. »

Son homologue français veut aller plus loin. « C’est une question politique et il faut changer de politique économique. Cela veut dire rompre avec l’austérité budgétaire. La politique monétaire européenne, avec la hausse des intérêts, a également des conséquences concrètes sur la pauvreté. » La discussion budgétaire de l’automne au Parlement européen s’annonce, selon lui, cruciale alors que certains eurodéputés, de gauche comme de droite, demandent une hausse de l’aide européenne aux banques alimentaires.

Précarité énergétique : l’hiver de tous les dangers ?

Dans le domaine de l’énergie, la hausse des prix suscite des inquiétudes en Europe concernant l’hiver prochain alors que plusieurs pays membres estiment ne plus avoir les moyens d’aider leurs concitoyens à faire face à leur facture énergétique. Pour Emmanuel Maurel, il faut réformer en urgence le marché européen de l’électricité. « Ce marché est absurde. Le prix de l’électricité est calculé sur celui du gaz. Le prix du gaz explose donc de nombreux concitoyens se retrouvent en difficulté. Si la France sortait de ce marché, nous pourrions payer notre électricité 50 % moins cher. » Le prix de l’électricité en Europe fait l’objet d’âpres négociations entre la France et l’Allemagne et sera sans doute l’un des thèmes de la campagne des élections européennes.

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Européennes 2024 : Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche »

Alors que la Nupes s’est décomposée durant les dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a acté, samedi 2 décembre, la fin de la Nupes. Cet été, l’idée d’une liste commune entre les partis de la Nupes pour les élections européennes de juin 2024 avait déjà commencé à fracturer l’alliance, en particulier chez les écologistes. En juillet 2023, le parti de Marine Tondelier, habitué aux bons résultats lors des scrutins européens, désigne Marie Toussaint tête de liste pour les élections européennes.  « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense » Si les écologistes rejettent l’idée d’une liste commune à gauche, la députée européenne Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche ». Pour rappel, une liste ne peut élire des députés au Parlement européen uniquement si elle dépasse un seuil de 5 %. « Je pense que l’on a des combats essentiels à mener, c’est ce qui doit concentrer toute notre attention », juge Marie Toussaint qui estime que le combat doit être mené contre les partis nationalistes qui continuent de progresser au sein de l’Union européenne. En proposant ce pacte de non-agression, Marie Toussaint rappelle qu’elle souhaite orienter sa campagne autour de « la douceur ». Une approche qui suscite l’étonnement, ou l’incompréhension, notamment après le meeting de lancement de la campagne. Ce 2 décembre, la tête de liste écologiste avait convié un groupe de danseuses pratiquant la « booty-therapy », une danse permettant de « s’assumer ». « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense », justifie Marie Toussaint qui assume vouloir mener une campagne « sensible ». « La douceur, dans un monde meurtri par la violence politique et sociale, est un horizon de sauvegarde, c’est un objet de combativité », développe Marie Toussaint pour laquelle cette approche peut être payante.  « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes » Alors que les négociations de la COP 28 se déroulent actuellement à Dubaï avec un nombre record de lobbyistes présents. Selon Marie Toussaint, que cela soit durant les négociations internationales ou au sein des institutions européennes, les lobbys, notamment pétroliers, doivent être écartés des espaces de discussions. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes », développe Marie Toussaint alors que les groupes d’intérêts occupent une place importante dans le processus législatif européen. Outre le lobby des énergies fossiles, la tête de liste écologiste prend également pour cible la fédération des chasseurs et son président Willy Schraen qui mènera une liste aux élections européennes. Accusée par ce dernier de prôner une écologie déconnectée, Marie Toussaint a, de nouveau, proposé d’organiser un débat avec Willy Schraen afin de « vérifier qui est du côté de l’agro-industrie et qui est du côté des paysans ». Marie Toussaint fustige notamment l’hypocrisie du patron des chasseurs considérant que ce dernier défend « une vision de l’agriculture sans paysans ».

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