« Le nerf de la guerre c’est l’argent », a tout de suite souligné la sénatrice LR de l’Essonne, Laure Darcos face à la ministre de l’Enseignement supérieur, ce mercredi. Frédérique Vidal est venue devant la commission de la culture et de l'éducation pour défendre son projet de loi de programmation de la recherche.
Dans son propos liminaire, Frédérique Vidal a rappelé les difficultés criantes auxquelles est confronté le monde de la recherche : « De la baisse du nombre d’inscriptions en doctorat à la stagnation des rémunérations des personnels en passant par l’âge moyen d’entrée dans les carrières, tous les voyants sont au rouge et conduisent à un même constat, la recherche française décroche ».
« Le gouvernement pourra aussi avoir un prix Nobel pour les ciseaux budgétaires »
Un mal aussi constaté par les sénateurs qui ne partagent pas pour autant le remède proposé. « Notre collègue, Madame Charpentier, vient d’avoir le prix Nobel pour les ciseaux moléculaires mais je crois que le gouvernement pourra aussi avoir un prix Nobel pour les ciseaux budgétaires », a ainsi ironisé le sénateur PCF, Pierre Ouzoulias.
Le sénateur des Hauts-de-Seine dénonce une loi qui acte le renoncement de « la France à diminuer le décalage que nous avons avec les pays européens qui sont à un niveau nettement plus haut ». En 2000, les États européens avaient acté, à travers un plan nommé « la stratégie de Lisbonne », qu’ils devraient respectivement allouer 3 % de leur PIB au budget de la recherche. Un échec en ce qui concerne la France que le projet de loi ne saurait réparer.
Recherche : « Cela fait vingt ans qu’on renonce aux ambitions », affirme Frédérique Vidal
« Cela fait vingt ans qu’on renonce aux ambitions en ne faisant pas de loi de programmation, » s’est défendue la ministre de l’Enseignement supérieur. « J’estime que le premier mérite de cette loi est qu’elle existe et qu’elle mette 25 milliards à disposition de la recherche. J’entends qu’il aurait fallu commencer cela dès qu’on en a pris l’engagement en 2000, pour atteindre les 3 % du PIB. Et comme parfois, le mieux est l’ennemi du bien, on a bien souvent renoncé à faire quelque chose ».
Au-delà du seul volet budgétaire, les sénateurs se sont montrés sceptiques sur certaines mesures comprises dans le projet de loi comme la création de chaires de professeurs juniors, des contrats de six ans. Certains ont notamment pointé un risque de « carrière professionnelle à deux vitesses » ou se sont interrogés sur la manière dont les universités allaient pouvoir gérer ces nouveaux statuts. La ministre a, pour sa part, défendu des postes dont elle assure qu’ils sont déjà courtisés. « Le besoin est là », affirme-t-elle.
Adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, le projet de loi doit prochainement être examiné au Sénat. Les débats se poursuivront donc dans l’hémicycle cette fois.