La réforme de l’ISF votée et retouchée à l’Assemblée en commission
Mesure la plus controversée du budget 2018, la transformation de l'ISF en impôt sur le seul patrimoine immobilier a été votée...

La réforme de l’ISF votée et retouchée à l’Assemblée en commission

Mesure la plus controversée du budget 2018, la transformation de l'ISF en impôt sur le seul patrimoine immobilier a été votée...
Public Sénat

Par Fabrice RANDOUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mesure la plus controversée du budget 2018, la transformation de l'ISF en impôt sur le seul patrimoine immobilier a été votée jeudi en commission à l'Assemblée, avec des retouches sur les biens ostentatoires, malgré de vives oppositions à gauche et réserves à droite.

L'impôt de solidarité sur la fortune, que paient aujourd'hui 351.000 foyers au patrimoine supérieur à 1,3 million d'euros, sera remplacé par un "impôt sur la fortune immobilière" (IFI). Les valeurs mobilières et les placements (actions, assurance-vie...) seront ainsi exemptés de cet impôt.

Cette réforme, qui devra être revotée dans l'hémicycle la semaine prochaine avec de nouvelles joutes en perspective, devrait entraîner un manque à gagner de près de 3,2 milliards d'euros pour l’État. En 2016, l'ISF a rapporté près de 5 milliards.

Objectif affiché par l'exécutif et la majorité: "orienter l'épargne des gros patrimoines vers le financement des entreprises", comme l'a plaidé le rapporteur général Joël Giraud (LREM, issu du PRG).

Mais la gauche dénonce "un cadeau aux plus grosses fortunes de France", comme l'a fait le communiste Fabien Roussel dans la foulée de l'adoption mercredi de la "flat tax" de 30% sur l'imposition des revenus du capital. "Vous oubliez qu'il y avait le mot solidarité dans ISF", a lancé ce député du Nord.

Or, "plus le patrimoine d’une personne augmente, plus sa composante financière s’accroît", a rappelé la socialiste Valérie Rabault, ex-rapporteure générale du Budget. Pour l'Insoumis Eric Coquerel, cette mesure va "encore accroître l'écart de richesse entre les plus riches et les plus pauvres".

A l'inverse, des députés du MoDem, deuxième groupe de la majorité, et de droite ont appelé le gouvernement à "aller jusqu'au bout", exhortant à supprimer totalement l'ISF et s'inquiétant de l'impôt sur la fortune immobilière.

"L'IFI, c'est affaiblir structurellement l'immobilier, alors que nous sommes en face d'un problème sur le logement. Le risque est grand d'une attaque simultanée sur les bailleurs sociaux et privés", selon Jean-Louis Bourlanges (MoDem).

Pour le Constructif UDI Charles de Courson, ce sont "les petits riches" qui paieront l'IFI, le LR Nicolas Faurissier affirmant que ce sont même "les classes moyennes".

"Il restera un abattement de 30% sur la valeur de la résidence principale", a répondu M. Giraud.

- "Mauvaise conscience" -

Sans éteindre la polémique, les députés LREM ont fait voter la création, dans les deux ans, d'une mission de suivi de la réforme pour évaluer "les effets de la mesure en terme d’investissement dans les entreprises et de répartition des richesses".

Surtout, la majorité a fait voter, comme annoncé, des taxes sur "les signes ostentatoires de richesse" ayant alimenté les critiques.

Les députés ont donc taxé, de 30.000 à 200.000 euros par an, les résidents français propriétaires de bateaux de plaisance de plus de 30 mètres. Ils ont fait passer de 10 à 11% la taxe sur la cession des métaux précieux (or,...). Et ils ont créé une taxe additionnelle, plafonnée à 8.000 euros, pour les voitures de sport, à partir de 36 chevaux fiscaux.

"L'objectif est de s'assurer que la création de l'IFI n'aboutisse pas à des effets d'aubaine sur des biens non productifs", a défendu la chef de file des LREM de la commission des Finances, Amélie de Montchalin.

"Pour une Lamborghini Gallardo, cela représente 2.500 euros sur un prix d'achat de 210.000 euros", a illustré Joël Giraud.

Charles de Courson a ironisé sur "le bricolage" d'amendements devant rapporter au total moins de 50 millions d'euros. Pour prouver "l'absurdité" du débat, il a défendu une liste d'amendements pour intégrer dans l'IFI des signes extérieurs de richesse comme "les clubs de golf", "droits de chasse", "avions de tourisme", "chevaux de course", etc....

"C'est de la sur-taxation. On peut aussi supprimer la Lamborghini Gallardo! Il y a un côté mauvaise conscience dans cette affaire", a renchéri Eric Woerth (LR), président de la commission des Finances et ex-ministre du Budget sous Nicolas Sarkozy.

Partager cet article

Dans la même thématique

La réforme de l’ISF votée et retouchée à l’Assemblée en commission
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

La réforme de l’ISF votée et retouchée à l’Assemblée en commission
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le