Grand oral des trois candidats à la présidence de LR, Christian Jacob, Guillaume Larrivé et Julien Aubert, à l’université d’été des LR à La Baule. Bruno Retailleau et Gérard Larcher ont aussi présenté leurs ambitions pour reconstruire la droite, par les idées et les territoires.
On a connu meilleure rentrée à droite. L’université d’été des LR des Pays-de-la-Loire, à La Baule, ne croule pas sous les ténors, ni les parlementaires. Après la claque de la défaite des européennes (8,48%), et les multiples départs, le parti est visiblement encore en pleine convalescence et, de fait, centré sur lui. Suite à la démission de Laurent Wauquiez, les militants vont élire leur nouveau président les 12 et 13 octobre. Un scrutin au résultat écrit d’avance, qui ne passionne pas les foules.
« Haut les cœurs »
Le favori et patron des députés LR, Christian Jacob, joue la méthode Coué à son arrivée. L’absence de nombreux poids lourds ? « L’important, c’est que les militants soient là… Faites pas cette tête là, la vie est belle ! » Devant une salle réunissant environ 400 personnes à son maximum, le sénateur LR de Loire-Atlantique, Christophe Priou, ouvre la journée. Il se souvient de « la grande épopée de 2007 » et rêve à des demain qui chantent. Comme la grande « marée d’équinoxe de 111 » du jour. Il termine par un « haut les cœurs »… Ambiance. « Il y a quelques petits nuages », minimise le patron par intérim du parti, Jean Leonetti, mais « on est plutôt dans une convalescence en voie d’amélioration » ajoute ce médecin.
Devant les caméras, les deux autres candidats saluent les militants. Guillaume Larrivé, député de l’Yonne, échange avec les jeunes du syndicat étudiant UNI. Il se souvient : « En commençant très tôt, j’ai connu les soirs de victoire et de défaite ». Julien Aubert, député du Vaucluse, traîne avec sa bière à la main et file la métaphore :
« Les LR, c’est comme un navire. Il a besoin d’un grand carénage, de refaire la coque, les voiles et peut-être de changer un peu l’équipage. Si on continue de creuser, on va trouver du pétrole ».
Dans la salle, on débat des « valeurs et principes fondamentaux » du mouvement. Le jeune député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, est au micro. Il dit : « Voir le livret de famille avec écrit « mère » et « mère », moi ça me pose un problème intellectuel ». Il parle même « d’eugénisme ». On demande qui est pour la PMA pour toutes. Deux mains se lèvent dans la salle.
Photo : François Vignal
Gérard Larcher, lui, a fait le déplacement. Franck Louvrier, patron de la fédération LR de Loire-Atlantique, qui vise La Baule pour les municipales, l’invite à la tribune. Le président LR du Sénat entend jouer un rôle dans la reconstruction de la droite. Pour le sénateur, qui multiplie les déplacements depuis les européennes sur le thème du rassemblement de la droite et du centre, il faut « reconstruire en commençant par le local » (voir notre article sur son discours).
Gérard Larcher : "Reconstruire LR en commençant par le local"
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Gérard Larcher file avant d’avoir écouté les trois candidats. Il a rendez-vous le lendemain en Normandie avec le centriste Hervé Morin, pour sa fête de la pomme. Un peu à droite, un peu au centre, son week-end illustre le remède qu’il préconise.
« Le problème aujourd’hui au LR, ce sont les ego »
Pause dej. A l’entrée, Noëlle et Lisette vendent les tickets pour la tombola. Un panier garni à gagner. « En début d’année, les gens hésitaient à reprendre leur carte. Et là, ça revient » assure la seconde, qui a pris sa première carte en 1977. C’était le RPR. Les deux veulent du renouvellement. « Les anciens ont fait leur temps » lance Noëlle.
Noëlle et Lisette, militantes LR, à La Baule.
Photo : François Vignal
Lionel, 50 ans, de Lorient, arrive avec sa fille. Lui vient de reprendre sa carte « il y a quelque seconde ». « Le problème aujourd’hui au LR, ce sont les ego » lâche-t-il.
« Ça ne sert à rien d’attendre un sauveur »
En début d’après-midi, un autre sénateur arrive. C’est Bruno Retailleau. En régional de l’étape, il est applaudi. Le président du groupe LR du Sénat a caressé un temps l’idée de se présenter à la tête du parti. Il a renoncé. Le sénateur de Vendée veut éviter la guerre des chefs. « On ne doit pas faire l’autruche. Notre famille politique peut disparaître. Mais ça ne sert à rien d’attendre un sauveur » lance-t-il (voir la vidéo de Marie Bremeau et Jonathan Dupriez), « et avant de choisir un chef charismatique, disons à quoi nous croyons », « les Français ne nous regardent pas car nous n’avons rien à leur dire… » A la tribune, il précise : il ne faut ni sauveur, « ni même un revenant. Ce n’est pas une façon de bâtir l’avenir que de regarder dans un rétroviseur ». A bon entendeur…
Bruno Retailleau : "on va pas faire l'autruche, notre famille politique peut disparaître."
00:35
Si Bruno Retailleau n’est pas candidat, il en a le discours. Face à Emmanuel Macron, il y a « un vide. A nous de le combler ». « Il ne tient qu’à nous de reprendre le flambeau » pour « rebâtir les fondations de la cathédrale LR ». « Il y a un avenir, mais l’avenir c’est vous, l’avenir c’est nous ». On sent qu’il pourrait ajouter « l’avenir c’est moi ». Car Bruno Retailleau garde 2022 dans un coin de son esprit. Pour l’heure, il développe ses idées. Il accuse le chef de l’Etat de « détricoter notre modèle social », demande « que l’Islam observe nos propres règles et pas les siennes » ou met en garde sur les questions de bioéthique.
« Quand on gagne, on ne gagne pas seul »
Place aux candidats à la présidence du parti. Christian Jacob, qui bénéficie de la grande majorité des soutiens dans le parti, déroule sa partition du rassembleur qui a « le souci de l’intérêt général » : « Quand on gagne, on ne gagne pas seul ». Pour les municipales, il rappelle son opposition « à toute alliance avec LREM » qui constitue « un risque immense de perdre les sénatoriales ». Il ajoute : « Si on perd les sénatoriales, on perdra dans la foulée les départements et les régions ».
Il entend mener « la bataille de la Constitution » et dénonce « le désastre de la proportionnelle, on voit où ça mène en Allemagne et en Italie ». « Ce combat, on peut le gagner ». Pas de bon augure pour la suite des discussions, alors que le Sénat se montre – dans la forme au moins – plus ouvert aux échanges. Pour la vie interne du parti, il présente ses idées de réforme. Comme s’il y était déjà.
« Personne n’a envie d’être une amicale d’anciens combattants, un syndicat d’élus »
Guillaume Larrivé commence lui par un constat noir : « Est-ce la fin de notre histoire ? » « Personne n’a envie d’être une amicale d’anciens combattants, un syndicat d’élus. (…) On n’est pas là pour sauver nos places » prévient l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Alors que Valérie Pécresse, qui a quitté les LR en juin, rassemble ses amis de « Libres » le même jour à Brive-la-Gaillarde, le député lance : « Il faut savoir où on habite, on ne peut pas avoir un pied dedans, un pied dehors ». La présidente d’Ile-de-France n’a pas exclu hier de participer à un futur rassemblement avec LR. Guillaume Larrivé tient un discours de fermeté contre « l’immigration de masse » et « contre l’islamisation ». Et de citer « Valery Giscard d’Estaing qui avait en son temps vu l’immigration massive comme les prémices d’une invasion ».
Sur ce registre, Julien Aubert lui fait de la concurrence. Celui qui défend sa « liberté de pensée », entend surprendre : « Aucune élection n’est jouée d’avance », même s’il affirme être « le seul à n’avoir eu accès à aucun fichier militant ». Le député droitier imagine les LR comme « un parti gaulliste, républicain et patriote ». Soutenu notamment par le sénateur Gérard Longuet, il défend une « présidence de combat », dénonce la « radicalisation islamiste, le repli identitaire », comme le « consumérisme » ou « la colonisation numérique par les acteurs américains et chinois ».
« L’affaire de plusieurs années »
La mission du futur président est immense. Relever le parti s’apparente aux douze travaux d’Hercule. François-Xavier Bellamy, qui a sa part de responsabilité dans la situation actuelle en tant qu’ancienne tête de liste aux européennes, sait bien qu’il faudra du temps. « C’est n’est pas seulement l’affaire d’une année, mais l’affaire de plusieurs années. Il faudra se réinventer ».
Mais certains semblent croire la mission impossible, le combat déjà perdu, avec un Christian Jacob en plus petit dénominateur commun. « Ce n’est pas très bon signe… » lâche-t-on discrètement, « vous connaissez des gens enthousiastes pour lui ? » Comme si l’avenir de la droite n’était plus chez les LR.
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