La saisie d’aide publique fragilise encore plus le Rassemblement national

La saisie d’aide publique fragilise encore plus le Rassemblement national

Fermeture de permanences, impression d'affiches en suspens. Le Rassemblement national (ex FN) fonctionne au ralenti depuis la...
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Par Anne RENAUT

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Fermeture de permanences, impression d'affiches en suspens. Le Rassemblement national (ex FN) fonctionne au ralenti depuis la saisie par les juges en juillet de 2 millions d'euros d'aide publique, qui n'a fait qu'aggraver la situation financière d'un parti très endetté.

"Je prends maintenant l'intégralité du loyer de la permanence sur le budget de ma fédération. A un moment je serai à zéro", témoigne pour l'AFP Jean-Jacques Noël, responsable du RN dans la Manche. Préférant prendre les devants, il a fermé en septembre le local du RN à Cherbourg, plusieurs fois dégradé.

La formation d'extrême droite saura le 26 septembre si la justice confirme ou non la saisie ordonnée dans l'enquête sur des emplois présumés fictifs d'assistants d'eurodéputés. En attendant, elle a interrompu la prise en charge du tiers du montant du loyer des permanences, comme elle le faisait depuis 2012.

Le parti se serrera aussi la ceinture pour sa rentrée politique : pas d'université d'été réunissant cadres, élus et militants, mais un simple discours de la présidente Marine Le Pen à Fréjus (Var). Et les adhérents désireux de l'entendre devront payer leur déplacement.

Le RN va quand même imprimer des tracts, comme celui qui va lancer la campagne des européennes avec Marine Le Pen à côté de son allié italien Matteo Salvini. Mais ils comprendront à chaque fois un appel aux dons.

- Parti "mal géré" ? -

Le parti fonctionne "a minima" en attendant mais si la saisie est confirmée, ce sera "la mort" du RN, assure Mme Le Pen.

Un quart des permanences auraient fermé depuis la saisie, selon le responsable des fédérations Jean-Lin Lacapelle. Le trésorier Wallerand de Saint Just ne confirme, lui, aucun chiffre, expliquant que "saisie ou pas saisie, les difficultés financières restent les mêmes".

André Murawski, conseiller des Hauts-de-France qui vient de démissionner du RN, a examiné les comptes du parti depuis l'arrivée de Marine Le Pen à sa tête en 2011, et accuse les dirigeants du RN d'avoir "mal géré" leur parti.

En dépensant plus qu'il ne gagne entre 2011 et 2016, le RN a eu recours "toujours plus à l'emprunt" (en 2016 il s'établissait à 12 millions d'euros, en hausse de 341% sur 2011), dont le remboursement "limitera inévitablement (ses) marges de manoeuvre", d'après l'ancien élu RN.

Les juges financiers parisiens ont d'ailleurs décidé cette saisie parce qu'ils craignent que le parti n'utilise cet argent pour rembourser ses dettes au lieu de payer d'éventuels dommages dans l'affaire des emplois fictifs au Parlement européen - dont le préjudice est estimé à près de 7 millions d'euros.

- "Exclusion" bancaire -

"C'est vrai que le RN est endetté et que depuis de nombreux exercices, il est en pertes cumulées importantes", admet M. de Saint Just.

Mais à ses yeux, "tout est exclusivement dû aux dépenses électorales que le RN a dû supporter compte tenu de son exclusion totale du réseau bancaire", c'est-à-dire du refus des banques de prêter de l'argent au parti nationaliste.

Yvan Chichery, responsable du RN dans le Morbihan, a fermé la permanence de Vannes dès janvier pour trouver un autre local "moins cher" en raison d'"une petite baisse des adhésions".

Le parti dit compter 45.000 adhérents, chiffre identique à celui que Marine Le Pen donnait en avril. Elle avait alors indiqué avoir perdu 6.000 adhérents depuis l'automne 2017, du fait que les adhésions ne pouvaient pas se faire en ligne, après la clôture toujours inexpliquée de plusieurs comptes du parti par la Société Générale. Il est à nouveau possible d'adhérer par internet depuis le 6 mars.

André Murawski évoque lui une chute des adhésions "un peu partout", de l'ordre de 50% à 70%, signe d'une possible "perte de confiance".

Dans ce contexte, le RN "doit faire des économies", assure le trésorier. Il n'exclut pas un plan social, envisagé dès après les élections de 2017. Mais la saisie de 2 millions d'euros empêche pour le moment de... le financer.

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