« Nous devons ramener au niveau du territoire la stratégie de déconfinement » : la sénatrice des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali, réclame la création de conseils scientifiques départementaux. Le but ? « Mieux accompagner chaque département, en fonction de son histoire, de sa sociologie mais aussi de sa territorialisation » vers le déconfinement.
Un nouvel échelon qui permettrait, d’après la sénatrice, d’éviter les confusions au niveau local, et d’accompagner les collectivités territoriales à prendre « les bonnes décisions ». À commencer par le célèbre marché aux puces des quartiers nord de Marseille, ville où la sénatrice est candidate aux élections municipales. « Il a été fermé car les gens ne savent pas bien expliquer les choses. Mais quand on vit ici, on se rend compte qu’il est essentiel ». Samia Ghali se félicite, le marché aux puces a rouvert la semaine dernière, avec des consignes sanitaires strictes.
Des écoles sans savon
Les conseils scientifiques départementaux permettraient, pour la sénatrice, d’adapter à l’échelon local les décisions du conseil scientifique national. En première ligne, l’école. Le gouvernement a fait fi des recommandations du conseil scientifique, qui préconisait un retour en classe en septembre, en annonçant une première phase de rentrée le 11 mai prochain.
« Avec ses conseils départementaux, nous pourrions accompagner les élus dans leurs choix d’ouvrir ou non les écoles ». Elle s’inquiète du retour des élèves dans la Cité phocéenne « ici, dans certaines écoles, il n’y a pas de papier toilette, ni de savon, alors vous imaginez le retour… ».
Généralisation de bons alimentaires
Face à la pandémie, la sénatrice s’inquiète « d’une crise sociale brutale et violente pour des millions de Français ». La peur d’une « deuxième vague sociale » qui l’a poussée à écrire une tribune dans le Journal du Dimanche, pour alerter le gouvernement.
L’élue plaide pour la généralisation de bons alimentaires pour les produits de première nécessité. « En matière d’aide alimentaire et sociale, l’auto-organisation et le bénévolat associatif ont leurs limites. ». La sénatrice demande à la République « de prendre sa place dans le cadre d’une action publique coordonnée et ciblée par l’État et les collectivités territoriales ».
« Avec le confinement, les gens se sont auto-organisés, c’est le système D partout » raconte la Marseillaise. Une multiplication des distributions des banques alimentaires pour faire face à une plus grande précarité. « Il faut arrêter de penser que les gens dépensent moins pendant cette période, ils dépensent pour manger et nourrir leurs enfants matin, midi et soir ».
C’est aussi pour satisfaire les plus petits revenus que la sénatrice a demandé la réouverture du marché aux puces de la ville. « Dans les grandes surfaces c’est trop cher pour les gens, au marché vous pouvez manger des fruits et légumes, vous nourrir correctement » explique-t-elle.
Des logements adéquats
Samia Ghali réclame également « un fonds d’urgence d’aide au paiement des loyers ». Selon la sénatrice, « les bailleurs sociaux, notamment dans les HLM, ont largement amorti leurs biens. Je pense qu’ils peuvent faire un effort sur la question du loyer qui est souvent une charge importante des foyers ».
La sénatrice demande aux bailleurs sociaux « de faire un effort » pour donner des logements en adéquation aux situations familiales. « On ne peut pas imaginer qu’une famille de 7 personnes vive dans un T3, surtout en ce moment ». Une proximité familiale peut créer un climat « de tension, voire même de violence » assure Samia Ghali. Hier encore, la sénatrice interpellait Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, sur l’inefficacité des dispositifs contre les violences pendant le confinement.