La sortie de l’euro de Marine Le Pen en questions

La sortie de l’euro de Marine Le Pen en questions

Sortir de l'euro, une mesure emblématique du projet frontiste ces dernières années, n'est pas "un préalable à toute politique...
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Par Guillaume DAUDIN

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Sortir de l'euro, une mesure emblématique du projet frontiste ces dernières années, n'est pas "un préalable à toute politique économique", affirment Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan dans leur texte d'accord dévoilé samedi. La candidate FN veut-elle toujours sortir de l'euro? De quelle manière? Dans quel délai?

- Marine Le Pen veut-elle toujours sortir de l'euro? -

Oui. Dans un entretien au Parisien dimanche, Mme Le Pen réaffirme que la France aura "une monnaie nationale" si elle est élue présidente de la République.

- Que dit l'accord signé? -

Le retour à une monnaie nationale n'est plus au premier rang des priorités.

"La transition de la monnaie unique à une monnaie commune européenne n'est pas un préalable à toute politique économique", s'accordent Mme Le Pen et M. Dupont-Aignan, évoquant un "calendrier adapté aux priorités et défis immédiats".

Dans ses 144 engagements présidentiels pour l'élection 2017, Mme Le Pen affirmait que "le rétablissement d'une monnaie nationale adaptée à notre économie" est le "levier de notre compétitivité".

En 2012, dans son programme, elle était plus catégorique encore: "La fin ordonnée de l’euro est la condition de la renaissance économique de la France. Rester dans l'euro, c’est se condamner à mourir à petit feu."

- Comment se ferait ce retour à une monnaie nationale? -

A priori, par une négociation.

Mme Le Pen a régulièrement répété que, si elle remportait la présidentielle, elle irait à Bruxelles pour négocier, avec l'objectif de "restituer au peuple français sa souveraineté monétaire, législative, territoriale, économique".

À l'issue de cette discussion, elle prévoit un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne.

- L'euro subsisterait-il? -

C'est incertain.

Le but de cette négociation, pour Mme Le Pen, est de transformer l'euro "monnaie unique" en euro "monnaie commune" pour les échanges internationaux, suivant le système de l’ECU, ancienne unité monétaire européenne qui existait avant le passage du franc à l'euro.

En parallèle, une monnaie nationale réapparaîtrait et elle serait la monnaie du quotidien des Français.

Avec l'euro "monnaie commune", il y aurait un retour à "une sorte de Serpent monétaire européen", "mais avec des marges de fluctuation plus larges qu'avant", avait expliqué fin mars à l'AFP Bernard Monot, "stratégiste économique" du FN.

Pour être entériné, ce nouveau système nécessiterait l'accord des autres pays de la zone euro. Il encadrerait les possibilités de dévaluation compétitive du nouveau franc que pourrait souhaiter faire une Marine Le Pen présidente.

Les autres pays de la zone euro pourraient aussi laisser la France dirigée par Mme Le Pen sortir unilatéralement de l'euro et conserver cette monnaie inchangée sans la France.

- Quel délai? -

Inconnu.

Mme Le Pen a constamment répété ces derniers mois que la négociation à Bruxelles commencerait "immédiatement" après son accession à l’Élysée et qu'elle durerait "six mois", avant un référendum sur l'appartenance à l'UE et donc à la zone euro.

Début avril cependant, Mme Le Pen a dit qu'elle attendrait, pour négocier, la tenue des élections allemandes, programmées le 24 septembre, et italiennes, alors que la législature s'y finira début 2018.

Samedi, Marion Maréchal-Le Pen a aussi dit que cette négociation débuterait en 2018. "Il y aura un long débat, vraisemblablement peut-être de plusieurs mois, ou peut-être plusieurs années avant que nous prenions cette décision historique", a-t-elle ajouté.

- Quel enjeu? -

Rassurer.

Dans un sondage Ifop fin mars pour Le Figaro et la Fondation Robert Schuman, 28% seulement des personnes interrogées veulent que "la France abandonne l'euro et revienne au franc". Ce taux est le plus bas depuis 2012.

Les retraités et les plus de 65 ans -deux électorats qui se recoupent et qui font largement défaut à Mme Le Pen- sont, avec un taux de 85%, les plus hostiles à cette mesure.

"Le changement peut les effrayer, sur leur épargne, sur l'euro. Le but est de leur apporter une réponse psychologique: ils n'ont rien à craindre", a expliqué un dirigeant frontiste à l'AFP. Beaucoup de responsables du FN incitent d'ailleurs Mme Le Pen à tempérer ses positions sur l'euro.

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