La « taxe soda » à nouveau en débat
Les députés souhaitent renforcer la taxe sur les boissons sucrées, dans le cadre du budget de la Sécurité sociale. Mais selon le sénateur PS Yves Daudigny, il faut plutôt une grande loi de santé publique pour renforcer la prévention.

La « taxe soda » à nouveau en débat

Les députés souhaitent renforcer la taxe sur les boissons sucrées, dans le cadre du budget de la Sécurité sociale. Mais selon le sénateur PS Yves Daudigny, il faut plutôt une grande loi de santé publique pour renforcer la prévention.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Revoilà la « taxe soda ». Instaurée par Nicolas Sarkozy en 2011, on reparle de la taxe sur les boissons sucrées à la faveur du débat sur le budget 2018 de la Sécurité sociale. Le rapporteur à l’Assemblée du projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS), le député LREM Olivier Véran, défend une hausse de cette taxe (voir le sujet vidéo de Samia Dechir). Aujourd’hui, la taxe est la même, quel que soit le niveau de sucre dans la boisson.

Le gouvernement ne semble pas en faire une priorité

« Les taxes existantes sont faibles, avec un impact qui reste à évaluer » affirme le député aux Echos. Mais la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ne semble pas en faire une priorité. Lors de son audition en commission à l’Assemblée nationale mercredi, elle a mis en garde contre le risque de « taxer les plus pauvres », évoquant plutôt la prévention, via « l'éducation à la santé ou l'éducation à la parentalité ».

Cette tentative d’augmenter la taxe soda n’est pas une première. Des amendements ont déjà été rejetés en 2014, en 2015 et en 2016. Mais cette taxe est-elle une bonne idée ? « Est-ce qu’il y a un problème d’obésité dans notre pays ? Oui. Est-ce que la consommation de soda contribue à l’obésité et développe le diabète ? Oui. Faut-il mener une politique de santé publique pour lutter contre ? Oui. J’inciterais plutôt le gouvernement à mettre en place une loi de santé publique qui traite les différents problèmes de santé publique –  consommation d’alcool, tabac, les corps gras, les produits sucrés – par la  prévention » affirme le sénateur PS de l’Aisne, Yves Daudigny, ancien président de la commission des affaires sociales du Sénat. Il est l’auteur, avec la sénatrice LR Catherine Deroche, d’un rapport sénatorial sur les taxes comportementales, en 2014.

« C’est vraiment la prévention qui est nécessaire »

Le nutritionniste Arnaud Cocaul n’est pas plus convaincu. « Je n’y crois absolument pas » a-t-il affirmé sur le plateau de Public Sénat, « en aucun cas cela va résoudre les problèmes d’obésité ». « Ça va taxer essentiellement les populations modestes, qui se rabattent le plus sur ce type de boisson » ajoute le nutritionniste. « C’est vraiment la prévention qui est nécessaire. Il faut avoir un discours étalonné selon le type de population qu’on cible. (…) Les bandeaux défilant sous les publicités ne servent à rien. (…) Dire qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour, les gens n’y comprennent rien ». Regardez :

Contre les boissons sucrées « c’est vraiment la prévention qui est nécessaire » selon le nutritionniste Arnaud Cocaul
00:51

Une autre taxe est aussi évoquée : le renforcement de la taxe sur les alcools fort, au-delà de 15 degrés. Manière d’en exclure le vin. On imagine déjà les amendements en séance et les débats pour savoir s’il faut inclure ou non les alcools à partir de 10 ou 12 degrés. L’exécutif serait plus favorable à cette taxe sur les alcools forts. Mais dans quel but, là aussi ? « La taxe est un signal qui est donné et qui peut avoir une influence positive » reconnaît Yves Daudigny, mais « s’il s’agit de créer une recette de poche pour boucler un budget, le signal n’est pas bon ». Selon Le Figaro, la taxe soda pourrait être affectée à la Sécurité sociale agricole pour financer les retraites des agriculteurs.

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS , LES CANDIDATS REMI FERAUD ET EMMANUEL GREGOIRE
8min

Politique

« Force du dégagisme », « fin de cycle » et « bataille de chiens » à venir : les socialistes font le bilan, après la victoire d’Emmanuel Grégoire face à Rémi Féraud

La victoire d’Emmanuel Grégoire, dès le premier tour, lors de la primaire PS qui l’opposait au sénateur Rémi Féraud s’explique notamment par « la volonté de tourner la page Hidalgo » chez les militants, mais aussi le poids des rapports de force issus du congrès PS ou la « dérive clanique » autour de la maire sortante.

Le

SIPA_01206229_000010
6min

Politique

Programmation de l’énergie : en commission, les sénateurs ne reprennent pas le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque

En commission des affaires économiques, les sénateurs ont adopté la proposition de loi sénatoriale, dite Gremillet, qui avait été passablement dénaturée par des amendements des députés LR et RN, puis finalement rejetée par l’Assemblée nationale. Le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque ou encore la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne figurent plus dans le texte adopté en commission pour une deuxième lecture prévue la semaine prochaine.

Le

La « taxe soda » à nouveau en débat
3min

Politique

Loi Duplomb : un texte qui permet « de mettre les agriculteurs français au même niveau que les agriculteurs européens », assure son auteur

Ce mardi, Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, auteur du texte « visant à lever les contraintes sur le métier d’agriculteur », était invité sur la matinale de Public Sénat. Il a évoqué l’accord trouvé en commission mixte paritaire sur sa proposition de loi, ainsi que les critiques qu’elle suscite, notamment en ce qui concerne la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018.

Le

La « taxe soda » à nouveau en débat
2min

Politique

Canicule : « La vigilance rouge ne concerne pas que les publics les plus fragiles, elle concerne tout le monde », déclare François Bayrou

Alors que la France fait face à un épisode caniculaire, François Bayrou, accompagné de Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Retailleau s’est rendu ce mardi au centre opérationnel de gestion des crises du ministère de l’Intérieur. L’objectif était de faire état de l’ensemble des mesures prises pour faire face à cette vague de chaleur.

Le