La tentation radicale : un constat inquiétant mais ancien
Avec “La tentation radicale” les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland livrent une étude inédite sur la radicalisation des jeunes dans une France post-Charlie Hebdo. Avec ses 7 000 lycéens interrogés, l'enquête démontre une adhésion de ces jeunes français aux idées radicales dans des proportions inquiétantes.

La tentation radicale : un constat inquiétant mais ancien

Avec “La tentation radicale” les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland livrent une étude inédite sur la radicalisation des jeunes dans une France post-Charlie Hebdo. Avec ses 7 000 lycéens interrogés, l'enquête démontre une adhésion de ces jeunes français aux idées radicales dans des proportions inquiétantes.
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Conduite pendant plus de deux ans, ce travail d’Anne Muxel et Olivier Galland démarre au lendemain des attentats de novembre 2015. Déjà, à l’époque, des voix dissonantes, notamment chez les jeunes, s’étaient faites entendre dans l’hommage rendu aux victimes de janvier 2015. En réaction, les deux chercheurs du CNRS interrogent, par questionnaire et par entretien, 7000 lycéens âgés de 14 à 16 ans.

Une radicalité élevée

Les résultats sont sans appel. Par exemple, un quart des lycéens ne condamnent pas totalement les attentats contre Charlie Hebdo et le Bataclan, 68 % pensent que les médias n’ont pas dit toute la vérité sur ces deux attentats, 80 % estiment qu’on ne doit pas se moquer des religions, un tiers pense qu’il est légitime de s’engager dans une action violente pour défendre son point de vue, chez les jeunes musulmans, 81% d’entre eux pensent que c’est “plutôt la religion qui a raison sur la question de la création du monde”, et à 64% que “l’homosexualité n’est pas une façon comme une autre de vivre sa sexualité”.

Un échantillon représentatif ?

Pour autant, si les résultats interpellent, ils ne sont pas tout à fait représentatifs de l’ensemble des lycéens. Ainsi, les 7 000 jeunes viennent de territoires choisis par les auteurs car considéré comme propice à la radicalité. Ainsi, les quartiers nord de Marseille, la ville de Créteil ou encore la région lilloise ont été privilégiés en ce sens. En outre, l’échantillon comprend 39% de jeunes scolarisés dans des quartiers populaires et 26% de jeunes musulmans, des chiffres bien plus élevés qu’à l’échelle nationale.

Des conclusions sans surprise

Si l'enquête attire l’attention des médias ces derniers jours, pour beaucoup d’élus ou de représentants d’associations présents sur le terrain, ce constat est sans surprise. « Je ne suis pas du tout surprise, ce phénomène il est pas nouveau, on l’a juste occulté et mis sous la table. Et nous étions très peu nombreux à dire qu’il y avait urgence. » estime la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. (Voir notre article sur ce sujet)

Une responsabilité partagée

En outre, la sénatrice du Val d’Oise pointe la responsabilité partagée des acteurs de terrain comme de l’État. « Il y a une responsabilité politique, collective, on a pas voulu poser la réalité de ce qui arrive aujourd’hui. On est arrivé à un point ou ça va se tendre et on va arriver à une situation dramatique. Il y a eu des mots qu’on a pas le droit de prononcer, des phrases pas politiquement correctes de les prononcer, et les élus de terrain ont aussi leur responsabilités, lutter contre la prise des quartiers par certains “barbus”, c’est la responsabilité des élus de terrain. »



 

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Un accord de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne serait "extrêmement dangereux" pour cette eurodéputée

Scandale Shein, restrictions sur les terres rares, déferlement d'exportations sur le Continent : ces dernières semaines ont fourni aux européens de nombreux motifs d'inquiétude dans leur relation avec Pékin. Alors que Donald Trump a scellé un accord d'un an avec le président Xi Jin Ping, l'UE semble sur le banc de touche. Un sursaut est-il possible ? Ou bien sommes-nous condamnés à rester à la remorque de la Chine ? Débat dans "Ici l'Europe" avec les eurodéputés Sandro Gozi (Renew, France) et Estelle Ceulemans (S&D, Belgique).

Le

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

La tentation radicale : un constat inquiétant mais ancien
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le