La trop courte victoire de Merkel, un frein à l’Europe de Macron
La victoire en demi-teinte d'Angela Merkel aux législatives allemandes risque de contrarier les projets européens du président français Emmanuel...
Par Loïc VENNIN
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La victoire en demi-teinte d'Angela Merkel aux législatives allemandes risque de contrarier les projets européens du président français Emmanuel Macron, tant ils suscitent l'opposition farouche des libéraux, alliés pressentis de la chancelière dans le nouveau gouvernement.
La reconduction pour un quatrième mandat de la "Mutti" allemande peut être une bonne nouvelle pour Macron, qui voit bien quel parti il peut tirer de la stature internationale de la chancelière.
"Nous poursuivons avec détermination notre coopération essentielle pour l'Europe et nos pays", a ainsi réagi le président français.
Résultats officiels des élections législatives allemandes.
AFP
Mais la victoire de l'indétrônable Mme Merkel est limitée: son parti, la CDU, n'a recueilli que 33% des voix, son pire score depuis 1949.
L'échec cuisant des sociaux-démocrates (20,5%), et leur refus de renouveler leur alliance gouvernementale, devraient de plus jeter Mme Merkel dans les bras des Verts, qui ont recueilli 8,9%, et des libéraux du FDP (10,7%).
Cette coalition dite "Jamaïque" - référence aux couleurs noir-jaune-vert des trois partis - pourrait être bien sombre pour Macron, à la veille du grand discours qu'il doit prononcer sur l'Europe à Paris.
Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel à Paris le 28 août 2017
AFP/Archives
Le chef des libéraux, Christian Lindner, a ainsi déjà averti qu'il s'opposerait farouchement au projet de budget de la zone euro du président Macron qui espère ainsi aider à financer des investissements d'infrastructure.
Transferts de voix pour la CDU/CSU (conservateurs) lors des législatives allemandes
AFP
"Nous ne voulons pas de nouveaux budgets pour des transferts financiers en Europe. Un budget de la zone euro - M. Macron parle de plusieurs points de PIB et cela représenterait plus de 60 milliards d'euros pour l'Allemagne - où l'argent atterrirait en France pour les dépenses publiques ou en Italie pour réparer les erreurs de (Silvio) Berlusconi, serait impensable pour nous et représenterait une ligne rouge", a tranché M. Lindner.
"En ce qui concerne l'Europe, le nouveau gouvernement pourrait être une douche froide pour l'euphorie actuelle de Macron", conclut Carsten Brzeski, expert chez ING Diba, à Francfort. "Le FDP et l'aile conservatrice représentent de sérieux freins à une intégration plus poussée de la zone euro", ajoute l'économiste.
"Les chances d'une entente entre la France et l'Allemagne sur la réforme de la zone euro sont limitées", renchérit Janis Emmanouilidis, analyste à l'European Policy Center (EPC) à Bruxelles.
- Des mois de négociations -
Le porte-parole du gouvernement français Christophe Castaner a cependant vu dans ce qu'il a appelé la "victoire amère" d'Angela Merkel, ternie par la poussée inédite de l'extrême droite, la preuve qu'il faut aller plus loin dans l'intégration européenne.
"L'idée est simple: elle est de considérer que si justement on veut lutter contre les nationalismes, les populismes dans chacun de nos pays, il faut une Europe puissante, forte qui protège, qui libère. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, donc il faut réinventer l'Europe", a résumé M. Castaner.
Scores obtenus par circonscription aux législatives en Allemagne, selon le type de scrutin.
AFP
Pour Hélène Miard-Delacroix, historienne spécialiste des relations franco-allemandes à l'université de la Sorbonne, à Paris, "il est probable" que les libéraux "vont plutôt mettre l'accent sur des dérégulations, des allègements d'impôts et pas du tout sur des dépenses de l'Etat".
Pour sa part, Mme Merkel a déclaré dimanche soir que l'Allemagne avait "besoin d'une bonne Europe, d'une Europe forte pour les emplois, la compétitivité et la sécurité, une Europe qui convainc les citoyens". "Nous soutiendrons tout ce qui soutient cet objectif et nous discuterons, de manière controversée si nécessaire, de tout ce qui ne le sert pas".
Ces dernières semaines, elle avait réservé un accueil prudent aux idées avancées par M. Macron. "Pour moi ce qui est important c'est que le vocabulaire avancé - gouvernement de la zone euro, ministre européen des Finances, budget - soit aussi doté d'un contenu", avait-elle averti le 15 septembre.
"Pour l'Europe, et singulièrement pour la France d'Emmanuel Macron, ces élections sont une mauvaise nouvelle", conclut le quotidien français Le Monde. "D'abord parce que l'Allemagne va entrer dans un long tunnel de négociations qui, sans doute, durant plusieurs mois, va la mettre aux abonnés absents. Surtout, il est probable que, à la fin de ces négociations, les Allemands se mettent d'accord sur le dos des autres Européens".
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