L’abrogation de la retraite à 64 ans examinée à l’Assemblée : « La journée va être très tendue »

Les députés débattent ce jeudi de la proposition de loi du groupe LIOT pour abroger la réforme des retraites, texte que la majorité présidentielle a réussi à vider de sa mesure phare avant l’examen en séance publique. Cette situation devrait conduire à des échanges nourris et houleux dans l’hémicycle, reconnaît Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l'Assemblée nationale.
Romain David

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Jour J au Palais Bourbon. L’Assemblée nationale se penche à nouveau, ce jeudi 8 juin, sur la réforme des retraites, un peu moins de trois mois après son adoption. Les députés doivent débattre de la proposition de loi du groupe LIOT, visant initialement à abroger le recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. « La journée va être très tendue », a reconnu Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, l’une des composantes de la majorité présidentielle, qui était invité de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, à quelques minutes de l’ouverture des débats.

Toutefois, les élus ne pourront pas avoir la discussion souhaitée sur la mesure d’âge. Celle-ci a été supprimée en commission, et la tentative de réintroduction, par voie d’amendements, déclarée irrecevable par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, au nom de l’article 40 de la Constitution qui proscrit toute « diminution d’une ressource publique ». Cette situation a déclenché l’ire des oppositions contre le camp présidentiel, accusé de tordre le cou à la pratique parlementaire pour évacuer le plus rapidement possible cette nouvelle séquence.

« Il faudra garder son calme et s’en tenir à deux choses : le respect de l’institution, de son règlement intérieur qui a été plutôt secoué depuis un an avec quelques incidents en séance, et le respect des Français. On peut avoir de fortes divergences, mais des débats construits », souligne Laurent Marcangeli.

« L’opposition est dans un exercice de style et dans l’abus »

Dans le cadre de la niche parlementaire du groupe LIOT, les députés auront jusqu’à minuit pour débattre et voter ce court texte. Passé ce délai, la discussion devra s’arrêter. « Le petit livre du règlement, à mon avis, va être brandi quelques centaines de fois ce matin. Je ne pense pas que cela serve la démocratie parlementaire quand les choses sont aussi excessives », ajoute notre invité, avant de citer Talleyrand : « Tout ce qui est excessif est insignifiant ».

« L’opposition est dans un exercice de style et dans l’abus, l’abus verbal et l’abus de communication », tacle Laurent Marcangeli. Selon lui, après plusieurs semaines de bataille procédurale, notamment autour de la recevabilité financière de cette proposition de loi, « plus personne ne comprend rien à ce qui se passe ».

« Les oppositions savaient que cette loi n’était pas tolérée par les textes constitutionnels, ils ont quand même voulu aller jusqu’au bout en rassemblant tous les contraires, LIOT, la Nupes et le RN », déplore encore l’ancien maire d’Ajaccio. « Finalement, l’opposition s’est fait prendre à son propre piège, celui de l’absurdité de cette démarche, qui n’était qu’une démarche politicienne et de communication. »

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le