Lactalis : l’exécutif hausse le ton

Lactalis : l’exécutif hausse le ton

Les quatre grands groupes de distribution, qui ont reconnu avoir vendu des produits Lactalis interdits, sont convoqués par Bruno Le Maire, dès jeudi. En déplacement à Rome, le président de la République affirme, lui, « que l’État français est en mesure d’assurer la sécurité alimentaire. »
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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« Il y a eu des défaillances inacceptables », tance Bruno Le Maire devant une assemblée de journalistes. Une conférence de presse a été organisée au débotté à Bercy, ce jeudi. En déplacement à Rome, le président de la République s’est voulu rassurant en affirmant que « l’État français est en mesure d’assurer la sécurité alimentaire. »

Les produits nutritionnels Lactalis, pourtant interdits à la vente, ont été distribués par quatre grands groupes : Leclerc, Auchan, Système U et Carrefour. Ils seront convoqués par le ministre de l’Économie en fin de journée. La direction de Lactalis sera, elle, reçue demain. Bruno Le Maire a annoncé que sur « 2 500 points de vente (magasins, pharmacies, crèches, hôpitaux) » contrôlés par la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF), « 91 contenaient des lots de lait infantile qui auraient dû être retirés. » Contacté par Public Sénat, le sénateur Jean Bizet tempère. Selon lui, ces dysfonctionnements sont sûrement le fait de directeurs de magasins qui n’ont pas « pris la mesure » des enjeux.  

Un scandale sanitaire et plusieurs couacs

Le 2 décembre dernier, le Centre national de référence des salmonelles (CNR) détecte un nombre inhabituel de salmonelles chez des enfants âgés de moins de 6 ans. Les investigations de la Direction générale de la Santé conduisent au site de Lactalis, à Craon (Mayenne). Le 3 janvier, le Canard enchaîné révèle que le groupe Lactalis avait réalisé des contrôles dans cette usine, en août et en novembre 2017, décelant la présence de salmonelles. Si le groupe se défend de toute négligence (voir leur communiqué), une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris. Le président de l’association des victimes du lait contaminé et UFC que choisir ont respectivement déposé plainte contre Lactalis.

« Nous avons suffisamment de leviers en matière de sécurité sanitaire », estime le sénateur (LR) Jean Bizet

L’autorité de surveillance Santé publique France recensait 35 nourrissons atteints de salmonellose en France, dont 31 cas avaient consommé un lait infantile de l’usine incriminé. Quentin Guillemain, président de l’association des victimes du lait contaminé, réfute se chiffre. Sur le plateau de BFMTV, il évoque « au moins 200 enfants malades et 60 hospitalisations. »   

Le 21 décembre 2017, un nouveau rappel a été émis concernant tous les produits nutritionnels infantiles, fabriqués ou conditionnés dans l’usine de Craon depuis le 15 février 2017.  Nouveau couac, quatre grands distributeurs – Leclerc, Auchan, Système U, Carrefour – ont reconnu avoir laissé les produits interdits à la vente ces derniers jours. Un « scandale » qui convainc l’eurodéputé Geoffroy Didier qu’une « commission d’enquête parlementaire » est nécessaire.

Sur Territoires d’Infos ce jeudi, Geoffroy Didier envisageait même une « évolution législative » estimant que « l’État n’est pas suffisamment armé », (revoir l’interview). Bruno Le Maire rappelle, lui, que l’État, dès le 9 décembre, s’est « substitué à une entreprise défaillante dont je rappelle qu'elle est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché. »

Il n’y aura « aucune tolérance » dans cette affaire, prévient Emmanuel Macron

« Nous avons suffisamment de leviers en matière de sécurité sanitaire » estime le sénateur (LR) Jean Bizet. Il considère que la réaction de Bruno Le Maire est « à la hauteur » des « manquements » de Lactalis. « Je suis surpris que le groupe Lactalis n’est pas fermé son site dès qu’ils ont appris la présence de cette bactérie » pour désinfecter le site, explique-t-il. Le ministre de l’Économie a convoqué les acteurs concernés par cette affaire jeudi et vendredi. Emmanuel Macron a, lui, assuré que « si des sanctions doivent être prises, elles seront prises », et indiquer qu’il n’y aura « aucune tolérance » dans cette affaire.  

 

 

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