L’annonce de 25 cas de salmonellose chez des bébés entre 2006 et 2016 par l’Institut Pasteur est un « rebondissement » dans l’affaire Lactalis, pour Martial Bourquin (PS). Ces contaminations ont été causées par la même souche de la bactérie incriminée dans l’usine de Craon en 2005 et en 2017. « Ce n’est plus un trou dans la raquette, on se demande s’il y avait un filet », s’interroge le sénateur socialiste du Doubs.
Désormais, la commission mixte d’information lancée à la mi-janvier ne suffit plus, selon ce membre de la commission des Affaires économiques. « J’attends très vite que le Sénat mette en place une commission d’enquête ou le PDG de Lactalis viendra s’expliquer sur ces questions », réclame Martial Bourquin.
Le sénateur, « choqué », par l’absence PDG au Sénat
Jusqu’à présent, deux personnes ont été auditionnées pour faire la lumière sur les causes de ces contaminations aux salmonelles et sur les ratés dans les procédures de retrait en magasin : la directrice générale de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), Virginie Beaumeunier, et le directeur de la communication de Lactalis, Michel Nalet.
Le PDG, qui a fait valoir un « droit de réserve » dans un contexte médiatique tendu, tout en s’engageant à rencontrer les sénateurs ultérieurement, s’est toutefois exprimé deux fois face aux journalistes depuis décembre (lire notre article).
L’absence du patron du groupe au Sénat avait agacé plusieurs sénateurs la semaine dernière, Martial Bourquin le premier. « J’ai été choqué. Il devait être présent, y compris pour prendre toute sa responsabilité », a-t-il insisté ce jeudi dans Sénat 360. « Là, on a un géant de l’agroalimentaire qui est percuté par un très gros problème de sécurité alimentaire, et nous devons prendre les problèmes à bras-le-corps ».
Les personnes convoquées dans le cadre d’une commission d’enquête ont l’obligation de s’y présenter et s’expriment sous serment, contrairement aux missions d’information qui ne sont pas coercitives. Reste à savoir quel serait le périmètre de l’investigation, car comme le rappelle le Sénat, une commission d’enquête ne peut pas être créée sur des faits faisant l’objet d’une procédure judiciaire.