Lampedusa – 190 Migrants From Ghana Arrived on the Island on a Coast Guard Boat, Italy – 18 Sep 2023

Lampedusa : « C’est l’échec des promesses de Giorgia Meloni sur la protection de ses frontières »

L’afflux de migrants ces derniers jours sur l’île italienne de Lampedusa a conduit la commission européenne à présenter un plan d’urgence qui conjugue fermeté contre l’immigration illégale et solidarité entre Etats membres pour l’accueil des demandeurs d’asile. Deux principes au cœur du Pacte européen sur la migration et l’asile qui doit être finalisé avant les prochaines élections européennes.
Simon Barbarit

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La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni avait fait de la lutte contre l’immigration illégale un argument de campagne. Quelques semaines après son arrivée au pouvoir ; la cheffe de gouvernement d’extrême droite avait joint le geste à la parole en refusant d’ouvrir les ports italiens au navire humanitaire Ocean Viking et avait contraint la France à accueillir les 230 migrants à son bord.

Un an plus tard, « l’Italie est arrivée à un point de rupture et c’est l’échec des promesses de Giorgia Meloni sur la protection de ses frontières », constate Jean-François Rapin, président (LR) de la commission des Affaires européennes du Sénat.

Depuis quelques jours, l’île italienne de Lampedusa fait face à un afflux de migrants. 8 500 personnes, soit plus que l’ensemble de la population de l’île, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon l’agence des Nations unies pour les migrations.

Un plan d’urgence présenté par la Commission

Une situation exceptionnelle qui a conduit la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen à se rendre sur place, dimanche, pour présenter un plan d’urgence en 10 points, censé conjuguer fermeté à l’encontre des passeurs et facilitation des voies légales d’entrée dans l’espace européen pour les candidats éligibles à l’asile. Tout en rappelant aux autres Etats membres, le mécanisme de solidarité volontaire », pour l’accueil des demandeurs d’asile, le plan de la commission prévoit d’augmenter le nombre de retours de ceux qui ne sont pas éligibles en menant une action de sensibilisation auprès des principaux pays d’origine des nouveaux arrivants, à savoir la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso. Bruxelles entend également « renforcer la surveillance des frontières en mer et la surveillance aérienne, notamment par l’intermédiaire de Frontex « l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes), et accélérer la mise en œuvre du protocole d’accord entre l’Union européenne et la Tunisie pour faire baisser les arrivées de migrants sur les côtes italiennes en échange d’une aide financière à Tunis.

« Une pression migratoire insoutenable » pour l’Italie

En un an près de 130 000 migrants ont débarqués sur les côtes italiennes, le double par rapport à l’année précédente, « une pression migratoire insoutenable », l’a qualifié Giorgia Meloni qui reproche à ses partenaires européens sont manque de solidarité. L’Allemagne a récemment décidé de ne plus accueillir de migrants en provenance d’Italie.

A quelques mois des élections européennes, l’échec du volontarisme de la présidente du Conseil italien interpelle la droite et l’extrême droite. Ce week-end, lors d’un meeting transalpin, Marine Le Pen a affiché son soutien à Matteo Salvini, chef du parti d’extrême droite de la Ligue et ministre des Transports de Giorgia Meloni. Ce dernier ne cesse de prendre ses distances avec le pragmatisme que semble désormais privilégier la cheffe de l’exécutif italien. Sur Public Sénat, ce lundi, le vice-président RN de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu a dénoncé la méthode Meloni qui consiste à « venir pleurer auprès de l’Union européenne ». Sébastien Chenu a estimé que ce sont « les Etats qui doivent être souverains » en matière d’immigration.

De son côté, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin  était attendu à Rome lundi pour livrer un message de “fermeté” face aux traversées clandestines de la Méditerranée. Gérald Darmanin doit rencontrer en début de soirée son homologue italien, Matteo Piantedosi, après une arrivée prévue vers 19H30 dans la capitale italienne, selon son entourage.

« L’Italie a besoin d’Europe mais d’une Europe qui protège »

Chez les LR, où l’on ne cesse depuis des mois de plaider en faveur d’une reprise en main par la France de la maîtrise des flux migratoires, la situation italienne « démontre une fois de plus que l’Europe est incapable d’anticiper les crises ». « L’Italie a besoin d’Europe mais d’une Europe qui protège », insiste François-Noël Buffet, président de la commission des lois du Sénat et rapporteur du projet de loi immigration dont l’examen a été stoppé en mars dernier. « Le fond de la stratégie européenne est d’accueillir et de répartir les migrants alors que ce devrait être de protéger les accès sur le territoire européen. C’est pourquoi je milite pour la mise en place de hot spot hors Union européenne pour traiter les demandes d’asile et un renforcement des moyens de Frontex. L’immigration économique ne peut se faire par des coups de force ».

Le gouvernement italien a, d’ailleurs annoncé un durcissement de la législation contre l’immigration illégale en allongeant la durée maximale de détention de 135 jours à 18 mois.

« Ursula von der Leyen a remis Frontex au premier plan en lui donnant des capacités plus autoritaires, c’est un choix important à signaler. Ces dernières années, les missions de Frontex s’apparentaient plus à celles d’une agence de protection des droits fondamentaux plutôt qu’à celle d’une agence de protection des frontières. Il faut marcher sur ses deux jambes, l’humanité et la fermeté, mais ce défi ne pourra pas être relevé en dehors de l’Union européenne », note Jean-François Rapin.

« C’est un règlement qui s’appliquera directement aux Etats membres sans transposition »

Lancé en 2020, le Pacte européen sur l’asile et l’immigration proposé par la Commission est toujours en cours de négociations. Le Parlement et le Conseil européen se sont engagés à le finaliser d’ici les prochaines élections européennes. « Ursula von der Leyen a décliné un plan qui est cohérent avec ce que propose le pacte. Le Parlement et le Conseil ont déjà adopté une grande partie des textes qui le compose. Les négociations ont été longues car bloquées par la Pologne et la Hongrie. Il faut rappeler que la majorité qualifiée des Etats membres (représentants 65 % de la population) suffit à faire adopter le pacte. C’est un règlement qui s’appliquera directement aux Etats membres sans transposition », rappelle Fabienne Keller, eurodéputée Renaissance, en charge du dossier.

Parmi les points forts du texte figure un objectif chiffré de la répartition entre Etats membres de 30 000 demandeurs d’asile chaque année. Les Etats membres qui refuseraient, devront payer une compensation financière de 20 000 euros par demandeur d’asile. Les procédures d’asile seront accélérées à la frontière de l’Union grâce au renfort de la nouvelle Agence de l’Union européenne pour l’asile. Un processus de filtrage devra déterminer en 5 jours si le demandeur d’asile doit faire l’objet d’une procédure de retour. Une procédure spéciale concernera les migrants qui ont peu de chance de recevoir l’asile (lorsque moins de 20 % des ressortissants de ce pays obtiennent de fait l’asile au sein de l’UE). Le délai de traitement de leur demande ne devra alors pas dépasser 12 semaines.

 

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