Feu vert des députés à la suspension de la réforme des retraites. L’Assemblée nationale a adopté, par 255 voix contre 146 l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui vise à suspendre jusqu’à l’élection présidentielle le relèvement de l’âge légal de la retraite vers les 64 ans. 104 députés se sont abstenus. L’article adopté tient également compte des carrières longues. L’adoption d’un amendement du gouvernement est venue préciser ce point.
L’adoption a été permise avec les voix des socialistes, de la plupart des écologistes, celles du Rassemblement national, et un tiers du groupe MoDem. La plupart des députés Renaissance se sont abstenus. LFI, les communistes, la moitié de la Droite républicaine, et l’essentiel du groupe Horizons ont voté contre.
Les députés vont ensuite poursuivre l’examen d’autres articles du texte, dont la discussion a été appelée en priorité, comme l’article 44 où est inscrit le gel des pensions de retraite et des prestations sociales. Au vu du nombre d’amendements restant en discussion, il est peu probable que l’Assemblée nationale finisse l’examen de cette partie dédiée aux dépenses, dans les temps impartis.
Opposition de la majorité sénatoriale de droite et du centre
Le gouvernement s’est néanmoins engagé à transmettre le texte au Sénat avec les amendements adoptés par les députés. Le Sénat doit se pencher à son tour sur le budget de la Sécurité sociale du 19 au 24 novembre, avec un vote solennel prévu le 25 novembre. Il y a de fortes chances pour que la majorité sénatoriale de droite et du centre, qui a soutenu le recul de l’âge légal de départ plusieurs années avant la promulgation de la réforme Borne, s’oppose à la suspension en séance. La rapporteure générale de la commission des affaires sociales, Élisabeth Doineau (Union centriste), qui s’exprimait avant le vote, estime que le Sénat rétablira les modalités de départ actuelles.
Le président des Républicains Bruno Retailleau a dénoncé sur X une « capitulation ». « Je suis effaré par la lâcheté du gouvernement, qui vient de sacrifier l’avenir de nos jeunes générations sur l’autel de sa survie politique », a dénoncé l’ancien ministre de l’Intérieur, redevenu sénateur.
Patrick Kanner fait savoir que le groupe socialiste qu’il préside au Sénat se « battra pour préserver cette victoire ».