Laurence Rossignol : « En confinement, les femmes sont en première ligne »

Laurence Rossignol : « En confinement, les femmes sont en première ligne »

Pendant le confinement, la sénatrice socialiste de l’Oise s’engage pour défendre les droits et la condition des femmes. Elle multiplie les démarches auprès du gouvernement pour élargir l’accès à l’IVG, lutter contre les violences conjugales ou encore éviter l’épuisement des femmes.
Public Sénat

Par Cécile Sixou

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Laurence Rossignol : "En confinement, les femmes sont en première ligne"
03:05

« Non, ce n’est pas une fixette ». Laurence Rossignol nous prévient, si elle s’engage pour défendre la condition des femmes pendant le confinement, ce n’est parce qu’elle a une « obsession » pour ces thématiques mais bien parce que ce sont les « remontées du terrain ». Dès le 13 mars, elle a donné l’alerte. Dans un communiqué intitulé « il suffira d’une crise »  ( en référence à Simone de Beauvoir),  elle s’alarme sur l’épuisement dû au confinement pour certaines femmes, « la fermeture des écoles et des crèches, les mesures de confinement, le retour aux tâches essentielles de l’existence humaine, garder les enfants, apporter les soins, veiller sur les plus fragiles et les plus isolées, la charge mentale qui en résulte va les placer en première ligne ». La sénatrice reconnaît que déceler cet épuisement est difficile, « on ne va pas codifier l’organisation chez les gens, mais on peut aider un certain nombre de femmes et de familles , en particulier les familles monoparentales ». Les femmes qui élèvent seules des enfants sont en temps normal aidées par leurs proches, leurs amis, ou des associations, mais actuellement ces réseaux sont inactifs et elles se retrouvent isolées : « parfois elles ne peuvent même pas faire leurs courses parce qu’on ne les laisse pas entrer avec leur enfant dans les supermarchés ». La sénatrice a écrit au secrétaire d’État à la protection de l‘enfance, Adrien Taquet, pour qu’elles soient reconnues comme des personnes vulnérables et qu’elles puissent « recevoir de l’aide ou des visites comme une personne âgée ou handicapée ».

« La justice qui fonctionne mal, ce n’est pas un atout pour les femmes »

La question des violences conjugales a bien été gérée par le gouvernement reconnaît la sénatrice : « le gouvernement n’est pas resté indifférent sur le sujet, il communique beaucoup, il a renforcé le numéro spécial 3919, mis en place la possibilité d’envoyer un SMS, ou encore permis aux pharmacies de devenir un lieu de déposition ». Mais beaucoup reste à faire car l’éloignement du conjoint violent est compliqué à mettre en place avec le confinement. « Je ne pense pas que les conjoints violents sont évincés du domicile aussi vite qu’il devrait l’être ». En cause, la justice qui fonctionne aussi au ralenti. Si les juges aux affaires familiales continuent de prononcer des ordonnances de protection, elles sont peu exécutées par manque de greffiers. « La justice qui fonctionne mal, ce n’est pas un atout pour les femmes ». Laurence Rossignol salue l’initiative prise par les gendarmes dans certains départements qui font de la prévention « ils ont repris les anciens dossiers qu’ils avaient sur des femmes qui étaient venues témoigner de violences conjugales et sont allés d’eux-mêmes faire le tour de ces familles pour voir comment ça se passait, donc ils ont mis ces conjoints violents sous surveillance ».

« On peut vous renvoyer chez vous sans IVG »

L’autre combat de Laurence Rossignol, c’est l’accès à l’IVG. Lors de l’examen du texte urgence sanitaire au sénat, en mars , elle avait déposé des amendements pour prolonger de deux semaines les délais de recours à l’IVG, relayant un appel lancé par des médecins et gynécologues dans Le Monde. Une proposition d’abord refusée par le gouvernement. Mais la sénatrice a de nouveau posé de nouveau la question au ministre de la santé lors des questions d’actualité au gouvernement le 1er avril dernier, et a finalement obtenu gain de cause sur l’IVG médicamenteuse. « La Haute autorité de santé a donné son feu vert pour l’étendre à neuf semaines, contre sept actuellement ». En revanche, les IVG pratiquées dans les hôpitaux ne peuvent pas dépasser le délai légal de 12 semaines, ce que déplore la sénatrice qui demandait que ce délai soit également allongé de deux semaines. « Le planning familial fait remonter des situations difficiles et la prise en charge post-délai va être aléatoire et inégale.  Si vous êtes dans la maison des femmes de Saint-Denis, il est probable que vous ayez une solution, mais si vous êtes dans un endroit où l’on fait jouer la clause de conscience ou si les médecins sont réticents à la pratique, ils peuvent profiter de la désorganisation pour vous renvoyer chez vous sans IVG ».

 

Dans la même thématique

Laurence Rossignol : « En confinement, les femmes sont en première ligne »
3min

Politique

« Il faut sortir du macronisme, parce qu’il a fait beaucoup de mal à la démocratie », affirme Julien Aubert

Michel Barnier comme Premier ministre doit être « un choix d’opposition, de cohabitation » pour Julien Aubert. Sur la situation politique actuelle, Julien Aubert s’affiche en opposition à la politique menée par le camp présidentiel : « Le message des urnes en juin dernier, au premier comme au deuxième tour, c’est ‘on ne veut plus du en même temps, on ne veut plus d’Emmanuel Macron, et on ne veut plus du bloc central’ Qu’est-ce que l’on entend depuis quelques semaines ? Une reconstitution du bloc central ». Pour le vice-président des Républicains, « il faut sortir du macronisme, parce qu’il a fait beaucoup de mal à la démocratie, le ‘en même temps’ a fait beaucoup de mal à la démocratie ». Pour cela, Michel Barnier est « un excellent choix », à condition qu’il soit considéré comme « un choix d’opposition, de cohabitation » précise le vice-président des Républicains. En ce qui concerne les ministres pouvant composer le futur gouvernement, Julien Aubert estime qu’ « il ne sera pas compréhensible pour les électeurs d’avoir un gouvernement de gauche et de macronistes, alors que pendant 7 ans les Républicains ont déclaré qu’ils étaient un parti d’opposition […] et qu’ils avaient un problème de nature avec le macronisme ». Hier matin, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur a annoncé sa démission en diffusant sur X/Twitter sa lettre de démission adressée à Ursula von der Leyen. Dans ce courrier, l’ancien commissaire européen dénonce la gouvernance de la présidente de la Commission européenne : « Il y a quelques jours, dans la toute dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles qu’en aucun cas vous n’avez discutées directement avec moi – et proposé, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France au sein du futur Collège ». Pour Julien Aubert, le fait que « la présidente de la Commission européenne parvienne à forcer le choix d’un Etat fondateur de l’Union en lui faisant un chantage au portefeuille, cela montre bien que l’influence de la France s’est affaiblie ». Dans la foulée de cette démission, Emmanuel Macron a ainsi proposé Stéphane Séjourné pour remplacer Thierry Breton. Un choix que le vice-président des Républicains qualifie de « recasage ».

Le

Paris: Concertation Emmanuel Macron et Nouveau Front Populaire Elysee
10min

Politique

Gouvernement Barnier, destitution, retraites… Les hésitations de la gauche sur la stratégie à adopter

Le Nouveau Front Populaire (NFP) peine à porter une voix commune sur les prochaines échéances parlementaires, malgré la volonté partagée par l’ensemble des groupes de gauche de censurer le futur gouvernement de Michel Barnier. En outre, l’affrontement des derniers jours entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin interroge sur la place de LFI au sein de l’alliance.

Le

Paris: Designation Bureau Assemblee Nationale
5min

Politique

Destitution : la procédure lancée par LFI va-t-elle pour la première fois passer le filtre du Bureau de l’Assemblée nationale ?

Mardi, la recevabilité de la proposition de résolution, déposée par le groupe LFI visant à « engager la procédure de destitution » à l’encontre du chef l’Etat sera examinée par le Bureau de l’Assemblée nationale. Si jamais, le Bureau décidait pour la première fois de transmettre la procédure de résolution à la commission des lois, de nombreuses autres étapes resteraient à franchir afin que la destitution prévue à l’article 68 de la Constitution soit effective.

Le

Current affairs question session with the government – Politics
8min

Politique

Gouvernement Barnier : vers « une confrontation beaucoup plus frontale qu’avant » au Sénat

Avec le soutien de la droite à Michel Barnier, le groupe LR va se retrouver dans la majorité gouvernementale. De quoi tendre les débats face au « front des groupes de gauche » ? Patrick Kanner, à la tête des sénateurs PS, promet déjà une opposition musclée contre le « couple Barnier /Macron ». Il a demandé à ses troupes de « se préparer à une ambiance différente ». Mais pour le sénateur LR Max Brisson, « le Sénat restera le Sénat. Les clivages politiques ne sont pas du tout comparables à ce qu’ils sont à l’Assemblée ».

Le