Laurent Berger juge « totalement irresponsable » d’agiter le sujet des retraites
Le numéro un de la CFDT, invité de la matinale de Public Senat « Bonjour chez vous », a émis ses propositions pour la sortie de crise et marqué ses réticences quant à la réforme de l’assurance chômage et des retraites.

Laurent Berger juge « totalement irresponsable » d’agiter le sujet des retraites

Le numéro un de la CFDT, invité de la matinale de Public Senat « Bonjour chez vous », a émis ses propositions pour la sortie de crise et marqué ses réticences quant à la réforme de l’assurance chômage et des retraites.
Public Sénat

Par Pierre Maurer

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ils ne sont pas d’accord sur tout mais le dialogue « se passe », et doit s’installer jusqu’au mois de « juin » pour « se préparer » à la sortie de crise. Le numéro un de la CFDT, invité ce mardi de la matinale de Public Sénat, « Bonjour chez vous », n’a pas fait mystère des points d’achoppements qui l’oppose au Premier ministre.

Comme sur l’assurance chômage par exemple. « La CFDT va attendre d’avoir le décret et va voir s’il y a de quoi attaquer au Conseil d’Etat. Nous ne nous contenterons pas de ça : nous avons décidé avec les associations d’incarner ce qu’il va se passer au 1 er juillet. Les travailleurs les plus précaires auront une baisse de 20 à 40 % d’indemnités », a-t-il alerté. En clair, le syndicat entend lancer une sorte de campagne de communication pour mettre en lumière les témoignages de certains de ces salariés. « Le taux de réaction des gens à cette réforme est trop faible », s’est-il inquiété, conscient que le gouvernement en profite pour la faire passer. Pourtant, à l’écouter, cette réforme est profondément « injuste », « incohérente », « une décision scandaleuse ».

Laurent Berger : "Nous allons incarner les travailleurs et les chômeurs les plus précaires"
01:26

Prime de 1000 euros et taxe sur les hauts revenus

Autre point de friction : les moyens de sortie de crise. Si Jean Castex a annoncé une prime de 1000 euros, la CFDT aimerait une reconnaissance des travailleurs « sur la durée ». « Cette prime ne peut pas être un solde de tout compte », a objecté Laurent Berger. Le syndicaliste aimerait par exemple qu’elle s’impose de façon plus contraignante aux entreprises. « Il y a eu une opposition assez frontale du Medef en disant que cette prime est une ingérence. On sent une opposition patronale. Mais le ballon est au bon endroit », a-t-il estimé. Par ailleurs, Laurent Berger n’a pas manqué de tirer le signal d’alarme sur la pratique du télétravail, qui doit, selon lui, être mieux encadrée. « En sortie de crise, je crois que le télétravail va s’installer. On constate une intensification du travail, une faiblesse des pauses. Néanmoins, il faudra des limites à cette pratique pour éviter l’isolement », a-t-il souligné.

Laurent Berger serait lui très favorable à une taxe exceptionnelle sur les hauts revenus. « Pour accompagner la sortie de crise, il faut que tous ceux qui ont bénéficié de cette période - comme les très hauts revenus - contribuent », a-t-il argué. Ce besoin résulte de la nécessité, selon lui, de réinstaller une « société du commun ». « Je pense qu’il faut avoir une logique de solidarité », insiste-t-il, et propose de lancer un appel à soutenir les associations. « Attention à ce que le sentiment d’une sécession des plus aisés ne s’ancre pas dans la population, et ils n’ont pas tout à fait tort, les gens. Le risque c’est le RN. Nos libertés collectives et individuelles en souffriraient », a-t-il prévenu. Le Premier ministre n’a pas répondu sur la question d’une telle taxe.

Réforme des retraites : « Vous êtes dingues ! »

Véritable serpent de mer du quinquennat, la réforme des retraites, qui avait suscité un vif mouvement de contestations, demeure en suspens. Systémique ? Paramétrique ? Sera-t-elle mise en œuvre avant la fin du quinquennat ? « Cette petite musique, si ça veut dire que des ministres considèrent qu’on peut faire une réforme paramétrique, c’est-à-dire repousser l’âge de la retraite, je leur dis : vous êtes dingues ! On est dans un pays tendu et ce n’est pas juste », a tonné Laurent Berger. Et de marteler : « Ce serait injuste pour tous les travailleurs de la seconde ligne ! C’est totalement irresponsable ! »

Dans la même thématique

Laurent Berger juge « totalement irresponsable » d’agiter le sujet des retraites
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Laurent Berger juge « totalement irresponsable » d’agiter le sujet des retraites
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Laurent Berger juge « totalement irresponsable » d’agiter le sujet des retraites
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le