- Mise à jour: la proposition de loi sur l'intégration des jeunes majeurs étrangers a été rejetée par le Sénat.
Stéphane Ravacley est présent au Sénat ce mercredi 13 octobre pour assister à l’examen de la proposition de loi, que son action a inspirée. Ce boulanger de Besançon avait fait une grève de la faim très médiatisée en janvier 2021 pour sauver de l’expulsion administrative son apprenti guinéen Laye Fodé Traoré
Il avait embauché pendant un an et demi ce mineur isolé arrivé en France après ses 16 ans alors qu’il ne trouvait personne pour travailler avec lui. Problème, à ses 18 ans il reçoit une « obligation de quitter le territoire », alors qu’il prépare un CAP boulangerie. Un drame d’abord économique et organisationnel pour son patron, démuni, ne sachant pas quoi faire, il entame une grève de la faim.
Stéphane Ravacley raconte : « C’est à la majorité de ce jeune homme qu’est arrivée son OQTF, son « Obligation de Quitter le Territoire », et de ce fait, je perdais 1 tiers de mes équipes au fournil. On ne parle pas d’humanité, là on parle simplement de travail. Et je me suis dit que ce n’était pas possible de perdre un tiers de mes gars au fournil. Et donc j’ai pensé une nuit que dans les années 80 on faisait des grèves de la faim pour des écrivains qui étaient en prison, et donc je me suis dit, il faut que je fasse quelque chose d’important et j’ai commencé ma grève de la faim le 3 janvier 2021. »
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon raconte sa grève de la faim
La grève de la faim dure 10 jours et son histoire est fortement médiatisée. Il reçoit même la visite de journalistes américains et chinois. Le 13 janvier, la préfecture finit par céder, elle annonce au boulanger que son apprenti obtiendra finalement un titre de séjour.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Stéphane Ravacley a reçu des centaines de milliers de soutiens et aussi des questions d’autres employeurs, comme lui, dans la même situation. Il décide alors de créer « Patrons Solidaires » , pour aider à régulariser les jeunes qui sont dans des entreprises en demande de main-d’œuvre.
En boulangerie, en restauration et dans beaucoup de métiers, il existe selon Stéphane Ravacley 1 million de postes non pourvus. Raison de plus de ne pas menacer d’expulsion les employés qui occupent des postes, dont personne d’autre ne veut d’après le boulanger.
Quand il apprend que son initiative est à l’origine d’une proposition de loi, le Bisontin est très touché, car pour lui ce texte répond à une problématique économique et sociale. Il tient à être présent au Sénat pour regarder les opposants à cette loi dans les yeux, pour leur montrer que son combat est juste et soutenu par de nombreux citoyens.
Il estime que : « Symboliquement parlant c’est fort, parce qu’on sera dans le secteur visiteur de l’hémicycle du Sénat, et j’espère bien qu’à un moment, ils seront obligés de lever la tête pour me regarder pour dire : oui on fait partie de ceux qui n’ont pas voté pour vous et le problème sera toujours là, et peut-être dans six mois nous aurons un nouveau gréviste de la faim… ce n’est pas normal ! »
Et Stéphane Ravacley de poursuivre : « Il n’y a personne à la place de ces gamins, personne ! On fait quoi on ferme les entreprises ? Les petites entreprises comme la mienne, si on n’a pas ces personnes-là, on ferme le fournil parce qu’on ne peut plus travailler. Et les plaquistes, les mécaniciens c’est la même chose.
Sans surprise, la proposition de loi a été rejetée dans la soirée.
Il a réussi à obtenir en quelques jours 50 000 signatures de soutien au texte de loi. Quoi qu’il en soit, il continuera son combat pour aider les apprentis menacés d’expulsion. En parallèle, il est toujours boulanger à Besançon et Laye Fodé Traoré travaille toujours avec lui.