Le maintien ou non en poste du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, agitait lundi les milieux militaires, d'autant qu'Emmanuel Macron multiplie depuis plusieurs jours les rappels à l'ordre brutaux à son égard.
Le chef d’état-major passera-t-il la semaine ?
Le maintien ou non en poste du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, agitait lundi les milieux militaires, d'autant qu'Emmanuel Macron multiplie depuis plusieurs jours les rappels à l'ordre brutaux à son égard.
Par Daphné BENOIT
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Le maintien ou non en poste du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, agitait lundi les milieux militaires, d'autant qu'Emmanuel Macron multiplie depuis plusieurs jours les rappels à l'ordre brutaux à son égard.
Après avoir sèchement recadré le général de Villiers devant un parterre militaire à la veille du 14 juillet, en lui reprochant, sans le nommer, d'avoir mis de façon "indigne" une polémique budgétaire "sur la place publique", le président a enfoncé le clou dimanche en n'excluant pas de lui retirer sa confiance.
"Si quelque chose oppose le chef d'état-major des armées au président de la République, le chef d'état-major des armées change", a asséné M. Macron dans les colonnes du Journal du Dimanche, en déclarant dans la foulée que "l'intérêt des armées doit primer sur les intérêts industriels".
Le chef de l'Etat et le général de Villiers, qui doit être reçu vendredi à l'Elysée, "vont prendre une décision ensemble", a tenté de temporiser lundi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Mais la crise est clairement ouverte entre le chef des armées et le haut gradé, alors même que Pierre de Villiers, 60 ans, venait d'être reconduit dans ses fonctions pour une dernière année.
A l'origine de la colère du chef de l'Etat, les critiques formulées par le général sur les 850 millions d'euros d'économies réclamées cette année aux armées, dans un contexte de serrage de vis budgétaire global en 2017, avec une baisse prévue de 4,5 milliards d'euros des dépenses de l'Etat.
"Le grand écart entre les objectifs assignés à nos forces et les moyens alloués n’est plus tenable", a averti le chef d'état-major devant la commission de la Défense à l'Assemblée nationale réunie à huis clos.
Dans une tribune publiée vendredi par Le Figaro, Pierre de Villiers a également appelé à "préserver l'indispensable cohérence entre les menaces, les missions et les moyens" à l'heure où la France est engagée tous azimuts contre le terrorisme, du Sahel (Barkhane) au Moyen-Orient (Chammal) en passant par le territoire national (Sentinelle).
Et dans une "lettre à un jeune engagé", vendredi sur sa page Facebook il semble adresser des messages subliminaux à l'exécutif : "Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi". La confiance "doit être nourrie jour après jour, pour faire naître l'obéissance active, là où l’adhésion l'emporte sur la contrainte".
- 'Doute et méfiance' -
Le président de la République, Emmanuel Macron (au premier plan), et le chef d'état-major des armées, Pierre de Villiers, le 14 mai 2017 à Paris
POOL/AFP/Archives
Pour les armées, l'arbitrage budgétaire annoncé la semaine passée est d'autant plus dur à digérer que le président Macron avait multiplié les signaux favorables en direction des militaires depuis son arrivée au pouvoir.
Remontée des Champs-Elysées à bord d'un command car puis visite à des blessés de guerre le jour de son investiture, déplacement sur la base militaire française de Gao, au Mali, ou encore, plus récemment, hélitreuillage à bord du sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) Le Terrible...
Au-delà des symboles, le chef de l'Etat s'est engagé dès son arrivée à consacrer 2% du PIB à l'effort de défense d'ici 2025, conformément à ses engagements de campagne.
"Malgré une communication présidentielle qui pouvait laisser espérer une réelle considération envers les militaires, le voile est tombé", critique lundi le général à la retraite François Chauvancy, dans une tribune au Monde. "Un chef qui humilie un grand subordonné et serviteur de l’Etat laisse aussi place au doute et à la méfiance dans la communauté militaire", estime-t-il encore.
"La défense ne pouvait pas échapper aux réductions budgétaires", juge au contraire dans le même journal le général Jean-Paul Palomeros, ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air proche de M. Macron. Et de rappeler que le président a promis d'augmenter le budget défense en 2018, à 34,2 milliards d’euros.
Dans l'attente du dénouement de la crise entre le président et son chef d'état-major des armées, les spéculations allaient bon train autour du nom d'un éventuel successeur.
Parmi les nombreux prétendants potentiels figureraient le chef d'état-major de l'armée de l'air André Lanata, ou encore le général Grégoire de Saint-Quentin, actuel sous-chef d'état-major "opérations" et ancien chef du Commandement des opérations spéciales (COS), selon des sources proches du dossier.
Alors que le Sénat est amené à débattre et à voter sur la stratégie de défense nationale ce lundi, le groupe communiste présente une proposition de loi visant à fiscaliser les bénéfices réalisés par les industriels de la défense.
Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges est revenu sur l’accord de libre échange entre l’UE et les pays du Mercosur dont la ratification doit être signée vendredi par les États membres. Sur fond de crise agricole, Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron, opposés au traité, ont réclamé le report du vote. Jean-Louis Bourlanges lui l’assure : le traité du Mercosur « permettra de conquérir de nouveaux marchés ».
Le 18 décembre, lors du Conseil européen à Bruxelles, les 27 devraient donner leur feu vert à l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Prise en étau entre les droits de douanes américains et la Chine, l’Union européenne cherche de nouveaux débouchés pour son industrie et son agriculture. Mais certains pays, comme la France, craignent un dumping sur les prix et les normes environnementales. Alors l’accord avec le Mercosur est-il un bon deal pour l’UE ? « Ici l’Europe » ouvre le débat, avec les eurodéputés Saskia Bricmont (Les Verts/ALE, Belgique) et Charles Goerens (Renew, Luxembourg).
Le surpoids semble être la nouvelle épidémie du XXIè siècle. En France, près de la moitié de la population est concernée, constituant un véritable enjeu de santé publique. De quoi alerter le législateur qui entend renforcer les mesures de prévention et d’accompagnement sur le sujet. Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Brigitte Devésa et le nutritionniste créateur du nutri-score Serge Hercberg pour en débattre dans l’émission Et la santé ça va ?.