Le Conseil national de la refondation « peut déboucher sur des référendums », affirme Emmanuel Macron
Le CNR s’est ouvert à huis clos ce jeudi, en l’absence notable des partis d’opposition, qui sèchent l’instance voulue par Emmanuel Macron. Elle vise à « bâtir du consensus ». « Les absents ont toujours tort », rétorque le chef de l’Etat. « La politique de la chaise vide n’a jamais été une politique pour la CFDT », soutient son numéro 1, Laurent Berger, présent. Mais si la démarche n’est « pas loyale », « on en tirera les conclusions »…
C’est parti. Le Conseil national de la refondation (CNR) est officiellement lancé. C’est au centre national du rugby, à Marcoussis, qu’Emmanuel Macron a donné le coup d’envoi de cette nouvelle instance censé mettre en œuvre la « nouvelle méthode » promise par le chef de l’Etat. L’ambition est de mettre autour de la même table « les forces politiques, les forces syndicales, patronales, les associations d’élus et l’ensemble de ceux qui représentent le monde associatif » pour « bâtir des consensus sur la situation de la France et son avenir ». Et si affinité, formuler des propositions.
Emmanuel Macron entend faire plancher les participants avant tout sur « l’école, la santé, le travail », « on va très vite lancer des actions concrètes ». La question de la « transition climatique et démographique, avec le grand âge », sera aussi au programme. L’idée est de « faire maturer ces questions au niveau national et local ». Et la liste des sujets reste ouverte.
Emmanuel Macron promet « une consultation nationale très large » des citoyens
« C’est une innovation démocratique et surtout une méthode pour avancer ensemble », soutient le Président. Le CNR sera rapidement « décliné » en CNR locaux, où les citoyens auront cette fois la parole. « Je veux mettre nos compatriotes au cœur des grands choix de la Nation », soutient Emmanuel Macron, qui annonce « une consultation nationale très large ouverte dès la semaine prochaine ». De quoi donner un peu au CNR des airs de grand débat, qui avait permis à Emmanuel Macron de se sortir du guêpier gilets jaunes… Un site Internet sera également mis en ligne.
Les travaux du CNR pourront-ils déboucher sur un référendum ? « Je n’exclus rien » répond Emmanuel Macron, « si le processus que nous lançons aujourd’hui permet de découler sur cela, nous le ferons ». Le chef de l’Etat avait cependant déjà fait miroiter un référendum pour la Convention citoyenne sur le climat. On l’attend toujours. « Ce CNR a une part d’accouchement collectif. On doit créer du consensus, on doit essayer de rapprocher les positions, dire sur quoi on est d’accord ou pas. […] Donc oui, ça peut déboucher aussi sur des référendums », insiste le Président (voir la première vidéo).
Pour présenter « les grands défis » de la France, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré, et le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, ont été invités pour donner le cadre. « Refonder, c’est préparer l’avenir. Et on ne peut pas faire de bonne politique publique si on n’a pas aussi des finances publiques saines et si on n’est pas capable d’investir dans l’avenir. Et pour ça, il faut à la fois préserver nos recettes et maîtriser nos dépenses », soutient Pierre Moscovici.
« Les 12 qui ne sont pas là ont tort » lance Emmanuel Macron
Un projet ambitieux ce CNR… déjà tué dans l’œuf, à peine commencé ? Car le lancement du Conseil national de la refondation se fait avec quelques absents remarqués, comme on le sait. L’ensemble de l’opposition – LFI, PS, EELV, PCF, LR, RN – a préféré sécher l’invitation. Gênant, quand on veut rapprocher tout le monde et créer du consensus. Le président du Sénat, le LR Gérard Larcher, voit dans le CNR une « forme de contournement du Parlement ». Et seuls trois syndicats réformistes, CFDT, CFTC et Unsa, ont fait le déplacement. Mais la CGT, FO, Solidaires, la FSU et la CFE-CGC (cadres) ont refusé de venir.
« 52 personnes représentant les forces politiques, élus, sont invités. 40 sont là. Les 12 qui ne sont pas là ont tort. Quand on a un mandat on a un mandat pour représenter, parler, dire qu’on n’est pas d’accord. Quand on n’est pas là, il ne faut pas après expliquer qu’on n’a pas été consulté ou que c’est trop vertical. Il y a une forme de bon sens qui dit que les absents ont toujours tort », lâche Emmanuel Macron devant la presse (voir vidéo ci-dessous). Reste que Edouard Philippe lui-même n’est pas là. Il est au Québec. « Sa force politique est représentée aujourd’hui par une maire », balaye le chef de l’Etat, qui souligne qu’en revanche, « toutes les associations d’élus sont représentées, qu’une majorité des syndicats représentatifs sont présents ».
Laurent Berger : « Je n’ai pas peur du syndrome de Stockholm »
Pour ce qui est des associations d’élus, il s’en est fallu de peu pour qu’elles ne viennent pas non plus. Emmanuel Macron les a rattrapées par le col, en recevant Territoires unis, qui rassemble l’AMF, l’Association des départements de France et Régions de France, qui ont obtenu quelques garantis pour l’avenir. Et encore, ce jeudi matin, le président LR de l’Association des maires de France, David Lisnard, est finalement représenté par Guy Geoffroy, maire de Combs-la-Ville. Pour Régions de France, c’est le centriste Hervé Morin qui a fait le déplacement, et non sa présidente socialiste Carole Delga. Selon Politico, Gérard Larcher a peu apprécié le revirement de ces trois présidents d’associations d’élus. « Il est vénère », affirme même à la newsletter un sénateur. La faute notamment à « David Lisnard (qui) a flanché », selon un autre. Mais ce dernier s’est donc fait remplacé.
De son côté, Laurent Berger, numéro 1 de la CFDT, explique à son arrivée « attendre des éclaircissements sur la méthode, savoir si c’est une démarche loyale ou si ce n’est pas le cas. Si ce n’est pas le cas, on en tirera les conclusions »… Mais « la politique de la chaise vide n’a jamais été une politique pour la CFDT », ajoute le syndicaliste, qui ajoute que « ceux qui ne sont pas là ne pourront pas dire ce qu’ils pensent. Moi, je n’ai pas peur du syndrome de Stockholm, je n’ai pas peur que le président de la République me convainc sur tel sujet sur lequel je ne suis pas d’accord ».
« C’est plus qu’à l’arrache »
Ces refus successifs ont compliqué la tâche des organisateurs. Le flou qui régnait sur la liste précise des participants – parmi lesquels on trouve aussi France nature environnement, la Ligue de protection des oiseaux, WWF-France, La Fondation Abbé Pierre ou encore l’Union nationale des associations familiales – n’a été dissipé qu’à la dernière minute. « C’est plus qu’à l’arrache », confie-t-on au sein de l’une des organisations invitées, « ils ont eu des refus jusqu’au dernier moment » et ils ont essayé « de dealer » la venue d’un tel ou d’un tel, selon cet observateur.
Nouvelle méthode, mais pas de transparence. A Marcoussis, les discussions se font toute la journée à huis clos. Une demande de certains participants, pour faciliter les échanges. « Il y a eu pas mal de difficultés dans l’organisation, dans la méthodologie. Ce n’est pas moi le responsable. Que la réunion se passe dans ces conditions-là ne me paraît pas illogique », soutient Laurent Berger, qui souhaite « qu’on ne soit pas dans une démarche de communication ». Mais sur le huis clos proprement dit, « quand on m’a demandé, j’ai dit « vous êtes bien gentil mais ce n’est pas moi qui organise le truc. Donc vous vous démerdez ! ». Et ils ont pris leur décision », s’emporte le numéro 1 de la CFDT.
« La clef, c’est d’installer la confiance. J’ai laissé le choix. A partir du moment où il n’y avait pas de consensus sur l’ouverture du débat, on prenait le risque que des postures soient prises, que certains ou certaines soient mal à l’aise. J’assume parfaitement ça pour que la confiance se crée », répond Emmanuel Macron, mais « sur le terrain, ce sera ouvert », promis. Du côté de l’un des participants, on soutient qu’« il n’a jamais été question que ce soit ouvert ».
Macron aux participants : « Des plaids sont à disposition »
Sous l’immense toit qui recouvre le terrain synthétique de rugby, un terrain couvert, mais ouvert sur les côtés, le chef de l’Etat se dirige vers les participants, qui l’attendent debout, autour d’un café. Après quelques salutations, l’aréopage s’installe sur les tables. Le font de l’air est frais. « L’optimisme a aussi prévalu chez les organisateurs qui nous ont mis dehors et je m’en excuse auprès de celles et ceux qui ont déjà froid », commence Emmanuel Macron, qui indique que « des plaids sont à disposition pour ceux qui en souhaitent. Vous pouvez lever la main, il y a des équipes techniques qui peuvent vous en fournir, des cafés des thés »… Un huis clos un peu à ciel ouvert. Le chef de l’Etat rassure tout le monde : si besoin, « on continuera les travaux à l’intérieur, déjeuner et après-midi ». A quoi ça tient le succès du CNR.
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.
Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…
Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.
Si une semaine après le renversement du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron est sur le point de nommer un nouveau Premier ministre, la situation politique française inquiète particulièrement les eurodéputés à Bruxelles que certains comparent à celle en Allemagne.
Le
Le direct
Comment prévenir la récidive des violences sexuelles ?
Comment prévenir la récidive des violences sexuelles ?