Ce mardi, Marc Ferracci, ministre délégué de l’Industrie, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Alors que le projet de loi de finances sera présenté jeudi, le ministre est revenu sur la proposition de Michel Barnier d’augmenter les impôts des grandes entreprises. Il a par ailleurs admis que la suggestion de Gérald Darmanin de mettre fin aux 35 heures « n’était pas une priorité ».
Le coronavirus menace la zone euro et l'”avenir politique de notre continent”, prévient Le Maire
Par Public Sénat
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Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a averti jeudi devant l'Assemblée nationale que la crise du coronavirus menaçait l'existence même de la zone euro et "l'avenir politique de notre continent".
"Soit la zone euro réagit de manière unie à la crise économique et elle sortira plus forte, soit elle réagit en ordre dispersé et elle risque de disparaître. Notre responsabilité dépasse donc les seules questions économiques et financières. Il en va de l'avenir politique de notre continent", a-t-il déclaré devant quelques députés, à l'ouverture des débats sur le projet de loi de finances rectificative.
Le ministre a salué les décisions prises jusqu'alors, des 1.000 milliards d’euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, au programme d’achat d’actifs annoncé par la Banque centrale européenne.
Selon lui, "la crise actuelle montre cruellement nos faiblesses et nos dépendances" et "dans beaucoup de secteurs industriels stratégiques, par exemple le médicament, nous sommes trop dépendants des approvisionnements en Asie". "Nous devons repenser la mondialisation à l'aune du principe de souveraineté", a-t-il affirmé.
Le projet de loi de finances rectificative présenté met en place une garantie de l'Etat des prêts bancaires accordés aux entreprises à hauteur de 300 milliards d'euros. Combiné à un projet de loi d'urgence qui sera examiné vendredi, il prévoit un arsenal immédiat de 45 milliards d'euros pour soutenir les entreprises en difficulté et le chômage partiel des salariés, dont 32 milliards de report voire d'annulation de charges.
"Les prestataires et les fournisseurs doivent être payés en temps et en heure. Certaines entreprises s’estiment exonérées du paiement de leurs factures à cause de la crise sanitaire que nous vivons. C’est inacceptable et c’est dangereux pour des milliers de petites et moyennes entreprises prestataires", a relevé M. Le Maire, exigeant le respect des règles.
"Nous sommes entrés dans une guerre économique et financière. Cette guerre sera longue. Cette guerre aura un coût, que nous ne pouvons pas estimer totalement au moment où je vous parle", a martelé M. Le Maire, alors que le projet de loi prévoit déjà un recul de 1% du PIB français en 2020.
Le ministre a fait applaudir in fine "toutes ces travailleuses et tous ces travailleurs qui assurent la continuité économique de notre Nation".
Plusieurs députés ont souligné que ces premières mesures françaises, bien qu'"indispensables", ne suffiront pas.
Des parlementaires de droite comme de gauche ont plaidé pour une annulation des charges des entreprises, plutôt que des reports, et un "véritable plan de bataille européen" (Patricia Lemoine, UDI-Agir).
Chez les Insoumis, Jean-Luc Mélenchon a appelé à faire "naître le neuf" de cette crise du coronavirus, une "maladie globale de la civilisation et de l'écosystème" et a réclamé "souveraineté", "relocalisation" et "politique écologique".
Même s'il votera ce budget rectificatif, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a critiqué "le manque d'anticipation" du gouvernement dans la production de masques pour le personnel soignant.