Le délitement du PS s’accentue à la faveur des législatives
Déchiré sur l'attitude à adopter face au gouvernement d'Emmanuel Macron et à ses premières réformes, le PS poursuit sa lente désagrégation...
Par Stéphanie LEROUGE
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Déchiré sur l'attitude à adopter face au gouvernement d'Emmanuel Macron et à ses premières réformes, le PS poursuit sa lente désagrégation durant la campagne des législatives, avant une sans doute inévitable "clarification".
Tant sur la stratégie que sur le fond, l'heure est au grand écart.
Ancien candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon a profité de son passage sur RMC mercredi pour interpeller ses anciens collègues du gouvernement Valls sur la suspension du compte pénibilité, confirmée la veille par le Premier ministre Edouard Philippe.
"A Marisol Touraine, à Stéphane Le Foll, à tous ces gens de gauche qui veulent être +constructifs+ avec le gouvernement, je leur dis: +Vous êtes d'accord avec le moratoire sur le compte pénibilité?+", a-t-il demandé.
L'ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, lors d'une édition de "l'Emission politique" sur France 2, ) Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, le 18 mai 2017
AFP/Archives
L'ancien ministre de l'Education rejette également le projet de M. Macron de réformer le code du travail par ordonnances, alors que ni Myriam El Khomri ni Stéphane Le Foll n'en font un casus belli.
"Le préalable est qu’il y ait, avant toute présentation au Parlement, une vraie négociation avec les partenaires sociaux, un vrai dialogue", a affirmé à Libération mardi l'ancien ministre de l'Agriculture.
Dans sa propre plateforme programmatique, approuvée le 9 mai, le PS l'écrit pourtant noir sur blanc: "pas de recours aux ordonnances et pas de recul des droits des salariés sur le code du travail".
- 'Salade niçoise' -
Même cacophonie sur l'appartenance ou non à la "majorité présidentielle" d'Emmanuel Macron.
Si une grosse vingtaine de députés PS sortants ont obtenu en bonne et due forme l'investiture de la République en marche, ils sont nombreux, parmi les candidats investis par le PS, à se réclamer de la "majorité présidentielle" sans en avoir le label, à l'instar des anciennes ministres Myriam El Khomri et Marisol Touraine.
Saisie du cas de cette dernière par les militants d'Indre-et-Loire, la commission des conflits du PS n'a pas encore statué, selon un responsable du PS.
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis à Paris, le 9 mai 2017
AFP
M. Cambadélis désapprouve ce choix, alors que la ligne du parti est celle d'une "autonomie constructive", mais il estime que l'heure n'est pas à des sanctions. "On a déjà exclu énormément de monde, on a défini une politique vis-à-vis de ceux qui sont partis à En Marche, maintenant place à la campagne!", plaide-t-il.
Les électeurs ne risquent-ils pas de s'y perdre? "Les élections législatives, ça a toujours un côté salade niçoise, mais globalement les ingrédients sont là", balaye-t-il.
Pas de sanction non plus à attendre vis-à-vis de Benoît Hamon, qui a annoncé la semaine dernière son soutien à une dizaine de candidats, dont certains se présentent face des candidats investis par le parti.
Invité mercredi de "Questions d'info" (AFP/LCP/Le Monde/franceinfo), M. Cambadélis lui a simplement adressé des remontrances. "Je pense qu'il a tort. Contre Manuel Valls il peut le faire parce qu'il n'y a pas de candidat socialiste et il a le droit de le faire (...) Vis-à-vis de (la militante féministe) Caroline De Haas (qui se présente contre Mme El Khomri, NDLR) c'est quelque chose qui n'est pas acceptable", a-t-il jugé.
Un autre responsable du parti se montre plus virulent, sous couvert d'anonymat. "Benoît Hamon n'est plus au Parti socialiste (...) On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre (...) Je vais lui dire +casse-toi+", s'énerve-t-il.
Combien de temps les socialistes tiendront-ils dans le même parti? "Nous verrons. Il y aura des discussions, une clarification avec tous les acteurs du parti", élude Stéphane Le Foll auprès de Libération.
Pour un proche de Manuel Valls, la clarification se fera au moment de la constitution des groupes à l'Assemblée, et du vote ou non de la confiance au chef du gouvernement. "Ma conviction, c'est que des gens comme Benoît Hamon ou Manuel Valls dans le même groupe c'est terminé. Même Benoît Hamon et Stéphane Le Foll", dit-il.
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