Le député PS Sébastien Pietrasanta, ancien maire d'Asnières (Hauts-de-Seine), a été renvoyé en procès pour "concussion", soupçonné d'avoir gracieusement prêté les locaux de l'hôtel de ville à l'un de ses adjoints afin qu'il tourne un film, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.
Ce renvoi en correctionnelle, ordonné le 5 mai, est l'un des épisodes du feuilleton dit du "porno soft d'Asnières", après le tournage en 2014 d'un modeste film, "Korruption" - en fait une bande-annonce - dans les locaux de la mairie.
Le réalisateur, Julien Richard, adjoint de M. Pietrasanta à l'époque, s'était prévalu d'une association pour tourner son œuvre sans payer la location des lieux.
Estimant que la commune avait été lésée, son successeur Manuel Aeschlimann (LR) avait déposé plainte pour prise illégale d'intérêts au nom de la commune.
Le juge d'instruction n'a pas retenu ce délit. En revanche, il a mis en examen, puis renvoyé en correctionnelle, M. Pietransanta pour concussion, pour avoir "dispensé Julien Richard du paiement de la redevance due pour l'utilisation du domaine public", d'autant que l'association, sans utilité d'intérêt général, chapeautait une société commerciale.
M. Pietrasanta "n'a pas voulu volontairement donner un avantage", "on ne le suspecte pas de s'être enrichi", a commenté son avocat, Me Alexandre De Konn. "Le préjudice éventuel de la commune est censé être de 2.000 euros. La municipalité a dépensé bien plus pour tenter de faire condamner M. Pietrasanta", a-t-il ajouté.
L'avocat de Julien Richard, renvoyé en procès pour recel, n'était pas en mesure de réagir dans l'immédiat.
Le tournage du court métrage, en avril 2014, peu avant le départ du maire PS, avait été révélé deux mois plus tard par M. Aeschlimann, qui en avait diffusé des extraits lors d'un conseil municipal.
Y apparaissent notamment des femmes dans une pose lascive. Le maire avait accusé son prédécesseur d'avoir "dégradé" l'image de la ville "en tournant ce qu'il est commun d'appeler un film porno soft".
La justice avait relevé que les images projetées lors du conseil résultaient d'un "montage effectué de manière à faire croire au public que les quelques plans montrant des jeunes femmes partiellement dénudées avaient été tournés dans les locaux mêmes de la mairie, ce qui n'est pas le cas". Ils étaient en effet issus d'une banque d'images.
M. Aeschlimann, condamné en mars 2016 pour diffamation, avait fait appel. La cour d'appel de Paris rendra sa décision le 18 mai.