Le Front national a entamé mardi lors d'un bureau politique son travail de "refondation" largement souhaité en interne, en lançant "sept groupes de travail" avant un séminaire dans la deuxième moitié de juillet.
"Sept groupes de travail, constitués de membres du Bureau politique et de cadres du mouvement, vont se réunir au cours des trois prochaines semaines pour évoquer différentes questions (programme et thèmes de campagne, stratégie, fonctionnement du mouvement, animation et gestion des fédérations, organisation des campagnes électorales et réunions publiques, propagande et communication, élus et implantation locale)", annonce un communiqué du parti.
Les frontistes se sont inscrits dans ces ateliers qui désigneront un rapporteur par thème, avant un "séminaire de travail qui se réunira au cours de la deuxième quinzaine de juillet", probablement au siège du parti à Nanterre, avec "des décisions qui en résulteront".
Le FN avait déjà tenu un séminaire début février 2016 sans qu'il n'aboutisse à d'inflexions majeures.
D'après le communiqué, la date pour le prochain congrès FN a été fixée à "février ou mars 2018", le dernier congrès du parti datant de novembre 2014 à Lyon.
Un membre de longue date de ce BP, critique des orientations actuelles de la direction frontiste, a assuré à l'AFP que c'était "la première fois de mémoire FN que je vois une volonté réelle de faire un débriefing sur la campagne... La question c'est de savoir ce qu'on en fera".
Sur le fond, certains participants ont demandé que soit pris en compte le rejet de la sortie de l'euro voulue par le FN dans une partie de l'électorat, ou plus généralement que le parti adresse plus de signaux à l'électorat de droite qui a fait défaut aux candidats frontistes aux législatives dans le Sud-Est.
Alors que de nombreux frontistes jugent décevants les résultats de la séquence présidentielle-législatives et que certains en imputent une part de responsabilité à Florian Philippot, l'eurodéputé, à la sortie de ce BP, a estimé devant la presse que cette réunion s'est déroulée dans "une ambiance vraiment très positive et dans la camaraderie, la courtoisie, comme l'a demandé Marine Le Pen" la veille lors d'une conférence de presse à Hénin-Beaumont.
D'après plusieurs participants interrogés par l'AFP, l'ambiance était en effet "constructive", "relativement sereine" ou "sans grande animosité", même si plusieurs frontistes (dont les eurodéputés Gilles Lebreton, Bernard Monot, Bruno Gollnisch ou le conseiller régional et frontiste depuis 1983 Jean-Marc de Lacoste-Lareymondie) ont reproché à M. Philippot le lancement le 15 mai de l'association "Les Patriotes", jugé intempestif en pleines campagnes législatives.
D'après ces sources, l'eurodéputée Sophie Montel est vivement intervenue pour dénoncer les critiques visant M. Philippot dont elle est la principale lieutenante interne, s'attirant un recadrage de Marine Le Pen visant notamment des tweets de ses proches pendant la campagne ou les résultats du FN dans sa région de Bourgogne-Franche-Comté.
Florian Philippot, qui n'a pas répondu à l'AFP, serait resté plutôt "en retrait" pendant les six heures de réunion.
Le parti d'extrême droite se réunissait en "BP" pour la première fois depuis fin 2016.
Le parti en a refusé l'accès mardi matin à Jean-Marie Le Pen, exclu en août 2015 en tant que membre du FN mais rétabli mi-novembre par décision de justice comme président d'honneur.