Sa déclaration est isolée dans son parti mais témoigne d’une certaine réactivité à vouloir éteindre l’incendie. Alors qu’il était interrogé sur notre antenne et celle de Sud Radio sur le communiqué de 33 rédactions dénonçant « l’entrave à la liberté » par le Front national, Wallerand de Saint Just a pris la défense d’Audrey Pulvar. La journaliste de CNews, a été suspendue mercredi par sa direction pour avoir signé une pétition intitulée « Féministes, nous ne voulons pas du Front National. Nous votons Emmanuel Macron ! » Moins de 48 heures après, le trésorier du Front national et membre du conseil stratégique de Marine Le Pen estime que « CNews a eu tort » :
« Je suis contre cette sanction contre madame Pulvar. Je suis tout à fait d'accord que les journalistes puissent être militants. Mais il ne faut pas que les journalistes militants se plaignent que les responsables politiques leur répondent vigoureusement, les attaquent et les mettent en cause. »
Mais pour David Doucet, journaliste aux Inrocks, spécialiste du Front national, cette prise de position est « contradictoire ».
"Le FN essaye de se montrer très libertaire depuis quelques années", selon David Doucet
Images : Héloise Grégoire et Nelson Getten
« Lorsqu’on voit les raisons pour lesquelles Audrey Pulvar a été suspendue, cela part quand même de manifestations sur les réseaux sociaux d’indignation de dirigeants FN, c’est quand même très ambigu », relève le journaliste, auteur de « Histoire du Front national ».
Démission du président par intérim Jean-François Jalkh
Jean-François Jalkh, nommé président par intérim du parti nommé après la mise en congé de Marine Le Pen lundi soir, ne sera pas non plus resté une semaine à la tête de ses nouvelles fonctions, après les révélations sur la mise en avant de thèses négationnistes.
Cité dans un extrait d’un numéro de la revue « Le Temps des savoirs » datant de 2005, Jean-François Jalkh déclarait : « Le problème des chambres à gaz, mais moi je dis qu'on doit pouvoir discuter même de ce problème ». Se défendant d’être négationniste, l’ancien eurodéputé cite pourtant dans le même entretien les travaux Robert Faurisson sur l'utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz.
Contestant les propos qui lui sont attribués, malgré l’assurance de la chercheuse qui l’avait interrogé, Jean-François Jalkh a reçu l’appui de cadres du Front national comme le secrétaire général Nicolas Bay qui a déclaré que « l’accusation » n’était « absolument pas fondée ».
Vendredi, c’est le maire d'Hénin-Beaumont et député européen Steeve Briois qui a pris le relais à la présidence par intérim. L’annonce a été faite par Louis Aliot, sur BFMTV et RMC. « Aujourd'hui, c'est M. Briois qui prend la suite. Point à la ligne, l'affaire est close », a-t-il conclu, pressé de tourner la page.
Officiellement, Jean-François Jalkh « n’a pas souhaité remplir cette mission », selon Marine Le Pen, interrogée lors de son retour à Paris ce vendredi à la mi-journée. « Il est très affecté par la polémique qu’il considère comme profondément injuste », a ajouté la candidate.
Jean-François Jalkh "est très affecté par la polémique", selon Marine Le Pen
Ce départ est-il seulement le fruit d’une décision personnelle dans ce contexte d’entre-deux-tours ? « Pour Marine Le Pen, cela va de pair avec sa stratégie de dédiabolisation, montrer qu’il n’y a pas de place pour ce genre de propos à la tête du FN. Elle montre que la dédiabolisation n’est pas seulement un effet de façade », observe David Doucet. « Le FN veut montrer qu’il est très réactif pour toutes les questions ou polémiques qui pourraient surgir dans les médias ».
La position s’inscrit en tout cas dans la lignée de sa déclaration faite début 2011, à travers laquelle elle indiquait que les camps nazis étaient « le summum de la barbarie ». Une volonté nette de « marquer une rupture » avec les références de son père, « au moins en apparence » selon David Doucet.
FN : "Une volonté de marque une rupture avec son père", observe David Doucet
Images : Héloise Grégoire et Nelson Getten
Cette nouvelle affaire mêlant l’histoire de la Seconde Guerre mondiale à la campagne présidentielle en rappelle une autre. Les propos de Marine Le Pen sur la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’Hiv avaient donné lieu à la publication d’un communiqué quelques heures seulement après l’interview.