Le gouvernement annonce la fin de la gratuité des tests Covid, les sénateurs réagissent

Le gouvernement annonce la fin de la gratuité des tests Covid, les sénateurs réagissent

A l’issue du conseil de défense sanitaire, le porte-parole du gouvernement a annoncé la fin de la gratuité des tests de dépistage pour mi-octobre et le rétablissement du port du masque dans les lieux concernés par le passe sanitaire. Pour les personnes à risque, une campagne de rappel pour une 3e dose de vaccin sera lancée en septembre.
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Par Héléna Berkaoui

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« La crise sanitaire n’est pas derrière nous », a asséné Emmanuel Macron en amont du conseil de défense sanitaire qui s’est tenu mercredi 11 août. Une déclaration qui prend tout son sens face à la dégradation rapide de la situation sanitaire aux Antilles où la Guadeloupe et la Martinique connaissent un nouveau confinement. Du côté du Sénat, ses propos font réagir.

Tests PCR payants, passe sanitaires dans les centres commerciaux, …

A l’issue de ce conseil, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, a, lui, énoncé une série de mesures pour tenter de freiner la 4e vague qui frappe la France. En Guadeloupe, un confinement renforcé est instauré, similaire à celui déjà appliqué en Martinique. Les restaurants, bars et plages vont donc devoir fermer. Pêle-mêle, il a annoncé la fin de la gratuité des tests de dépistage sans prescription médicale dès la mi-octobre, le retour du port du masque obligatoire dans les lieux concernés par le passe sanitaire ; et une campagne de vaccination à destination des personnes les plus vulnérables face au virus. Elles se verront proposer une 3e dose mi-septembre.

« Nous subissons une quatrième vague et je crois que toutes les mesures pour lutter contre la pandémie sont nécessaires voire indispensables », commente  Henri Leroy, sénateur LR des Alpes-Maritimes qui ajoute « honnêtement, quand on voit mourrir des gens, quand on voit la situation sanitaire aux Antilles, on ne peut pas être négligeant ».

Autre annonce : l’instauration du passe sanitaire dans les grands centres commerciaux, pour les départements où le taux d’incidence dépasse 200 pour 100 000. La décision d’instaurer un passe sanitaire pour les centres commerciaux était jusqu’alors laissée à l’appréciation du préfet. Le Sénat s’était opposé à ce que le passe sanitaire soit imposé aux centres commerciaux. Les sénateurs jugent cette mesure attentatoire « aux libertés des personnes » en ce qu’elle touchait à l’acquisition « de biens de première nécessité, notamment alimentaires ».

« La fin des profits sur les vaccins c’est pour quand ? »

Sitôt tombées, ces annonces ont crispé quelques sénateurs. Sur Twitter, le président du groupe des écologistes, Guillaume Gontard soulève la contradiction d’un gouvernement qui a prôné ​​« tester, tracer, isoler » pour casser les chaînes de contamination avant de lever la gratuité des tests. « Sinon la fin des profits sur les vaccins c’est pour quand ? », fait aussi mine d’interroger le président du groupe écologiste au Sénat.

La campagne pour une troisième dose de vaccin vers les populations à risque a, par ailleurs, été décriée par l’OMS. L’organisme international réclame un moratoire sur la mise en place de cette troisième dose qui, inéluctablement, conduira à amplifier le déséquilibre mondial sur l’accès au vaccin. Dans les pays à revenu élevé, 104 doses ont été injectées pour 100 personnes. En revanche, dans les 29 pays aux revenus les plus faibles, seules deux doses ont été administrées pour cent personnes.

Au Sénat, ces annonces sont regardées avec circonspection. Le socialiste, Jérôme Durain, pointe la difficulté à critiquer l’action du gouvernement même pour « les républicains très conscients de l’importance de la lutte contre l’épidémie ». L’urgence de convaincre les réfractaires à la vaccination et la montée des protestations obligent à rester mesuré, selon lui.

Son groupe, opposé au passe sanitaire, plaide en revanche pour la vaccination obligatoire de tous les majeurs. Une mesure de santé publique jugée moins attentatoire aux libertés publiques puisque moins susceptible de créer des discriminations.

Antivax : « Il faut se garder de toute arrogance »

Lors de sa prise de parole en amont du conseil sanitaire, Emmanuel Macron a réaffirmé son choix d’imposer le passe sanitaire. Face aux inquiétudes des professionnels d’établissements recevant du public, le chef d’Etat a rappelé les aides injectées par l’Etat au plus fort de la crise. Avec un ton que ses opposants jugent dur, cassant voire méprisant, Emmanuel Macron a fustigé « la violence radicale » des antivax. Un mouvement, selon lui, composé de « quelques dizaines de milliers de citoyens en perte de sens telle qu’ils peuvent dire qu’on vit en dictature ».

« Je pense que c’est une très grande erreur de traiter les gens qui doutent par le mépris », prévient Jérôme Durain. Pour le sénateur PS de Saône-et-Loire, le mouvement de personnes opposées au passe sanitaire « renvoie à des fractures plus anciennes » et « il faut se garder de toute arrogance ». La sénatrice de Guadeloupe, Victoire Jasmin, pointait à ce titre « la communication méprisante et infantilisante » des pouvoirs publics et ses conséquences sur la défiance de la population (lire notre article).

Opposant au passe sanitaire, le centriste, Hervé Loïc, est affligé par l’argumentaire du chef de l’Etat. En conférence de presse, ce dernier a affirmé que « nous n’avions pas d’autres choix » que d’instaurer ce passe. « On a toujours le choix et les modalités du passe sanitaire sont parmi les plus drastiques en France », peste le sénateur.

Une réunion fin août

Lire aussi // Philosophes, élus et soignants s’unissent contre le passe sanitaire et pour une vraie politique de santé publique

Lui aurait souhaité que la vaccination se concentre sur les plus vulnérables, « aujourd’hui, on a encore trop de personnes âgées dans les services de réanimation ». Selon le sénateur, trop peu de mesures sont mises en place pour aller à la rencontre des publics les plus fragiles mais aussi les plus précaires.

Ce à qui, Henri Leroy rétorque que « les scientifiques sont les plus qualifiés pour se prononcer sur la nécessité d’une 3e dose, même si bien sûr, il faut prendre en compte les inégalités entre pays dans l’accès aux doses de vaccin.»

 Loïc Hervé pointe également les paradoxes de ce passe qui est imposé dans les trains mais non dans les transports en commun où le risque de contamination est sensiblement identique. Le sénateur centriste s’inquiète par ailleurs « que ce dispositif dure dans le temps ».

Pour l’heure, ce passe sanitaire est prévu pour rester applicable jusqu’au 15 novembre prochain. Une réunion entre le Premier ministre et les groupes parlementaires est prévue fin août pour faire un point sur la situation sanitaire.

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