Ce 23 janvier, le Sénat a adopté le projet de loi de finances pour 2025. « Une satisfaction » pour son rapporteur général, le sénateur Les Républicains Jean-François Husson. Le travail n’est toutefois pas terminé : le texte doit encore aboutir à un accord entre sénateurs et députés en commission mixte paritaire.
Le gouvernement cherche à donner une touche plus sociale à son action
Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Sandra Cerqueira)
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La mécanique est maintenant bien rodée : ambiance de travail, et en même temps, détendue. Le gouvernement s’est réuni pour son troisième séminaire, dimanche à Matignon. Après une rentrée marquée par la mise en place des ordonnances réformant le Code du Travail et la présentation du budget 2018, le gouvernement cherche à resserrer les rangs et à accorder ses violons.
C’est le Premier ministre lui-même, en tenue décontractée, qui a filé la métaphore musicale à son arrivée. « Un gouvernement, c’est un orchestre : pour qu’un orchestre joue bien, il faut que chacun joue sa partition, mais aussi que chacun sache quelle partition joue l’autre ».
En d’autres termes, le gouvernement cherche à éviter le moindre couac, dans une période où l’exécutif est accusé à gauche de mener une politique « pour les riches ». Le sénateur Rachid Temal, coordinateur du PS, dénonce même ce matin un budget qui « organise la chasse aux pauvres ».
Le champ médiatique labouré
Émission politique sur France 2 le 28 septembre, entretien fleuve à Libération le 3 octobre, interview dans la matinale d’Europe 1 ce lundi : Édouard Philippe multiplie les rendez-vous médiatiques pour faire le service après vente des réformes engagées et tenter de faire taire les critiques d’une politique « de droite ». « Derrière cette idée que le budget serait déséquilibré, il y a soit de l’incompréhension, soit de la mauvaise foi », assène Édouard Philippe.
Le chef du gouvernement défend au contraire ce matin « énormément de mesures destinées à améliorer la situation des plus fragiles », citant notamment la revalorisation de certains minima sociaux (allocation adulte handicapé, minimum vieillesse), la hausse de la prime d’activité ou encore les baisses de cotisations pour les salariés du privé. D’autres parlementaires de la majorité ont eux aussi insisté sur la « vision globale » du budget 2018 ces derniers jours.
À notre micro, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent affirme qu’il ne s’agit que d’une « espèce de vernis social », un « cache-misère », destiné à masquer un « budget de profonde injustice ».
Juger les « résultats »
Car ces hausses en question sont éclipsées depuis plusieurs semaines par les sujets polémiques du moment : la réforme de l’ISF, et son manque à gagner pour l’État de plus de trois milliards d’euros, et la baisse des APL. À Bercy, Bruno Le Maire, qui demande à être jugé sur les « résultats », assume et se dit ce lundi « prêt à une évaluation des choix fiscaux » d’ici deux ans. Le dispositif comprendrait l’Insee, la direction du Trésor, la Cour des comptes, mais aussi des parlementaires.
Désireux de mettre davantage l’accent sur des mesures sociales, le gouvernement s’attelle déjà aux futurs chantiers. Au cours du séminaire, les ministres sont briefés sur le calendrier des prochaines réformes, afin d’avoir une « vision globale de l’action gouvernementale ».
Des gestes pour les étudiants
Sur la feuille de route, il y a notamment le deuxième grand chantier social du début du quinquennat : la réforme sensible de l’assurance chômage, de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Les consultations sociales doivent démarrer jeudi à l’Élysée.
Il est aussi question des étudiants. Les deux principales organisations, la Fage et l’Unef, sont reçues ce lundi à Matignon dans le cadre du « plan étudiant », en cours de préparation. Il y est notamment question de mettre en place des « contrats de réussite », mais aussi de prendre des mesures en faveur du pouvoir d’achat, notamment à travers la sécurité sociale.
L’Unef appelle d’ailleurs les étudiants à défiler ce mardi, « pour l’amélioration des conditions d’études », le même jour que la journée d’action des fonctionnaires (lire notre article). C’est la première fois en dix ans que les neuf organisations syndicales de la fonction publique affichent un front uni.
C’est ce climat social qui explique sans doute pourquoi une éventuelle réforme de la politique familiale n’est pour l’heure pas à l’agenda. La fin de l’universalité des allocations familiales est une piste politiquement risquée.