Le gouvernement défend Collomb qui parle de migrants faisant du “benchmarking”

Le gouvernement défend Collomb qui parle de migrants faisant du “benchmarking”

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a défendu jeudi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, critiqué pour avoir...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a défendu jeudi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, critiqué pour avoir dit que les migrants font du "benchmarking" en comparant les pays européens, estimant qu'il faisait référence "aux passeurs et aux filières".

Le délégué général de La République en marche Christophe Castaner est également monté au créneau, sur RMC et BFMTV, jugeant qu'"il ne faut pas prendre les migrants" et les "passeurs" "pour des imbéciles" qui ne se parleraient pas pour s'orienter vers les pays où il est le moins difficile d'obtenir des papiers.

"Je n'ai pas à commenter le terme" utilisé par Gérard Collomb, a déclaré M. Griveaux sur LCI, tout en notant que "la première nationalité qui demande le droit d'asile aujourd'hui en France" était "l'Albanie", pays qui n'est pourtant pas en "situation de guerre" ou dont "l'Etat de droit (serait) menacé".

C'est donc "beaucoup plus des passeurs et des filières qu'il s'agissait que des personnes dans le plus grand dénuement dans les camps du sud de la Libye ou en Syrie auxquelles pensait le ministre de l'Intérieur quand il s'est exprimé hier", a-t-il estimé.

M. Griveaux a dénoncé le "crime organisé", "les passeurs, les filières, les trafiquants d'êtres humains, qui eux connaissent parfaitement les législations" et le "font payer cher" aux migrants.

Christophe Castaner a lui aussi dénoncé des "filières organisées par des gens qui vont jusqu'à donner à des jeunes mineurs qu('il) voi(t) débarquer dans (sa) commune, à Forcalquier, (...) une carte, un petit mot, un plan sur l'endroit où il faut aller".

Gabriel Attal, porte-parole de LREM, s'est toutefois démarqué des propos de M. Collomb: "Moi je pense que s'il y a un benchmark qui est fait aujourd'hui par les migrants, il est assez simple: c'est mourir chez eux, ou survivre ailleurs. C'est se faire mettre en esclavage en Libye ou risquer leur vie", a-t-il déclaré sur France Inter.

"Je n'ai pas à expliquer les propos du ministre de l'Intérieur. Ce que je sais, c'est que dans la réforme qu'il a portée, pourtant, il y a des vraies mesures pour l'intégration des réfugiés", a-t-il ajouté.

- "uniformisation du droit" -

Le ministre de l'Intérieur a déclaré mercredi en commission au Sénat que "les migrants aussi font un peu de +benchmarking+ (analyse comparative, un terme de marketing, NDLR) pour regarder les législations à travers l'Europe qui sont, on va dire, les plus fragiles, et vous voyez par exemple que telle nationalité, que là encore je ne citerai pas, elle se dirige plutôt sur tel pays non pas parce qu'elle est plus francophile mais parce qu'elle juge que là, c'est plus facile".

L'entourage de Gérard Collomb a fait valoir qu'"aujourd'hui on fait du benchmarking avec les autres pays européens pour aller vers une plus grande uniformisation du droit" et qu'"en utilisant cette expression, le ministre veut alerter sur les passeurs qui connaissent les différentes législations à l'intérieur de l’Europe et profitent de failles pour faire du trafic d'êtres humains".

"On est dans un monde qui n'appartient qu'à Gérard Collomb", a critiqué sur France Inter Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations, estimant qu'il "n'a aucune excuse au regard du monde d'où il vient, des privilèges qui sont les siens, des valeurs qui étaient celles de ses engagements passés".

Avant ces propos de Gérard Collomb, la ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau avait parlé début mai de "shopping de l'asile", une expression "malheureuse", avait-elle reconnu, mais "communément utilisée par les institutions et les spécialistes européens du droit d'asile" selon elle.

Dans la même thématique

Paris: Senat Michel Barnier declaration politique generale
9min

Politique

Budget : entre les divisions du bloc central et l’absence de majorité, le 49.3 paraît inévitable

Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.

Le

Emmanuel Macron speech at Place des Cocotiers – Noumea
7min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Ne pas convoquer le Congrès est un signe d’apaisement, mais cela suscite aussi beaucoup d’interrogations »

Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.

Le

Karoutchi
2min

Politique

Tribune de sénateurs LR en soutien à Bruno Retailleau : « L’Etat de droit n’est pas immuable. Il évolue avec les lois que l’on vote », justifie Roger Karoutchi

Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».

Le

Le gouvernement défend Collomb qui parle de migrants faisant du “benchmarking”
2min

Politique

Taxation exceptionnelle sur les grandes entreprises : « Que de temps perdu », regrette la gauche du Sénat

Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».  

Le