Le logement, « une variable d’ajustement budgétaire » pour le gouvernement, dénonce la sénatrice PS Laurence Harribey

Le logement, « une variable d’ajustement budgétaire » pour le gouvernement, dénonce la sénatrice PS Laurence Harribey

Lors des questions d’actualité au gouvernement ce mercredi 8 février au Sénat, la sénatrice PS Laurence Harribey a interpellé le ministre du logement Olivier Klein sur la question du sans-abrisme, alors que fuitait ce matin un document de travail gouvernemental qui inquiète le secteur du logement social.
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Ce sont les propos du ministre du logement Olivier Klein dans les colonnes du journal Libération le 4 février, qui ont inspiré la prise de parole de la sénatrice Laurence Harribey ce mercredi 8 février. « Vous dénoncez l’outrance des associations comme Utopia 56 ou la Fondation Abbé Pierre, que vous accusez de jouer avec la misère des gens à travers des actions chocs de sensibilisation ». Un constat difficilement audible pour la sénatrice, qui a souhaité préciser que ces associations « produisent un travail de fond, chiffré et documenté et elles sont les seules à le faire ».

Dans son interpellation, la sénatrice a également déploré que le « projet d’union sacré autour du logement entre associations et gouvernement peine à faire ses preuves » et a rappelé, en porte-voix des élus locaux, la récente interpellation de plus de 20 maires de gauche dans une lettre ouverte publiée dans le JDD sur la question du mal logement en France. On y lit notamment : « Familles trouvant refuge dans des voitures, les urgences hospitalières ou des halls d’immeubles… nous ne nous résignons pas face à la détresse sociale que nous constatons chaque jour ».

Parmi les sept mesures proposées dans la lettre rédigée par les vingt élus locaux, lever les freins financiers à la production de logement social, dont le rythme de production est actuellement très en deçà des objectifs, ou encore ouvrir des centres de premier accueil répartis sur l’ensemble du territoire pour les personnes venant chercher refuge en France. « Je vous demande : quelle réponse allez-vous leur faire ? » a alors interrogé la sénatrice, ne cachant pas son impatience.

L’Etat condamné à rembourser un million d’euros au département du Puy-de-Dôme

« La question du sans-abrisme est une question qui nous préoccupe tous et sur laquelle le gouvernement agit de manière historique » a tempéré Olivier Klein. Dans sa réponse, le ministre du logement s’est au contraire félicité des 200 000 places d’hébergement ouvertes hier soir dans le pays, « un chiffre jamais atteint », tenant à rappeler les « 5,7 millions dépensés chaque soir pour héberger les plus fragiles ; et ce n’est que justice ».  À la question des moyens concrets qui seront déployés, le ministre évoque la construction de résidences sociales et l’accompagnement social des familles. « Jamais nous n’accepterons qu’une famille avec un enfant soit à la rue » a-t-il conclu.

Des mots qui contrastent avec la récente condamnation de l’Etat, appelé à rembourser plus d’un million d’euros au département du Puy-de-Dôme, qui a pris en charge 102 familles vulnérables avec enfants entre 2012 et 2016 en leur assurant un hébergement d’urgence. Le département demande à être remboursé de quelque 1 272 464 euros, somme qu’il estime avoir indûment assumée, en lieu et place de l’Etat. Une volonté obtenue après la décision rendue par le Conseil d’Etat le 22 décembre dernier.

Ce mercredi, la circulation d’un document de travail confidentiel sur les objectifs du gouvernement en matière de logement social a renforcé l’inquiétude des acteurs du secteur. Sur un papier simple, on découvre notamment la suggestion suivante de la part du cabinet d’Olivier Klein : « Une orientation pourrait être l’attention que les logements sociaux aillent aux bonnes personnes aux bons endroits ». Un tri sous-entendu qui ne passe pas face aux deux millions de personnes dans l’attente d’un logement social en France.

« Un gouvernement est mal inspiré quand il tombe dans l’insuffisance »

Les quelque 300 pages du 28e rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre ont elles aussi récemment étrillé le gouvernement sur son inaction en matière de mal logement. Un bilan politique à l’allure de « page blanche » selon l’association, à l’heure où « des milliers de personnes, notamment des enfants, sont refusées chaque soir par le 115 faute de places d’hébergement ». Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron avait été marqué par la baisse des APL et des dotations, (15 milliards d’économies en tout sur le secteur depuis 2017), mais aussi d’une production de logements insuffisante (95 000 en 2021 contre un objectif de 125 000).

« Ce que je mets en cause c’est une vision globale du logement qui n’existe pas tant que le logement sera une variable ajustement budgétaire » a renchéri Laurence Harribey, avant de conclure son propos : « Vous avez déclaré que les associations sont mal inspirées quand elles tombent dans l’outrance. J’ai la modestie et l’humilité de vous dire qu’un gouvernement est mal inspiré quand il tombe dans la suffisance ». Le groupe socialiste (SOC) compte prochainement déposer au Sénat une proposition de loi sur la question du mal logement.

 

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