Avec le traité de libre-échange en négociation avec les pays du Mercosur, les attaques de loups sont l’autre grande préoccupation des éleveurs, relayée lors de cette première journée du Salon de l’Agriculture. Ce samedi matin, Emmanuel Macron a d’ailleurs été interpellé par plusieurs éleveurs et élus locaux, qui ont demandé à être reçus à l’Élysée pour amender le nouveau plan.
« Entre le loup et l’agneau, il n’y a pas de discussion. D’ailleurs, il y a un consensus autour de la table », observe Bernard Lannes, de la Coordination rurale. Le nouveau plan loup semble faire l’unanimité contre lui, parmi les syndicats agricoles.
Ils sont notamment opposés aux nouveaux plafonds de « prélèvements », ces abattages préventifs qui devront être effectués uniquement entre septembre et décembre, et sur des territoires précis. Les zones de protection font débat, de même que les conditions d’indemnisation. Celles-ci seront soumises à la mise en place préalable de mesures de protection.
« Nous, on a une règle simple : une attaque, on peut tirer le loup. On doit pouvoir défendre son troupeau, chaque fois qu’il est attaqué », défend Christiane Lambert (FNSEA), sur notre antenne. Selon elle, le rapprochement du canidé près des grandes agglomérations doit aider à faire prendre conscience du problème.
« J’ai hâte que le loup soit dans le bois de Boulogne »
Christiane Lambert (FNSEA) : « J’ai hâte que le loup soit dans le bois de Boulogne ! »
« Aujourd’hui, le loup envahit certains départements. Il est en surveillance dans toute l’Ile-de-France ! Ça veut dire qu’il se rapproche de Paris. Moi j’ai hâte qu’il soit dans le bois de Boulogne, vraiment hâte. Pour les éleveurs qui sont dans des zones très peuplées, c’est extrêmement difficile de se protéger contre le loup », ajoute-t-elle.
Même colère du côté de la Confédération paysanne (vidéo de tête). « Le plan loup ne correspond pas du tout aux attentes des éleveurs », nous explique Marc Baudrey, éleveur de brebis dans les Vosges, et responsable de la mission prédation à la Confédération. Pour ce professionnel, il n’y a « aucune prise des fronts de colonisation » ni « aucune ambition concernant de nouveaux moyens de protection ».
Sur ses 200 brebis laitières, Marc Baudrey a perdu six bêtes dans les dernières attaques. Mais ce n’est pas tout. « Derrière, 47 brebis ont avorté. Elles n’ont pas produit, et cela me fait une perte de chiffre d’affaires de 54.000 euros ! Les pertes indirectes ne sont pas prises en compte dans le plan loup. »
« On ne demande pas l’éradication du loup »
Pour autant, l’éleveur est loin de réclamer une extermination systématique. « La Confédération paysanne est claire, on ne demande pas l’éradication du loup. On veut simplement que le loup reprenne sa place initiale, c’est-à-dire réguler des populations d’ongulés sauvages [comme le bouquetin et le chamois, NDLR] et que le loup arrête de venir sur des troupeaux domestiques »
Dans leurs revendications, les éleveurs devraient recevoir l’appui du Sénat. « Nous ne sommes pas du tout satisfaits par le plan loup », déclare sur notre plateau Sophie Primas, la présidente de la commission des Affaires économiques. La sénatrice LR se remémore notamment certains souvenirs marquants de la campagne présidentielle de 2017. « J’ai vu des grands bergers de 2 mètres pleurer devant moi car leurs troupeaux étaient abîmés », raconte-t-elle. « « On est évidemment très acteurs de la biodiversité, mais on est d’abord acteur de l’agropastoralisme ».
Une mission d’information au Sénat devrait formuler d’ici peu des recommandations sur ce sujet délicat du loup.
« Nous ne sommes pas du tout satisfaits par le plan loup », Sophie Primas (LR)