Le Maire, le techno lettré qui a porté sans succès le renouveau à droite

Le Maire, le techno lettré qui a porté sans succès le renouveau à droite

Bruno Le Maire, nommé ministre de l'Economie, a échoué malgré ses efforts à incarner le "renouveau" à droite lors de la primaire...
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Par Déborah CLAUDE

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Bruno Le Maire, nommé ministre de l'Economie, a échoué malgré ses efforts à incarner le "renouveau" à droite lors de la primaire de son camp en 2016 mais ce techno lettré n'a rien abandonné de ses grandes ambitions.

Il est le seul à droite à avoir annoncé la couleur au soir de la victoire de Macron en se disant prêt à "travailler dans une majorité de gouvernement".

A l'automne, cet ancien ministre de l'Agriculture, 48 ans, n'a finalement pas "créé la surprise", coincé entre Juppé, Sarkozy et Fillon. A la peine dans les débats télévisés, recadré par ses aînés, il finit avec un score très décevant de 2,4% derrière NKM.

Après quatre années de déplacements dans toute la France et des sondages qui l'avaient placé bien plus haut, en bannière le renouvellement de la classe politique, le quadra est abattu.

"C'est une grande leçon d'humilité", confie-t-il alors quelques jours plus tard.

Il s'engage néanmoins dans la campagne de François Fillon, dans le domaine qu'il affectionne des questions internationales et européennes, et accompagne le candidat à Berlin avant que n'éclate l'affaire des soupçons d'emplois fictifs.

Deux mois plus tard, il quitte cette campagne avec fracas au nom du "respect de la parole donnée" alors que le candidat Fillon ne se retire pas bien que mis en examen le 1er mars.

L'automne 2014 lui avait été plus profitable. Il récolte 30% en défiant Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP, et prend de l'avance chez les quadras de droite qui ronge leurs freins.

Ce brillant élève des beaux quartiers, normalien et énarque, qui a "grandi dans les couloirs des cabinets" ministériels comme il le dit lui-même, a plutôt l'allure d'un conseiller de l'ombre.

"Débarrassez-vous de votre côté bon élève. Moi, à votre place, je mettrais des bottes, une vieille parka et je ferais le tour de la France", lui avait glissé un jour de 2011 un de ses mentors, Dominique de Villepin, dont il a été directeur de cabinet à Matignon.

- "Ambition démesurée" -

Il plante un coin dans cette réputation en se faisant élire député en 2007, refusant un poste d'ambassadeur à Rome.

Dans l'Eure, où sa grand-mère a eu une maison explique-t-il, l'arrivée du Parisien n'a pas été facile. Mais, souligne Jean-Louis Debré, qui lui a donné les clés de sa circonscription, "au niveau local il a fait un sans-faute et à réussi à s'imposer. C'est un bon député, il a su prendre le tempérament de la circonscription".

A l'Agriculture, un secteur qui lui était complètement inconnu, il réussit comme ministre de Nicolas Sarkozy à se faire accepter des paysans et doit faire face en 2009 à une crise du lait particulièrement aiguë.

Bruno Le Maire convoite aussi .... Bercy.

Las, à la faveur d'un remaniement, c'est un autre quadra, François Baroin, qui l'emporte, au terme d'un affrontement féroce. C'est sa "première épreuve politique", raconte-t-il.

Depuis 2008, l'homme, qui goûte les lettres et a fait son DEA sur Proust, s'est mis à coucher sur papier les coulisses du pouvoir. Ses détracteurs disent ne pas toujours s'y retrouver. Mais son talent d'écrivain est reconnu. Publié chez Gallimard, ce passionné de musique classique a aussi écrit un roman intitulé "Musique absolue".

Il force sa nature, délaisse la cravate, remonte ses bras de chemise et tient des réunions publique façon stand up. Jean, petit blouson décontracté, photos et design étudiés, la mise en scène de sa campagne est léchée. Il s'adjoint même les conseils d'un metteur en scène de théâtre.

Il rencontre un certain succès chez ceux qui veulent voir du "sang neuf" apparaître à droite. Surnommé "BLM", le candidat est entourée d'une équipe entraînante, qui le met parfois en boîte.

Père de quatre enfants, marié à une artiste peintre, la foi en son destin semble toujours l'accompagner.

Une "ambition démesurée", grincent depuis longtemps en coulisses ses détracteurs, qui l'ont accusé d'avoir pris des positions très à droite et d'avoir utilisé de manière démagogique l'argument porteur du "renouveau".

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