« Les consultations d’aujourd’hui ne vont pas déboucher sur grand-chose. » À la sortie de sa réunion avec François Bayrou ce 2 septembre, la présidente des députés du Rassemblement nationale ne se fait aucune illusion sur le sort des entretiens que le chef du gouvernement enchaîne depuis le 1er septembre avec les chefs de partis. Une opération pour tenter de survivre au vote de confiance la semaine prochaine, qu’il a sollicité lundi dernier à la surprise générale.
Le sort de François Bayrou, qui a choisi de mettre son poste dans la balance en demandant à une majorité de députés d’approuver l’urgence de résorber avec vigueur le déficit public, est scellé pour le groupe le plus important en termes d’effectifs à l’Assemblée nationale. « Le miracle n’a pas eu lieu, évidemment que cet entretien – même si, encore une fois, il y a du respect pour la fonction de Premier ministre – ne fera pas changer le Rassemblement national d’avis », a annoncé Jordan Bardella, le président du parti, pour qui le « temps n’est plus à la discussion ».
Des propositions budgétaires « extrêmement nocives pour le pays »
Les deux dirigeants du RN ont martelé leur « désaccord total » avec « les orientations » que François Bayrou « a lui-même pris en acceptant la Premier ministre, qui sont celles menées par Emmanuel Macron depuis son élection en 2017 ». Les deux opposants estiment que dans le plan budgétaire mis sur la table à mi-juillet se trouvent des « lignes rouges », à la fois « extrêmement nocives pour le pays » et « extrêmement injustes pour les Français ». « Pour nous, la réponse est simple : nous n’avons pas confiance. Le seul moyen pour un Premier ministre d’avoir une durée de vie un peu plus longue serait de rompre avec le macronisme », a prévenu l’ancienne candidate à l’élection présidentielle. « En réalité, c’est la politique d’Emmanuel Macron qui est profondément toxique », a-t-elle ajouté.
Pour Marine Le Pen, François Bayrou « a fait le choix d’appuyer sur le siège éjectable et de faire les consultations a posteriori ». Ne voyant rien venir après le discours du 15 juillet, la députée du Pas-de-Calais avait envoyé un courrier à Matignon le 28 juillet. Face à la chute annoncée du gouvernement le 8 septembre, le RN appelle maintenant à une « dissolution ultra-rapide ». « Plus tôt on retournera aux urnes, plus tôt la France aura un budget », a prévenu le député européen Jordan Bardella.