Le MoDem, revigoré et ambitieux, fait sa rentrée dans le Morbihan
Revigoré par son alliance avec La République en marche mais aussi concurrencé par le parti présidentiel, le MoDem de François...

Le MoDem, revigoré et ambitieux, fait sa rentrée dans le Morbihan

Revigoré par son alliance avec La République en marche mais aussi concurrencé par le parti présidentiel, le MoDem de François...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

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Revigoré par son alliance avec La République en marche mais aussi concurrencé par le parti présidentiel, le MoDem de François Bayrou va affirmer son identité et ses nouvelles ambitions lors de son université de rentrée dans le Morbihan, de vendredi à dimanche.

Ce traditionnel rendez-vous du parti centriste, à Guidel, où 600 à 700 personnes sont attendues, permet aussi de mesurer le chemin parcouru et le bouleversement du paysage politique: il y a un an, à l'approche de la primaire de la droite, François Bayrou y avait tressé les louanges d'Alain Juppé. Le MoDem ne comptait alors officiellement plus qu'un député dans l'hémicycle et vivait au régime sec, en s'appuyant sur 12.000 militants.

Douze mois plus tard, le parti au logo orange a repris des couleurs, à la faveur de l'accord noué en février, au coeur de la campagne présidentielle, entre M. Bayrou et Emmanuel Macron.

Signe du rôle éminent du parti centriste, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et celui de l'Education Jean-Michel Blanquer s'exprimeront samedi dans l'enceinte du club de vacances breton.

"On est le deuxième pilier de la majorité, on a 47 parlementaires, ça compte et ça suscite de l'intérêt", souligne auprès de l'AFP Yann Wehrling, fraîchement nommé secrétaire général du parti en remplacement de Marc Fesneau, désormais président du groupe à l'Assemblée.

"On a aussi une présence au gouvernement", avec Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, et Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées.

"On a donc du poids institutionnel et ça change la donne", insiste M. Wehrling.

L'affaire des emplois présumés fictifs d'assistants parlementaires a toutefois précipité en juin le départ de François Bayrou et Marielle de Sarnez, ministres du tout premier gouvernement d'Edouard Philippe.

Proportionnelles au nombre de députés, les subventions publiques vont s'élever à "3-4 millions d'euros par an" durant la législature pour un parti "sans dette", qui touchait jusque-là "quatre fois moins", relève encore M. Wehrling.

Le MoDem peut donc voir plus grand, en réfléchissant à plusieurs axes: comment profiter de l'aubaine pour se pérenniser ? Comment se structurer efficacement sur tout le territoire ?

- Point de repère -

L'équipe de cinq salariés à temps plein va être "étoffée de manière raisonnable", "pour atteindre une quinzaine, voire une vingtaine", selon M. Wehrling, qui attend d'abord la définition d'objectifs.

Parmi eux, "être une machine à idées, en s'appuyant sur les élus locaux. On attend du MoDem d'être une plus-value de cette majorité", ajoute-t-il, en exhortant les "mouvements départementaux" à être "créatifs", en répondant aux futurs "appels à projet" lancés au niveau national.

Il s'agit aussi de préparer les prochaines échéances électorales, dont les européennes de 2019, après un renouvellement complet des instances d'ici à la fin de cette année, marquée par un congrès en décembre.

Surtout, comment démarquer son offre politique de La République en marche, forte de 390.000 adhérents et armée de 20 millions d'euros de subventions annuelles, qui a lancé d'ambitieux chantiers en chassant sur les habituelles terres centristes (question européenne, renouveau institutionnel, décentralisation...) ?

Officiellement, il n'y a pas de concurrence entre les deux alliés. LREM ou MoDem, "chacun trouvera son style particulier", affirme M. Bayrou, en rappelant toutefois "l'enracinement" et la "solidité du MoDem", qui contrastent avec la jeunesse du parti présidentiel.

"Dans ce paysage politique mouvant, on peut être un point de repère. Le plus important, c'est que notre mouvement soit un élément de sécurité pour les Français. Notre histoire garantit notre cap", assure-t-il encore à l'AFP en martelant: "identité, originalité, solidarité".

Jeudi, M. Bayrou a appelé M. Macron à "un effort de justice" sociale dans ses réformes, affirmant ainsi son autonomie de pensée.

"Nous avons une responsabilité essentielle (...) de garantir que la mise en application du projet réponde à l'attente profonde du pays. C'est une attente d'équilibre", a-t-il insisté vendredi lors de son discours d'ouverture à Guidel.

Dans le même temps, le MoDem aimerait voir levée l'épée de Damoclès que constitue l'affaire des emplois présumés fictifs d'assistants parlementaires. "On a envie que la vérité soit dite rapidement. Pour nous, il n'y a pas de sujet", évacue M. Wehrling.

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