« Nous continuons de penser que le nucléaire, qui n’émet pratiquement pas de CO2, qui est pilotable, a toute sa place dans le mix français à l’horizon 2050. C’est la position d’EDF. Il a toute sa place aux côtés des énergies renouvelables qui sont amenées à se développer et pour lesquelles, EDF veut jouer un rôle majeur et encore plus important » a fait valoir Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF en introduction de son audition par la commission des affaires économiques du Sénat.
En effet, la loi Énergie climat qui vient d’être promulguée ce week-end, prévoit la « neutralité carbone » en France à l'horizon 2050 et décale à 2035 contre 2025, la baisse de la part du nucléaire à 50 % de la production d’électricité. Sur cet objectif, Jean-Bernard Levy a loué le « programme du grand carénage du parc nucléaire existant ». « Nous y consacrons chaque année environ 4 milliards d’investissements (…) Il s’agit de prolonger la durée de vie de nos centrales nucléaires au-delà de 40 ans, certaines iront jusqu’à 50 ans et nous pensons aussi que d’autres iront jusqu’à 60 ans ».
Dimanche, sur France Inter pourtant, la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne a évoqué un autre scénario « sur lequel travaille le gouvernement, 100% renouvelables. Il est indispensable qu'EDF réfléchisse aussi à la façon dont il peut être un grand acteur dans un tel scénario » a-t-elle demandé. Avant d’ajouter : « On doit avoir tous les éléments sur la table mi-2021 » et « on a dit qu'on ne prendrait pas de décision sur de nouvelles centrales nucléaires avant la mise en service de Flamanville ».
Jean-Bernard Levy confirme qu'EDF prépare « les éléments d’une décision » sur la construction de nouvelles centrales nucléaires
Jean-Bernard Levy confirme que EDF prépare « les éléments d’une décision » sur la construction de nouvelles centrales nucléaires
« Je rappelle devant vous que c’est bien le gouvernement qui établit des scénarios de politiques énergétiques et qu’EDF s’inscrit comme un acteur de cette politique énergétique » a rappelé Jean-Bernard Levy sans oublier de préciser qu’à la demande du gouvernement et du président de la République, EDF préparait « les éléments d’une décision » qui concernait la construction de nouvelles centrales nucléaires. « Nous répondrons de la même manière si l’État nous demandait d’étudier d’autres scénarios » a-t-il ajouté.
Si un changement de stratégie de politique énergétique était en cours de la part du gouvernement, ça a, en tout cas, eu le don d’agacer Sophie Primas, la présidente LR de la commission des affaires économiques. « Sachez que le Parlement et singulièrement le Sénat a une certaine émotion, quand, à la fin d’une loi Énergie Climat, dans laquelle nous donnons des objectifs sur plusieurs dizaines d’années sur la politique énergétique de notre pays, nous apprenons au détour d’une communication sur Twitter ou sur BFMTV (c’était en fait France Inter), que finalement, on va peut-être sortir du nucléaire. C’est quand même extrêmement inquiétant ».
EPR de Flamanville : « Pour exceller dans un domaine, il faut s’exercer régulièrement »
EPR de Flamanville : « Des erreurs ont été commises » reconnait Jean-Bernard Levy
Selon un document interne révélé samedi par Le Monde, EDF évalue à au moins 7,5 milliards d'euros le coût unitaire d'éventuels nouveaux EPR, soit plus du double du prix initial du réacteur nucléaire de troisième génération de Flamanville qui a accumulé les déboires et dont la facture actuelle atteint 12,4 milliards.
Pour Jean-Bernard Levy, « le parc nucléaire français continue d’être un élément de fierté, de compétitivité, d’emplois, de décarbonation ». Mais le patron d’EDF n’a pu que reconnaître « des difficultés sur la mise en place « de l’unique réacteur de Flamanville commandé depuis 25 ans ».
La raison ? « Pour exceller dans un domaine, il faut s’exercer régulièrement (…) Ce qui s’est passé depuis 25 ans, c’est qu’on demande à la filière industrielle française de se comparer à des pays qui construisent régulièrement de nombreuses centrales nucléaires » a-t-il souligné en citant la Russie et la Chine. « Des erreurs ont été commises (…) Le chantier a démarré beaucoup trop vite alors que beaucoup de choses n’étaient pas figées. C’est aussi une certitude (…) Si nous voulons avoir un système électrique efficace basé sur le nucléaire comme ça a été demandé par le gouvernement (…) Il faut que nous puissions continuer d’exercer notre métier de constructeur de centrales nucléaire de façon régulière. Si c’est du stop and go. Ce sera beaucoup plus difficile » a-t-il développé.
Enfin Jean-Bernard Levy a rappelé qu’EDF privilégie la construction de « 6 réacteurs sur 3 sites et non pas 1 réacteur de-ci de-là ».