Le numérique opère une fracture « multidimensionnelle », pour Catherine Morin-Desailly

Le numérique opère une fracture « multidimensionnelle », pour Catherine Morin-Desailly

Un rapport d’information sur le défi numérique de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat a été rendu public, jeudi. Il y ait notamment décrit l’urgence de lutter contre la fracture numérique sociale et territoriale.
Public Sénat

Par Maud Larivière

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La révolution du numérique, tout le monde en parle. L’ère du « data » et de l’intelligence artificielle s’est installée et a progressivement imposé depuis 40 ans, au fil de ses innovations, des changements au sein de la société française.

La commission sénatoriale de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, s’est penchée sur le sujet. En est sorti un rapport d’information rendu public jeudi, sur l’importance de la formation, et sur les fractures sociales et territoriales qu’engendre la révolution numérique. De nombreux enjeux sont soulevés : le bouleversement des modèles économiques traditionnels, les défis sociaux, avec l’évolution des emplois, ou encore des défis stratégiques, et bien évidemment, les préoccupations éthiques et démocratiques.

La sénatrice de l’Union centriste, Catherine Morin-Desailly, est l’auteure du rapport. « La révolution numérique sans précédent dans l’histoire de l’humanité, bouleverse absolument tout » déclare-t-elle, avant d’indiquer que « l’internet est un nouvel espace politique et social, sur lequel il convient de réfléchir ».

L’importance de l’éducation

« Il convient de réfléchir à l’éducation et la formation de tout un chacun. Je pense qu’il y a une urgence, et il y a une prise de conscience, mais elle est insuffisante. Je crois qu’elle doit être énoncée de manière stratégique au niveau national » explique la sénatrice.

Son rapport évoque le Plan numérique pour l’éducation, initié sous François Hollande en 2015, pour permettre aux élèves de s’insérer dans le monde numérique, mais lui conteste un bilan en demi-teinte. Selon la sénatrice, « telle qu’elle est organisée actuellement, la formation continue ne permet pas non plus de répondre aux enjeux de l’intégration du numérique à l’École ». Pour y remédier, l’élue énumère quatre conditions nécessaires :

  • La pédagogie doit être placée au cœur du projet numérique
  • La formation initiale des futurs enseignants doit être revue en profondeur
  • La priorité donnée à l’équipement individuel mérite d’être réexaminée à l’aune du taux d’équipement des élèves du collège en outils numériques
  • Appuyer les choix réalisés en matière d’éducation sur les résultats de la recherche scientifique pour améliorer leur efficacité.

Le numérique opère une fracture « multidimensionnelle »

Le texte met en garde également sur la fracture territoire et sociale qu’induit la révolution numérique, qu’elle qualifie de « fracture multidimensionnelle ». Pour illustrer ce constat, le rapport n’est pas avare en chiffres : « 15 % des Français ne disposent pas d’Internet, 19 % n’ont pas d’ordinateur à domicile et 27 % d’entre eux n’ont pas de Smartphone ». Inégalité d’accès donc, et inégalité importante selon le niveau de diplôme : « Le taux de connexion à Internet varie ainsi de 54 % pour les non diplômés à 94 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur ».

Disparité également géographique. L’accès aux réseaux est décriée : « 51,2 % seulement du territoire français bénéficie du haut débit tandis que 541 communes réparties dans six régions différentes ne disposent d’aucun accès Internet ».

Pour lutter contre cette fracture sociale et géographique, le rapport préconise 36 recommandations pour « prendre en main notre destin numérique » et propose notamment de faire de « la montée en compétence numérique la grande cause nationale de 2019 ».

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