Créé en 1901, le Parti radical, qui devrait se rallier samedi à LREM pour les élections européennes, est le plus vieux parti de France, souvent pris en tenaille au gré de l'histoire politique entre la droite et la gauche.
Parti de notables, il aura fourni dix des 21 chefs de gouvernement de la IVe République, comme Edgar Faure ou Pierre Mendès France, et accueilli des grands noms de l'histoire contemporaine : Georges Clemenceau, Jean Moulin ou Edouard Herriot.
Fondé sur les valeurs de la République, de la laïcité et lié à la franc-maçonnerie, le Parti radical a cette particularité de regrouper des membres qui divergent sur les questions économiques et sociales, entre la gauche et le centre.
S'il domine la vie politique française jusqu'en 1914, il va connaître une perte d'influence à partir de la Première Guerre mondiale.
En 1936, il fait partie du Front populaire mais se retrouve majoritairement allié à la droite dans les derniers moments de la IIIe République.
Largement décimé pendant la guerre de 1939-45, car très engagé dans la Résistance, il compte encore ensuite des figures politiques de premier plan.
Pierre Mendès France, le 22 juin 1954 à Paris
AFP/Archives
La bipolarisation qui marque la Ve République mettra toutefois fin à son influence marquante. La guerre d'Algérie donne d'abord lieu à une scission: l'aile droite, en désaccord avec Mendès France, part en 1956. Mendès est exclu du parti en 1959 après s'être opposé un an avant au retour du général de Gaulle.
En 1965, le parti soutient François Mitterrand à la présidentielle, rejoignant la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (FGDS).
Avec Jean-Jacques Servan-Schreiber à sa tête en 1971, le parti se lance dans l'aventure des Réformateurs, une alliance avec une partie des centristes. Mais en 1972, entraînée par Robert Fabre, une minorité signe le programme commun de la gauche qui conduira à la victoire de François Mitterrand en 1981.
Ce choix de l'union avec les socialistes - mais surtout avec les communistes - provoque la scission de 1972, les partisans du programme commun partant créer le Mouvement des radicaux de gauche devenu ensuite Parti radical de gauche (PRG).
L'autre devient le Parti radical valoisien (PR) - du nom du siège du parti situé place de Valois, à Paris - et se rapproche de l'UDF, puis de l'UDI, pour incarner le centre droit et participer aux gouvernements issus de la majorité RPR/UDF.
En 2002, une majorité des radicaux participent à la création de l'UMP, avec laquelle l'adhésion devient commune. Mais depuis le congrès de 2007, les adhérents pouvaient choisir ou pas la double appartenance PR/UMP.
Cette année-là, Jean-Louis Borloo et André Rossinot, qui dirigeaient le PR, et leur homologue du PRG Jean-Michel Baylet, avaient déjà tenté sans succès un rapprochement de leurs deux formations.
En décembre 2017, à la faveur du "nouveau monde" qui a vu arriver Emmanuel Macron au pouvoir, dans un contexte de recomposition politique, les Radicaux parviennent à se réunifier.
Le PR quitte l'UDI et le PRG renonce à son alliance quasi-systématique avec le PS pour fonder le Mouvement radical, sous-titré "social-libéral".
L'ambition est de peser face à la majorité de La République en Marche, en apportant un soutien à géométrie variable au gouvernement tout en faisant entendre les fondamentaux du parti, à commencer par la laïcité.
Présidé par Laurent Hénart, le Mouvement radical entend par ailleurs renouer avec sa tradition d'accueil de personnalités politiques iconoclastes: après Bernard Tapie dans les années 80 et 90, devenu l'incarnation triomphante des radicaux de gauche d'alors, Jean-Louis Borloo avait surpris en rejoignant les Valoisiens dans les années 2000.
L'entreprise radicale demeure toutefois traversée par ses éternelles divisions: un an après sa réunification, le parti s'est à nouveau déchiré avec le départ de Sylvia Pinel, ex-patronne du PRG, qui entend reprendre son indépendance. Mais la majeure partie de ses troupes demeure, pour l'instant, dans la maison commune.
Les responsables du parti de droite se sont réunis ce jeudi matin. Ils ont décidé que les adhérents LR éliront leur nouveau président d’ici trois mois, alors que Bruno Retailleau défendait un calendrier plus serré, sur fond de guerre de chefs avec Laurent Wauquiez.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas se déclare en faveur de la candidature du ministre de l’Intérieur à la présidence du parti Les Républicains. Bruno Retailleau « veut porter une espérance pour la droite », et aujourd’hui au gouvernement, il en a « la légitimité », estime-t-elle.
Le ministre de l’Intérieur est officiellement candidat à la présidence des LR. Il peut compter sur « une très large adhésion majoritaire du groupe LR », selon le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Mais les soutiens de Laurent Wauquiez, comme le sénateur Laurent Duplomb, l’accusent de relancer une « dramatique guerre des chefs ». L’enjeu pour Bruno Retailleau est maintenant d’obtenir un congrès au plus vite, car « les sondages, ça va, ça vient »…
Le sénateur socialiste des Landes met en cause le manque d’expertise de l’ancien président de la République sur le terrain du droit. « Emmanuel Macron est spécialiste des erreurs institutionnelles », ajoute-t-il.