Le « Penelopegate », ou une semaine de com’ de crise parfois erratique
Une semaine après le déclenchement du "Penelopegate", la communication du candidat François Fillon pris dans la tourmente paraît...

Le « Penelopegate », ou une semaine de com’ de crise parfois erratique

Une semaine après le déclenchement du "Penelopegate", la communication du candidat François Fillon pris dans la tourmente paraît...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une semaine après le déclenchement du "Penelopegate", la communication du candidat François Fillon pris dans la tourmente paraît parfois erratique mais avec des dégâts pas forcément irréversibles, selon plusieurs experts en communication.

- RETARD A L'ALLUMAGE: A droite, peu se risquent officiellement à critiquer la communication du candidat mais pour un conseiller en communication expérimenté interrogé par l'AFP, il y a eu un "retard à l'allumage". "Normalement on passe au scanner tout ce qu'a pu faire un candidat dans sa vie politique, manifestement cela n'avait pas été fait, ce qui explique un retard à l'allumage et le côté improvisé", souligne-t-il.

Personne dans l'entourage du candidat, ni dans sa famille politique, ne semblait être au courant qu'il avait embauché sa femme comme collaboratrice parlementaire. "Il aurait dû aller au JT dès le mardi soir", jour où l'information a été rendue publique, préconise ce conseiller.

"Cela a mal commencé le premier jour sur le thème du mépris et de la misogynie", les critiques portés par M. Fillon contre l'article initial du Canard enchaîné, renchérit Christian Delporte, professeur à l'université de Versailles en communication politique. M. Fillon a ensuite "repris la main sur le thème de la victimisation".

- JOUER LA CARTE DE L'EMOTION: Au JT de 20H00 de TF1 le jeudi, puis lors de son grand meeting parisien dimanche, l'ancien Premier ministre, habituellement pudique, voire secret, a multiplié les déclarations d'amour à sa femme, balayant d'un revers de main les soupçons d'emplois fictifs.

Pour Christophe Reille, conseiller en stratégie de communication, "c'est assez habile" car "il ne parle pas du fond et renvoie cela à la justice". "Il fait résonner la fibre de sa famille politique: la famille, l'honneur..." estime-t-il, ce qui permet de créer "une petite catharsis". "L'idée de montrer aussi que s'il n'y va pas, il n'y a personne pour le remplacer, c'est pas mal", ajoute-t-il à propos de la détermination affichée de M. Fillon d'aller au bout de sa candidature.

Mais, tempère Christophe Delporte, "c'est fort, mais combien temps cela va durer?" Jouer la carte de l'émotion lui permet de "gagner du temps" mais il "ne suffit pas de dire qu'on est transparent, il faut prouver qu'on est transparent", ajoute-t-il.

- RISQUE DE "FEUILLETONNAGE": En évoquant au JT le fait que deux de ses enfants avaient été rémunérés lorsque il était sénateur, il veut "purger le truc pour éviter le feuilletonnage, car derrière il y avait +vous avez aimé Penelope, vous adorerez les enfants!+", explique M. Reille. "Là on se demande où est le contre-feu?" s'interroge M. Delporte, qui juge que "les 15 jours à venir sont capitaux" surtout si de nouvelles informations défavorables sont publiées.

- ENTOURAGE MAL A L'AISE ET IMPRECISIONS: "Dire qu'il y a une confusion entre le brut et le net", comme M. Fillon l'a dit dans une interview du JDD, "c'est une blague?" s'emporte un expert classé à gauche, qui voit du "zig-zag" dans la stratégie de communication.

Son entourage et ses équipes, pourtant composés de professionnels de la communication, sont "mal à l'aise" pour le défendre, relève M. Delporte. Depuis une semaine, il y a eu a des flottements dans l'équipe de porte-parole, pas toujours en mesure d'apporter des éléments. Et lorsque le candidat se trompe sur le fait que ses enfants n'étaient pas encore officiellement avocats quand il était sénateur, son équipe parle "d'imprécisions de langage". De même, quand il affirme qu'il n'a qu'un seul compte en banque au Crédit agricole de Sablé-sur-Sarthe, alors qu'il en a plusieurs.

"Quand on fait de la com', c'est comme un médecin pour faire une bonne thérapie, il faut bien connaître l'état du malade", souligne un conseiller alors que Fillon est un homme "secret".

La stratégie de com' est décidée par Anne Meaux, papesse de la com' parisienne à la tête de l'agence Image Sept. "Elle était au cabinet de Giscard d'Estaing pendant l'affaire des diamants, elle ne sous-estime pas Le Canard enchaîné", fait remarquer M. Reille.

Partager cet article

Dans la même thématique

Le « Penelopegate », ou une semaine de com’ de crise parfois erratique
7min

Politique

Rencontres avec les partis, votes thématiques : Lecornu tente une « méthode un peu différente » sur le budget

Après le rejet « attendu » du budget par les députés, le premier ministre a pris la parole. Espérant toujours un vote favorable au terme de la procédure, il va de nouveau s’entretenir avec les groupes politiques. Il met les difficultés rencontrées sur le compte de la « stratégie électorale » et du « cynisme » de certains « candidats à la présidentielle ».

Le

Le « Penelopegate », ou une semaine de com’ de crise parfois erratique
4min

Politique

Budget : « La suspension de la réforme des retraites doit mener à un accord des socialistes sur le budget global », prévient le député Philippe Juvin

Invité de la matinale de Public Sénat, le rapporteur général de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, Philippe Juvin, a appelé à un « compromis sur le texte global » avec les socialistes. Pour se faire, il compte bien mettre la suspension de la réforme des retraites dans la balance même s’il assure que c’est une « erreur ».

Le

Le « Penelopegate », ou une semaine de com’ de crise parfois erratique
3min

Politique

Jamy Gourmaud, « Je me considère comme un passeur, un trait d’union entre ceux qui savent et ceux qui ont envie de savoir »

Après plusieurs décennies à la télévision, le célèbre animateur de l’émission C’est pas sorcier a conquis les réseaux sociaux et rassemble désormais 4,5 millions de followers tout support confondu. Cette popularité s’explique par un talent singulier : rendre accessible l’inaccessible. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il revient sur sa soif d’apprendre et sur un métier unique en son genre.

Le