Le plafonnement des indemnités prud’homales, point sensible de la réforme du droit du travail
Le gouvernement, qui veut encadrer les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, n’a pas encore arrêté les montants du barème.

Le plafonnement des indemnités prud’homales, point sensible de la réforme du droit du travail

Le gouvernement, qui veut encadrer les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, n’a pas encore arrêté les montants du barème.
Public Sénat

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

C’est l’un des principaux points sensibles du projet de loi d’habilitation sur les ordonnances réformant le dialogue social, qui est discuté au Sénat à partir de ce lundi. Avec l’article 3 du texte, le gouvernement entend instaurer un barème obligatoire en fonction de l’ancienneté du salarié, pour les dommages et intérêts versés aux prud’hommes, dans les cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Ce serait la troisième tentative depuis les lois Macron et El Khomri du précédent quinquennat.

Les dommages et intérêts versés dans les cas de discrimination ou de harcèlement seraient en revanche exclus du plafonnement.

En fixant un plancher et un plafond, l’idée défendue est d’apporter une « sécurisation juridique » et une lisibilité à l’entreprise, mais aussi une « équité » aux salariés, expliquait la semaine dernière Muriel Pénicaud, devant la commission des Affaires sociales du Sénat :

« D’un conseil de prud’hommes à l’autre, et même d’un jugement à l’autre dans le même conseil prud’homal, on peut aller du simple au quadruple dans les dommages et intérêts qui sont choisis. »

Sur le principe, ce plafonnement obligatoire inquiète les syndicats. Philippe Martinez, le patron de la CGT, estime que cette mesure va « favoriser les licenciements à moindre coût » et que le juge « ne pourra plus statuer en fonction de la situation réelle du salarié ».

Un plafond compris entre un et trois ans de salaire

La question du montant maximal retenu, mais aussi des planchers, sera au cœur de la négociation avec les syndicats réformistes. Pour le moment, aucun chiffre officiel n’a encore été retenu, les discussions se poursuivent. « Nous sommes en train d’écouter les uns et les autres », indiquait lors de son audition au Sénat la ministre du Travail. Une fourchette a toutefois été avancée. « Ça ne sera pas un an, ça ne sera pas trois », a évoqué la ministre devant les sénateurs, le 17 juillet.

Plafonnement des indemnités prud'homales : "C'est encore en cours de discussion", indique Muriel Penicaud
00:57

Selon l’AFP, le gouvernement envisagerait de plafonner les indemnités prud’homales à un mois de salaire par année d’ancienneté, avec un maximum de 20 mois de salaire. Le barème indicatif, publié en novembre 2016 après l’adoption de la loi El Khomri, limitait à 21 mois et demi de salaires d’indemnités pour les salariés de 43 années d’ancienneté et plus.

Le gouvernement a en tout cas lâché du lest en direction de la CFDT et de FO, en annonçant qu’il augmenterait les indemnités légales de licenciement en septembre. FO a salué une « bonne chose » et indique que cette revalorisation « pourrait aller jusqu’au doublement ». Le secrétaire fédéral Michel Beaugas considère que ce geste compenserait en partie le plafonnement des indemnités prud’homales, qui pourrait être « assez bas ».

Qu’il s’agisse des indemnités légales ou des indemnités prud’homales, le patronat s’impatiente. « Il est maintenant temps de préciser les choses », avait réagi la Confédération des PME (CPME), qui s’inquiète du « flou qui entoure ces différentes annonces ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Le plafonnement des indemnités prud’homales, point sensible de la réforme du droit du travail
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le