Le préfet de police de Paris a expliqué lundi avoir estimé que le "sujet Benalla" avait été "traité" par l'Elysée dès le lendemain de la manifestation du 1er mai, lors de laquelle Alexandre Benalla a été filmé en train de frapper des manifestants.
Lors d'une audition par la commission des Lois de l'Assemblée, Michel Delpuech a jugé que des "dérives individuelles inacceptables, condamnables, sur fond de copinages malsains" étaient à l'origine de l'affaire Benalla, qui "n'est évidemment pas sans conséquences sur la préfecture de police".
Revenant sur les événements, il a affirmé avoir été mis au courant des violences commises par ce conseiller de l'Elysée par un appel d'un collaborateur du directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, au lendemain des faits.
M. Delpuech a dit avoir reçu un appel de Laurent Hottiaux, qui travaille auprès du directeur de cabinet du chef de l'Etat, le 2 mai "vers 10H15": "Il venait aux nouvelles auprès de moi sur, je cite, +l'affaire Benalla+ (...). Je ne comprends pas de quoi il parle et ma réponse est toute de surprise".
"Cet appel m'a appris l'existence de l'affaire Benalla", a-t-il ajouté.
Le préfet a raconté avoir ensuite visionné la vidéo au coeur du scandale.
"Me revient alors à ce moment-là à l'esprit un épisode de la soirée du 1er mai", a-t-il dit. Vers 20H00, à la fin de cette Fête du travail émaillée d'incidents à Paris, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb "est passé à mon bureau (...) pour saluer et remercier l'ensemble des responsables des services en salle de formation et de commandement", a poursuivi M. Delpuech.
Le préfet de police a "alors découvert avec étonnement la présence dans la salle de M. Benalla", avec qui il a eu un bref échange.
Après le visionnage de la vidéo, M. Delpuech a assuré avoir assitôt appelé le cabinet du ministère de l'Intérieur, qui lui a répondu être "déjà en liaison" avec la présidence de la République sur ce sujet.
Dès lors, "il était établi pour moi que le sujet Benalla était traité par l'autorité hiérarchique dont il dépendait", a déclaré le préfet.
Il a en outre affirmé n'avoir "jamais" été sollicité pour que M. Benalla accompagne des policiers en tant qu'"observateur" le 1er mai. Il portait ce jour-là brassard, casque et radio de police.
Ce chargé de mission à l'Elysée jouait un grand rôle dans la sécurité entourant le chef de l'Etat et était régulièrement en contact avec des responsables policiers. "M. Benalla était un interlocuteur connu", a résumé le préfet de police.
Alexandre Benalla, l'employé de LREM Vincent Crase, lui aussi filmé en train de malmener des manifestants le 1er mai, et trois hauts gradés de la préfecture de police soupçonnés d'avoir transmis à l'ex-conseiller de l'Elysée des images de vidéo-surveillance de l'incident ont été mis en examen dimanche soir.