Les députés reprennent la main cette semaine en commission sur le controversé projet de loi antiterroriste destiné à remplacer, au 1er novembre,...
Le projet de loi antiterroriste arrive à l’Assemblée, controverses en vue
Les députés reprennent la main cette semaine en commission sur le controversé projet de loi antiterroriste destiné à remplacer, au 1er novembre,...
Par Fabrice RANDOUX et Grégory DANEL
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Les députés reprennent la main cette semaine en commission sur le controversé projet de loi antiterroriste destiné à remplacer, au 1er novembre, le régime exceptionnel de l'état d'urgence en adaptant dans le droit commun certaines de ses mesures, que l'exécutif veut encore étoffer.
Devant la commission des Lois mardi après-midi, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb défendra un retour à la version initiale, restreinte en partie en juillet par le Sénat, avant que les députés n'examinent environ 300 amendements mercredi.
Le texte sera au menu de la session extraordinaire à partir du 25 septembre.
L'un des points les plus sensibles, y compris dans la majorité, est la possibilité pour le ministère de l'Intérieur d'imposer, pour une durée de trois ou six mois renouvelable, des mesures de surveillance à l'encontre d'individus soupçonnés d'avoir un lien ou une sympathie avec la mouvance terroriste.
M. Collomb veut ainsi imposer aux personnes assignées (dans un périmètre qui sera au minimum le territoire de leur commune, et non plus réduit à leur domicile comme sous l'état d'urgence) un pointage quotidien, mesure que les sénateurs avaient limitée à trois pointages hebdomadaires.
"On ne peut pas prendre le risque de perdre de vue un individu dangereux pendant trois jours", plaide le ministre, qui entend également "rétablir la mesure obligeant les personnes ciblées à fournir tous leurs numéros de téléphone et identifiants de communication électronique".
Après les révélations du Canard enchaîné, François Fillon avait lui-même demandé d'être auditionné, assurant vouloir faire la transparence dans cette affaire, dans laquelle il affirme n'avoir rien à se reprocher
AFP/Archives
Si elle défend une "loi nécessaire", l'ex-magistrate Laurence Vichniesky, au nom du MoDem, a exposé à l'AFP "un point de divergence de principe" sur ces mesures. Elle souhaite soumettre la prolongation "à l'aval d'un juge judiciaire" (au lieu du contrôle a posteriori du juge administratif), "garant de la liberté d'aller et venir".
Le ministre compte compléter son texte d'un volet radicalisation pour permettre de "muter et radier un fonctionnaire radicalisé lorsqu'il exerce des missions de souveraineté ou un métier en lien avec la sécurité". Il veut également pouvoir fermer un lieu de culte au motif des "idées" et "théories" qui y seraient diffusés, pas seulement des "écrits" ou "propos tenus".
Les Insoumis ont déposé un amendement de suppression de cet article (comme sur de nombreux autres), y voyant "le basculement vers une société du soupçon généralisé" comme plusieurs organisations, dont le syndicat de la magistrature ou le défenseur des droits Jacques Toubon, dénonçant la mise en place "d'un état d'urgence permanent".
- Contrôles d'identité renforcés -
Le rapporteur Raphaël Gauvin (REM) va en revanche dans le sens du Sénat en limitant à fin 2020 l'application de ces dispositions (le Sénat a proposé 2021), tout comme celles permettant des perquisitions et des saisies, pour pouvoir en faire l'évaluation comme promis par Emmanuel Macron.
Les députés REM défendent un texte "nécessaire, responsable, et courageux". Ils voudraient néanmoins, contre l'avis du gouvernement, que "les mesures prises dans les phases anté-judiciaire ne soient pas renouvelables indéfiniment", selon Alain Tourret, que "perturbe" une succession de textes antiterroristes qui "amoindrissent les espaces de liberté".
Les Républicains semblent sur une position plus dure que la droite sénatoriale. Par l'intermédiaire d'Eric Ciotti et de Guillaume Larrivé, soutiens de Laurent Wauquiez, ils ont déposé moults amendements pour maintenir l'état d'urgence, renforcer les pouvoirs de police administrative ou durcir les peines.
Le député LR Eric Ciotti, le 9 août 2017 à Paris
AFP/Archives
Dans sa quinzaine d'articles, le projet de loi prévoit aussi de transposer la directive européenne sur le contrôle des données des passagers aériens (PNR), et instaure un système similaire pour les transports maritimes.
La Cimade s'est par ailleurs inquiétée mardi de l'extension des possibilités de contrôle d'identité dans les zones frontalières. Cela reviendrait selon elle à les rendre possible sur "quasiment tout le territoire", au risque d'un "contrôle au faciès" à des fins de lutte contre l'immigration clandestine.
Ces contrôles peuvent actuellement avoir lieu dans une zone à moins de 20 km de la frontière terrestre et pour six heures. Le texte prévoit de les permettre pendant 12 heures et de les élargir "aux abords" de 373 gares, ports et aéroports.
Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.
« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».
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