Le PS à la peine mise sur l’écologie et le social pour redevenir audible

Le PS à la peine mise sur l’écologie et le social pour redevenir audible

Fracturé, dévitalisé depuis son élimination au premier tour de la présidentielle de 2017, le Parti socialiste, dont on oublierait presque qu'il...
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Par Nadège PULJAK

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Fracturé, dévitalisé depuis son élimination au premier tour de la présidentielle de 2017, le Parti socialiste, dont on oublierait presque qu'il a été la grande force de la gauche, mise désormais sur l'écologie et le social pour redevenir audible.

A mi-chemin du mandat d'Emmanuel Macron, le parti qui sut porter au pouvoir François Mitterrand, Lionel Jospin et François Hollande avance des idées. Olivier Faure, le Premier secrétaire a promis un discours sur la laïcité. Trois "forums de la refondation" sont également au programme pour 2020, après celui sur la ruralité, et devraient concerner "la santé ou les services publics", selon le porte-parole Pierre Jouvet.

Mais pour l'heure, le PS ne pèse guère dans le débat, même si l'actualité des retraites lui a donné l'occasion de se positionner aux côtés des syndicats et des autres partis de gauche, en pointe des mobilisations.

Les critiques les plus sévères proviennent d'anciennes figures emblématiques. "Le PS n'a repris aucune des idées que j'avais développées pendant ma campagne pour 2007" sur "la démocratie participative" ou "l'ordre juste", déplore Ségolène Royal auprès de l'AFP.

Le secrétaire général du PS Olivier Faure (C) aux côtés de ses collaborateurs le 8 janvier 2019 à Ivry-sur-Seine
Le secrétaire général du PS Olivier Faure (C) aux côtés de ses collaborateurs le 8 janvier 2019 à Ivry-sur-Seine
AFP/Archives

"La gauche, le PS en particulier, vit sur un schéma culturel et politique complètement dépassé", abonde Stéphane Le Foll, ex-ministre de l'Agriculture de François Hollande. "Il manque de têtes pensantes alors qu'il y a un travail idéologique à faire", assène l'auteur d'un récent essai intitulé "Progrès ou sobriété: quelle croissance adopter?".

- "Dynamiter le PS" -

Selon Juliette Méadel, "il faut dynamiter le PS", devenu "hermétique aux attentes de la population". Cette ex-ministre a quitté le PS en 2016 lorsque Benoît Hamon a gagné la primaire avant d'échouer à la présidentielle avec un catastrophique 6,4% des voix. Aujourd'hui, "il faut tout revoir à la lumière de l'écologie", assure la jeune femme, qui se présente à Montrouge (Hauts-de-Seine) aux municipales en "candidate libre".

François Hollande lui-même pose un diagnostic sévère sur un parti dont il fut le Premier secrétaire pendant onze ans. "Le PS s'est désuni quand on a voulu imposer une primaire à un président sortant, ce qui était absurde. Il a perdu sa culture du gouvernement quand un frondeur a gagné cette primaire. Il s'est effacé quand aux européennes (6,2% en mai, son plus mauvais score à cette élection), ils désignent une tête de liste qui n'était pas socialiste", en la personne de Raphaël Glucksmann, fondateur de Place publique.

"La crise de 2008, conjuguée à la montée des populismes, a impacté la social-démocratie, qui est en déclin partout", ajoute l'ex-président qui veut pourtant y croire: "la gauche réformiste a la capacité de relever les trois grands défis que sont les inégalités, le climat et la démocratie. A condition d'affirmer clairement ses idées et d'être incarné."

- "Nouveau paradigme" -

Ce défi, les jeunes cadres du parti veulent le relever. Il faut construire "une alliance la plus large possible, laïque, républicaine, sociale et écologiste", insiste le député Boris Vallaud.

"Après les municipales, il faudra se dépasser pour reconstruire une gauche de gouvernement. Le PS n'a aucune chance de se réimposer seul", confirme leur aîné, l'ex-député européen Henri Weber, qui souhaite, à l'instar de Bernard Cazeneuve, "faire de la question environnementale et climatique le nouveau paradigme de l'identité de gauche".

Boris Vallaud en mars 2019 à l'Assemblée nationale
Boris Vallaud en mars 2019 à l'Assemblée nationale
AFP/Archives

Sur cette question, l'ancien Premier ministre met en garde sa famille politique. "La gauche française s'égarerait en se contentant d'une simple opération de +greenwashing+", écrit-il dans une contribution au magazine Le Débat, daté de septembre-octobre.

Encore faudrait-il que la gauche ait envie de se rassembler et que les Verts, notamment, désirent faire alliance avec les socialistes. C'est loin d'être gagné. Pour l'instant, EELV préfère jouer sa partition, avec des têtes de listes dans pratiquement toutes les grandes villes de France pour les municipales, le regard rivé vers 2022.

Le récent rapprochement entre PS, les Verts et les communistes sur la privatisation d'ADP ou encore les retraites aiguise pourtant l'espoir de certains.

Il faudra "qu'on arrive à l'âge adulte et qu'on arrête de se regarder le nombril", souligne M. Faure. "Si on est capable de vaincre les réticences et les rancœurs, on peut ensemble bâtir une offre" alternative pour 2022, veut-il croire.

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