Le PS dans la tourmente : un retournement de situation à la Corbyn est-il possible ?
Avec un gain de 29 sièges, le Labour de Jeremy Corbyn a réalisé une percée signifiante aux élections législatives britanniques, alors que les Tories ont perdu 12 sièges. Pourtant, lorsque Theresa May avait annoncé la tenue d’élections anticipées dans l’espoir de renforcer sa majorité, les sondages créditaient le parti travailliste de vingt points de moins que celui des conservateurs. Le Parti socialiste français peut-il espérer dimanche des résultats moins catastrophiques que prévu ?

Le PS dans la tourmente : un retournement de situation à la Corbyn est-il possible ?

Avec un gain de 29 sièges, le Labour de Jeremy Corbyn a réalisé une percée signifiante aux élections législatives britanniques, alors que les Tories ont perdu 12 sièges. Pourtant, lorsque Theresa May avait annoncé la tenue d’élections anticipées dans l’espoir de renforcer sa majorité, les sondages créditaient le parti travailliste de vingt points de moins que celui des conservateurs. Le Parti socialiste français peut-il espérer dimanche des résultats moins catastrophiques que prévu ?
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Par Alice Bardo

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Le dernier sondage de l’institut Elabe pour BFMTV crédite le Parti socialiste de 7% des intentions de vote. Seulement deux points de plus selon celui réalisé par OpinionWay-Orpi pour les Echos et Radio classique. À deux jours du premier tour des élections législatives, la déroute du PS est annoncée, et même « certaine » selon Étienne Schweisguth, directeur de recherche CNRS au Centre d’études européennes de Sciences Po.  « Il n’y a aucun mouvement à la hausse ou à la baisse qui se dessine ces derniers jours », remarque-t-il. Et d’ajouter : « Les bons sondages qui permettent de prédire les élections sont ceux qui sont faits juste avant. L’exemple anglais en est un bon exemple. »

Au Royaume-Uni, l’écart entre le Labor et les Tories n’était plus que de trois points à la veille du scrutin des législatives, alors qu’il était de vingt points à l’annonce de la tenue d’élections anticipées par Theresa May, début avril. À ce titre, la comparaison entre Jeremy Corbyn et le Parti socialiste est donc malvenue. Pourtant, comme le PS, le leader travailliste ne partait pas favori. Il y a à peine un an, accusé de ne pas s’être assez investi pour empêcher le Brexit, il essuyait une motion de défiance des députés travaillistes. Malgré tout, il sera réélu à la tête du parti.

« C’est la nouvelle gauche de Macron qui l’a emporté »

La réélection, le Parti socialiste ne l’a pas connu à l’élection présidentielle puisque Benoît Hamon, son candidat, n’a obtenu que 6,3% au premier tour. « Manifestement c’est la nouvelle gauche de Macron qui l’a emporté », commente Étienne Schweisguth. Selon le politologue, le PS devrait subir le même sort aux législatives. « Ces élections vont être une véritable catastrophe pour le parti », assure-t-il. Et s’il admet que le score du parti de Corbyn aux élections britanniques de jeudi était « une surprise » il certifie que « le PS est en train de mourir ».

« La vraie gauche d’opposition, c’est celle de Mélenchon », estime le directeur de recherche au CNRS. D’après les derniers sondages, la France insoumise est créditée de 11% des intentions de vote, soit seulement deux points de plus que le PS. Et son leader espère d’ailleurs une victoire à l’image de celle de Jeremy Corbyn : « Il a gagné vingt ou trente sièges après qu'on l'a traité de diplodocus, de tout, ce qu'on m'a fait à moi multiplié par deux. Et les électeurs anglais lui ont donné une force et une puissance que je m'espère ce dimanche », a-t-il déclaré ce matin sur BFMTV. Mais selon le politologue, la comparaison est limitée : « Jusqu’à présent, Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi à fonder un parti qui atteindrait les scores que Corbyn a atteints. »

« Pendant plus de trente ans le PS a fait ses succès sur l’ambiguïté : une tendance anti-système, anti-capitaliste, et une tendance gauche de gouvernement. Les dirigeants avaient réussi à faire cohabiter ensemble ces deux tendances radicalement différentes, mais pour réformer la France, il fallait que Hollande aille à l’encontre de son  aile gauche et donc des frondeurs. » Dès lors, la scission du PS était actée. Son dernier passage au pouvoir a prouvé que la synthèse était impossible. 

Après avoir quitté le gouvernement socialiste, Emmanuel Macron a fait « un pari gagnant », poursuit Étienne Schweisguth : « Contrairement à Manuel Valls, il a tout de suite décidé que le changement n’aurait pas lieu à l’intérieur du PS. » L’ancien ministre de l’Économie a lancé son mouvement à l’extérieur du Parti socialiste et, quelques mois plus tard, il était élu à la tête de l’État. Une victoire qui pourrait être double si on s’en tient aux sondages, qui prédisent un raz-de-marée pour La République en Marche aux législatives (29% des intentions de vote). « Les membres du PS vont devoir réfléchir à leur avenir », conclut le politologue.

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