« C’est un rapport qui vise à préparer l’opinion pour tuer le service public ferroviaire », lance Florian Philippot. Le fameux rapport sur la SNCF a été dévoilé jeudi. C’est l’ancien président d’Air France, Jean-Cyril Spinetta, qui a diligenté cet audit sur le service ferroviaire et c’est peu de dire que ces recommandations ne sont pas passées inaperçues. La fermeture des lignes ferroviaires non rentables ou la fin du statut des cheminots pour les nouvelles embauches font partie des pistes qui ont mis le feu aux poudres (lire notre article).
« On prépare la libéralisation qui est exigée par l’Union européenne », s’emporte Florian Philippot qui dit « merci pour la ruralité qui va encore perdre des dessertes et des arrêts ». Une des mesures proposées l’inquiète tout particulièrement : « À chaque fois qu’on transforme un établissement public en société anonyme on sait que ça permet ensuite l’ouverture de capital ». Aujourd’hui la SNCF est un « EPIC, l’établissement public industriel et commercial », rappelle Florian Philippot. « Un statut qui aujourd’hui n’est plus autorisé par l’Union européenne parce qu’il apparaît comme une concurrence déloyale », explique-t-il. Sa position de partisan du Frexit achève donc de le convaincre de la nocivité de l’Union européenne.
« Là, on voit deux conceptions qui s’entrechoquent. La conception anglo-saxonne qui a imprégné Bruxelles, qui vise à mettre les notions de profitabilité, de rentabilité, d’argent roi partout », analyse Florian Philippot. L’abandon de ce service public serait un monumental gâchis, à l’entendre. « La France depuis des années et des années est toujours dans le top 5 mondial de la sécurité ferroviaire, moi je suis certain que si on appliquait le rapport Spinetta au bout de cinq, dix ans, on ne serait plus dans le top 5 », déplore-t-il. La France dispose du 3e système ferroviaire le plus performant d’Europe, selon un récent rapport. Mais la dette de la SNCF – qui devrait dépasser les 50 milliards d’euros cette année - justifie, pour certains, une refonte radicale.