Le RN face au défi du rassemblement, en France comme en Europe

Le RN face au défi du rassemblement, en France comme en Europe

Rassembler en France et en Europe: les objectifs annoncés par le RN après sa victoire dimanche aux européennes face à La...
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Par Anne RENAUT

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Rassembler en France et en Europe: les objectifs annoncés par le RN après sa victoire dimanche aux européennes face à La République en Marche se heurtent aux appareils partisans pour les municipales et aux divergences d'avec ses alliés au Parlement européen.

"Un grand mouvement pour l'alternance est né ce soir", a déclaré dimanche Marine Le Pen, dont la liste a devancé de 0,9 point celle de la majorité, en invitant "tous les patriotes d'où qu'ils viennent" à rejoindre son parti, comme l'ont fait deux anciens LR, Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, élus sur sa liste, et d'un ancien élu LFI qui avait appelé à voter RN.

Les élections municipales en 2020, puis départementales et régionales en 2021 sont "autant de marches à franchir sur la voie du redressement national", a insisté la finaliste de la présidentielle 2017.

La déroute du parti Les Républicains, qui a réalisé son score le plus bas de la Ve République (8,5%), a ouvert l'appétit chez les RN en vue des municipales.

"Nous tendons la main à ces orphelins de Républicains qui se trouvent bien seuls aujourd'hui (…) et à tous ceux qui souhaitent tourner la page du macronisme", a déclaré dimanche le sénateur Stéphane Ravier, candidat à Marseille.

Le RN apparaît aussi en position de force pour négocier localement avec son ancien allié de la présidentielle Debout la France, qui n'a réuni que 3,5% des voix.

Pour autant "il n'y aura pas d'alliances avec les partis" eux-mêmes, concède un cadre du RN, en rappelant que LR prévoit d'exclure tout militant qui s'allierait avec le RN.

L'ancien député UMP de Gironde Jean-Paul Garraud, élu à Strasbourg, s'est offusqué lundi de cette "ligne rouge tracée par d'anciens hiérarques" de LR. "Pourquoi on n'est pas fréquentable ? Pourquoi on ne peut pas faire d'alliances électorales à un moment donné dans l'intérêt de la France?", s'est demandé le nouvel eurodéputé sur SudRadio.

Le RN compte présenter un candidat dans toutes les villes de plus de 20.000 habitants, et mise sur la réélection de sa dizaine de maires sortants, dans des communes où le RN est arrivé largement en tête dimanche.

- "Acteur isolé" en Europe -

Le parti entend aussi ravir la ville de Perpignan, où le député et compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, est à nouveau candidat. Il s'est mis pour cela en retrait des instances du parti et ne se présente pas sous l'étiquette RN pour faciliter "le dialogue" et le "rassemblement".

Le RN "est pourtant un acteur isolé en France où il n'a pas de perspective d'alliances pour l'instant et peine à réunir une majorité", analyse Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS et auteur "De Le Pen à Trump : le défi populiste" (à paraître le 30 mai, université de Bruxelles).

Malgré son succès au premier tour de la présidentielle en 2017 (21,3% des voix), "peu de partis", sauf DLF, "se sont dits prêts à s'allier à Marine Le Pen", rappelle-t-il.

Le RN apparaît aussi isolé au Parlement européen, où il rêve de piloter un "super groupe" avec la Ligue italienne de son allié Matteo Salvini, qui pourrait réunir 72 eurodéputés, si le ralliement de l'AfD allemande, des Vrais Finlandais et du parti du peuple danois se confirment.

M. Aliot a affirmé lundi sur RTL que son parti était à ce sujet "en négociation, y compris avec (Nigel) Farage", grand vainqueur pro-Brexit au Royaume-uni et historiquement réticent à s'allier avec le RN.

"Pour beaucoup d'alliés potentiels, le RN est encore le prolongement du FN de Jean-Marie Le Pen", explique M. Ivaldi.

En outre, la proximité du RN avec la Russie "est un vrai clivage" avec les anciens pays communistes comme la Pologne, où le parti national-conservateur PiS exclut de collaborer avec le RN mais s'est dit "prêt à parler" avec la Ligue.

Si bien que le chercheur n'exclut pas que M. Salvini "regarde d'autres alliés potentiels" que le RN, "qui sont eux au pouvoir, afin de peser au Conseil européen".

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