Hasard du calendrier, la remise du rapport édifiant du Sénat sur le recours aux cabinets de conseil par l’État ces dernières années est intervenue le même jour que la présentation du programme d’Emmanuel Macron. Le président-candidat Emmanuel Macron n’a pas échappé à une question sur le sujet, lors de sa conférence de presse. « Je pense que le Sénat a fait un travail utile et important », a reconnu le président de la République, en réponse à une question de Politico. Il y a un an, le site d’information avait été précurseur en révélant les interventions de grands cabinets de consulting dans l’action du gouvernement, et notamment dans l’organisation logistique de la politique vaccinale.
Selon le rapport du Sénat, la facture a explosé sur quatre ans. De 2018 à 2021, les dépenses de conseil des ministères sont passées de 379 millions d’euros à 894 millions. Le mouvement s’est même accéléré de 2020 à 2021, avec une progression de 45 %. « J’assume et je pense que ce n’est pas une fatalité d’augmenter », a indiqué Emmanuel Macron. « Il y a eu une augmentation dans des phases de crise – je crois que c’est ce que décrit le Sénat – mais il y a ensuite une baisse de 15 % sur l’année qui a suivi sous ce quinquennat, ce qui montre aussi une procédure de refroidissement, de normalisation », a-t-il affirmé. Le chef de l’État fait probablement référence à l’engagement du gouvernement de réduire de 15 % en 2022 ce type de dépenses. Il est donc encore trop tôt pour juger du respect de cette promesse.
« Légitime » de faire appel aux cabinets, à condition que l’apport soit « incontestable »
Emmanuel Macron a également appelé à être « pragmatique » sur le recours aux cabinets de conseil. « Je pense qu’il est légitime pour les ministères d’avoir appel à des cabinets privés », a-t-il admis. Tout en précisant : « Il faut que ce soit un apport incontestable pour l’action de l’Etat et des services, et pas substituables évidemment à des compétences qu’on a déjà, sinon c’est de la mauvaise organisation du travail. » Ce faisant, le président de la République devrait sans doute souscrire à la recommandation du Sénat de faire un état des lieux des compétences présentes dans tous les ministères.
Autre point sur lequel le président de la Réplique insiste : « Il faut que les règles soient transparentes […] Il faut que ce soit à chaque fois contrôlé en termes de règles de passation de marchés, de rémunération. »
Dans son rapport, la commission d’enquête a demandé par exemple d’appliquer des pénalités prévues par les marchés en cas de mission qui ne donnerait pas satisfaction, mais aussi de « rationaliser » le recours aux accords-cadres, mis en place par l’Etat pour solliciter des cabinets.
Dans une optique d’internalisation des compétences, Emmanuel Macron a d’ailleurs rappelé qu’une réforme de la haute fonction publique a été menée sous son quinquennat, laquelle permettra « de former et d’attirer » des profils plus variés, dans la haute administration.