Nouvelle journée d’examen du budget 2021 au Sénat. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020, les sénateurs ont adopté en première lecture les crédits de la mission médias, livre et industries culturelles, qui s’élèvent à 606 millions d’euros, soit une « importante hausse » de 3,2 % selon la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. A ce budget s’ajoutent, dans le cadre du plan France relance, 428 millions supplémentaires sur deux ans, dont 347 dès l’an prochain, afin d’investir dans la presse, le livre, l’audiovisuel ou encore le cinéma, tous affaiblis par la crise sanitaire. Ces moyens « ne visent pas seulement à répondre aux difficultés immédiates pour aussi à préparer la reprise », a expliqué la ministre.
Les sénateurs ont également adopté le compte spécial de l’audiovisuel public, qui s’élève à 3,72 milliards d’euros. Le rapporteur de la commission des finances, Roger Karoutchi a déploré que la réforme promise en 2018 de l’audiovisuel public n’ait pas été présentée au Parlement. « On ne fait pas une réforme de l’audiovisuel public à quelques mois de l’élection présidentielle. Tout cela est reporté après 2022, c’est regrettable […] Cet abandon, de fait, de la réforme nous prive d’une réflexion sur les périmètres et les missions de service public », a-t-il présenté. Outre la gouvernance, c’est donc la réforme de son financement qui est également à l’arrêt. « 2020 aurait dû être l’année de cette réforme », a rappelé, déçue, la sénatrice Union centriste Catherine Morin-Desailly, qui présidait l’an dernier la commission de la culture.
La redevance stable, à 138 euros
L’audiovisuel public devra réaliser 70 millions d’euros d’économies en 2021, dans la lignée de la trajectoire budgétaire décidée en 2018. Roselyne Bachelot a souligné que la redevance, payée par les contribuables, était restée stable à 138 euros. Le plan de relance comporte toutefois 70 millions d’euros en faveur des sociétés de l’audiovisuel public, afin de relancer la création audiovisuelle. « Cela ne vaut pas annulation de l’effort demandé, c’est un besoin ponctuel et impérieux lié au contexte de la crise », a prévenu la ministre.
Au groupe socialiste, opposé au niveau annoncé des crédits de l’audiovisuel public, le sénateur David Assouline a accusé le gouvernement d’avoir « abandonné toute ambition » pour le service public. « Avec des amis comme ce gouvernement, l’audiovisuel public n’a pas besoin d’ennemis », s’est-il exclamé.
Un seul amendement a été adopté sur la mission médias, contre l’avis du gouvernement. Les sénateurs ont adopté un abondement de 3,5 millions d’euros sur le Fonds de soutien à l’expression radiophonique, qui a été déposé par les socialistes. Cet apport vise à soutenir les radios locales associatives, « oubliées du plan de relance », selon eux.