Le Sénat autorise la monétisation des jours de congés en cas de chômage partiel

Le Sénat autorise la monétisation des jours de congés en cas de chômage partiel

Avec l’accord du gouvernement, les sénateurs ont voté un mécanisme qui permet à un salarié au chômage partiel de monétiser ses jours de congés, ou d’en faire don à un collègue. De quoi compenser la perte de salaires. « On demande toujours aux mêmes de payer pour aider » dénonce la sénatrice Génération.s, Sophie Taillé-Polian.
François Vignal

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Parmi les multiples sujets du projet de loi « relatif à diverses dispositions liées à la crise sanitaire », surnommé plus concrètement projet de loi « gloubi boulga », les sénateurs ont abordé le chômage partiel. Depuis la crise liée au Covid-19, de nombreuses entreprises y ont recours. Dans le cadre de l’examen de ce texte, le Sénat a adopté un amendement du sénateur LR de l’Orne, Vincent Segouin, visant « à compléter les revenus des salariés dans le cadre d’un placement en activité partielle », via deux mécanismes.

Accord collectif nécessaire

« Le premier permet à l’employeur d’organiser une solidarité entre les salariés de l’entreprise » en monétisant les jours de repos ou de congés payés de ceux qui n’ont pas subi de perte de rémunération vers ceux qui ont vu leur rémunération diminuer.

« Le second, qui repose sur le volontariat, vise à permettre aux salariés qui ont subi une baisse de leur rémunération » pour cause de chômage partiel, « de compléter leurs revenus par la monétisation de jours de repos ou de congés payés », explique le sénateur LR Michel Vaspart, qui a présenté l’amendement. Ces deux mécanismes sont subordonnés à l’existence d’« un accord collectif ».

Idée « très positive »

Une idée qualifiée de « très positive » par le rapporteur LR René-Paul Savary. « Ce dispositif de fonds de solidarité pourrait être imposé par l'employeur et conditionné à un accord d’entreprise, ce qui nous paraît une garantie suffisante » estime le sénateur de la Marne.

Même avis favorable du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, l’accord « permettant aux partenaires sociaux de déterminer les conditions de mise en œuvre les mieux adaptées à l’entreprise ». La mesure se fera de plus, « dans le respect des engagements européens qui prévoient que les quatre premières semaines de congés sont prises sous forme de repos ». Marc Fesneau salue globalement « une souplesse supplémentaire apportée aux salariés ».

« Ubuesque »

« On demande toujours aux mêmes, les salariés, de payer pour aider » dénonce la sénatrice Génération.s, Sophie Taillé-Polian
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La sénatrice Génération.s, Sophie Taillé-Polian, y voit plutôt un effort de plus. « Dans cet élan de générosité, je regrette de ne pas avoir déposé un amendement qui propose que les dirigeants d’entreprises payés X Smic puissent faire un don pour aider les salariés ! Vous l’auriez tous accepté de la même manière ! » a ironisé la sénatrice du Val-de-Marne, membre du groupe PS.

« Où en sommes-nous ? On demande toujours aux mêmes de payer pour aider leurs collègues. Franchement, nous avons ri, ma collègue et moi, tellement c’est ubuesque ! » lance Sophie Taillé-Polian. Elle ajoute : « La souplesse, c’est formidable mais c’est toujours pour les mêmes. Et on incite toujours à la grande générosité des autres, c’est-à-dire des salariés. Pensons à une autre répartition des richesses ».

« À chaque fois qu’il s’agit de détériorer les conditions de travail des salariés, il y a consensus »

Quelques minutes plus tôt, les congés étaient encore évoqués, via un amendement communiste, pour abroger une disposition particulière de l’état d’urgence sanitaire. Celle-ci permet aux employeurs d’imposer unilatéralement à leurs salariés la prise de jours de congés. La sénatrice PCF Laurence Cohen évoque notamment le milieu bancaire, comme à la « Société générale » ou « BNP-Paribas, où la direction a imposé unilatéralement la prise de 10 jours avant fin mai. Cette décision brutale a été extrêmement mal vécue par ses salariés ». Ou encore Alstom, qui « a imposé de poser avant fin avril 11 jours de repos dont 5 jours de congés payés ».

Pour Laurence Cohen, « ce sont des acquis, les jours de repos, les congés payés. Il y a eu des luttes. Vous avez beau rigoler, le jour d’après, pour vous, c’est encore pire que le jour d’aujourd’hui. Car à chaque fois qu’il s’agit de détériorer les conditions de travail des salariés, il y a consensus. (…) Ceux qui trinquent, ce sont les salariés ». L’amendement du groupe communiste a été rejeté.

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